Des Caraïbes au « califat » : les combattants trinidadiens de l’État islamique
PORT-D’ESPAGNE – Joan Crawford attendait chez elle que son fils, Shane Crawford, revienne du poste de police.
C’était en octobre 2011 : plusieurs dizaines de jeunes de la nation caribéenne de Trinité-et-Tobago avaient été placés en détention dans le cadre des pouvoirs d’état d’urgence introduits par le gouvernement pour faire face à une recrudescence des crimes violents et des activités de gangs.
Mais rien ne pouvait la préparer à ce qui allait arriver.
« Puis je reçois l’appel indiquant qu’ils [la police] le retenaient pour avoir comploté d’assassiner le Premier ministre ! » Elle éclate de rire, incrédule, et frappe dans ses mains.
Une fièvre médiatique a suivi.
« Tout ce qu’ils voulaient savoir, c’était "Qui est Shane Crawford ?". Je suis allée chez ma mère, la radio était allumée et chaque station diffusait la même chose. »
Crawford a été libéré sans inculpation au bout de deux semaines. Mais quatre ans plus tard, en août 2016, il était de retour dans les journaux sous un nom différent : Abu Sa’d at-Trinidadi.
Se présentant comme un sniper pour le groupe État islamique en Syrie, il avait fait l’objet d’une interview dans le magazine du groupe, Dabiq, dans laquelle il exhortait les sympathisants à rentrer chez eux pour « attaquer les intérêts de la coalition des croisés », notamment les ambassades, les entreprises et les civils.
« Je vous le dis aussi, mes frères, vous avez aujourd’hui une occasion en or de faire quelque chose que beaucoup d’entre nous aurions souhaité pouvoir faire maintenant. Vous avez la capacité de terrifier les mécréants dans leurs propres maisons et de répandre leur sang dans les rues », a-t-il affirmé dans des propos relayés par le magazine.
Crawford est l’un des plus de cent Trinidadiens qui seraient partis en Syrie. Avec une population de seulement 1,3 million d’habitants, Trinité-et-Tobago se classe parmi les pays au plus fort taux par habitant de citoyens partis combattre pour l’État islamique.
Mais alors que le territoire de l’État islamique est en train d’imploser, le gouvernement trinidadien est désormais confronté à la possibilité de voir certains de ces citoyens partis combattre au Moyen-Orient chercher à revenir. D’autres pourraient aussi rentrer chez eux contre leur volonté. Selon des informations relayées en août, neuf Trinidadiens ont été appréhendés par les autorités turques alors qu’ils étaient en route pour rejoindre l’État islamique en Syrie et sont en attente d’expulsion.
Faris al-Rawi, procureur général de Trinité-et-Tobago, a déclaré à MEE que le gouvernement étudiait des mesures possibles introduites par d’autres pays visant à enrayer ce nombre, notamment la détention, la confiscation des documents de voyage et la déchéance de citoyenneté.
« Il y a un certain nombre de juridictions qui expérimentent ces lois : l’Australie, la Malaisie, le Canada, les États-Unis. Ces types de lois sont récents ; ce ne sont pas des lois enracinées depuis longtemps et il y a donc encore de la place pour une réflexion d’ordre judiciaire », a-t-il indiqué.
Cependant, la législation sur la déchéance de citoyenneté a suscité des controverses dans certains de ces pays. Plus tôt cette année, le Premier ministre canadien Justin Trudeau a révoqué un projet de loi présenté par l’administration précédente qui permettait de destituer les binationaux de leur citoyenneté canadienne, affirmant catégoriquement qu’« un Canadien est un Canadien est un Canadien ».
Al-Rawi a admis qu’une telle législation pouvait affecter « les droits fondamentaux consacrés » et devrait rassembler des majorités importantes dans les deux chambres du parlement de Trinité-et-Tobago.
Même à ce moment-là, a-t-il reconnu, cette législation pourrait encore être invalidée par les tribunaux si celle-ci est jugée « disproportionnée ou contraire à la constitution ».
« D’autres juridictions ont traité des questions de radicalisation de manière extrajudiciaire, ce que Trinité-et-Tobago ne souhaite pas ajouter à son arsenal »
- Faris al-Rawi, procureur général
Il a toutefois indiqué que les propositions n’iraient pas aussi loin que certaines mesures introduites dans d’autres pays, telles que les « cours secrètes » au Royaume-Uni, dans lesquelles certains éléments de preuve ne sont pas communiqués aux personnes accusées de terrorisme, ou que des centres de détention tels que le camp de Guantánamo.
« D’autres juridictions ont traité des questions de radicalisation de manière extrajudiciaire, ce que Trinité-et-Tobago ne souhaite pas ajouter à son arsenal », a-t-il affirmé.
Al-Rawi et d’autres observateurs ont également souligné que tous ceux qui sont allés en Syrie et qui souhaitent désormais retourner dans les Caraïbes ne devaient pas être traités comme une menace pour la sécurité.
« Ce que nous devrions dire aux militants, c’est que s’ils quittent le pays, il leur sera plus difficile de revenir », a indiqué à MEE Gary Griffith, ancien ministre de la Sécurité nationale.
Cependant, se référant aux épouses et aux enfants des combattants, il a ajouté : « Il y en a beaucoup qui sont revenus de Syrie et qui ne sont pas des terroristes [...] Cela ne veut pas dire que ce sont des ennemis de l’État. »
Inde orientale, Black Power et Nation of Islam
Pour découvrir pourquoi tant de jeunes musulmans ont quitté les plages de sable blanc des Caraïbes pour les champs de bataille de Syrie et d’Irak, MEE a suivi les traces de Shane Crawford à travers Trinité, la plus grande des deux îles situées juste au nord de la côte vénézuélienne et qui forment Trinité-et-Tobago.
Sa mère vit dans une maison de deux chambres bien ordonnée qu’elle loue à Cunupia, une banlieue de la ville centrale et en pleine expansion de Chaguanas.
Les mosquées surmontées d’un dôme en forme d’oignon, l’odeur de roti farci au canard au curry et les voies portant des noms tels que « Madras Road » et « Rashad Avenue » font état d’une présence manifeste de populations d’Inde orientale et musulmanes.
De nombreux habitants sont des descendants de serviteurs sous contrat amenés sur l’île par les autorités coloniales britanniques pour travailler dur sur les champs de canne plats et inondables après la libération des esclaves noirs dans les années 1830.
Ce contexte se reflète dans la diversité démographique de la nation moderne de Trinité-et-Tobago, qui a gagné son indépendance vis-à-vis du Royaume-Uni en 1962.
Selon les données de recensement, les communautés indo-trinidadienne et noire représentent environ 35 % de la population du pays. Parmi les autres groupes figurent les Chinois, les Arabes chrétiens (descendants de migrants originaires de régions de l’ancien Empire ottoman, aujourd’hui la Syrie et le Liban), les Créoles français, les Blancs, les Espagnols, les Métis et les Caraïbes, le peuple indigène de l’île.
La diversité est également reflétée dans les fêtes religieuses du pays, qui comprennent l’Aïd el-Fitr, Divali, Noël et Hosay, une version caractéristique trinidadienne de la fête sacrée musulmane de l’Achoura.
La plupart de la population se considère comme étant issue de diverses dénominations chrétiennes, tandis que les hindous représentent un peu moins de 20 % de la population. Officiellement, environ 5 % de la population est musulmane, bien que certains placent ce chiffre à 10 %.
La présence d’esclaves musulmans noirs à Trinité-et-Tobago au début des années 1800 est attestée, alors que la communauté musulmane indo-trinidadienne plus vaste existe depuis le XIXe siècle.
La communauté musulmane noire contemporaine a pris racine dans les années 1970 à la suite de l’influence des mouvements Black Power et Nation of Islam aux États-Unis. Bien que relativement récente, elle a marqué l’histoire trinidadienne.
Insurrection islamiste et guerres de gangs
En 1990, une centaine de militants armés affiliés au Jamaat al-Muslimeen (Jamaat), une organisation locale ancrée dans la communauté musulmane noire, ont pris d’assaut le parlement du pays et retenu en otage le Premier ministre et d’autres membres du gouvernement pendant six jours. Cet événement a été décrit comme la seule insurrection islamiste dans l’hémisphère occidental.
Plus récemment, les rues du centre de Trinité ont été plongées dans la violence à la suite de la guerre des gangs entre « Rasta City » et les musulmans, un long conflit qui a vu mourir de nombreux jeunes hommes.
Joan Crawford, mère célibataire, a élevé sa famille de trois garçons et trois filles dans une maison voisine. Shane était son dernier enfant. La famille fréquentait une église baptiste spirituelle, une ramification charismatique du christianisme qui associe la spiritualité traditionnelle africaine à l’enseignement chrétien.
« Je me suis mise à pleurer parce que je lui ai dit que je ne le reverrai jamais, et il m’a répondu : "Maman, nous nous verrons à Jannah [au Paradis], inchallah." »
- Joan Crawford, mère de Shane Crawford
Toutefois, le fait de grandir dans cette partie de Trinité a exposé Shane à l’islam dès son plus jeune âge. « Dans son école, il y avait un professeur musulman avec lequel il avait l’habitude de parler, a-t-elle raconté. Il a toujours été intéressé par l’islam et ce, depuis l’école. »
Elle a esquissé un sourire radieux en se souvenant du lien étroit qui les unissait.
« Nous jouions au Scrabble, mais il gagnait toujours. Il était toujours plus fort. Je lui ai dit : "Je vais faire un mot". J’ai mis "foxtrot".
« Il m’a dit : "Mais maman, ce n’est pas un mot." J’ai rétorqué : "Eh bien, c’est mon mot." Il me répondait toujours : "Maman, tu triches. Ce n’est pas un mot". Il m’en parlait toujours, jusqu’à ce jour-là. »
Comme beaucoup de jeunes enfants, Crawford aimait jouer aux jeux vidéo, comme à Mario Kart sur sa console Nintendo. Il aimait aussi les jeux de guerre.
Une copie de son CV que sa mère a montrée à MEE décrivait un étudiant brillant et un travailleur compétent. Il a été reçu dans six des matières qu’il a passées lors de ses examens finaux au lycée, ce qui lui a permis d’aller à l’université tout en travaillant dans un centre d’appels où, en l’espace de deux ans, il a reçu trois promotions.
Puis un jour, en 2005, Crawford est rentré chez lui et a dit à sa mère qu’il était devenu musulman et qu’elle devait cuisiner de la viande halal. Bien qu’appréhensive au premier abord, elle a appris à accepter la décision de son fils. Après quelques années, elle est elle-même devenue musulmane.
« Vous êtes qualifié de terroriste »
Crawford était déjà connu de la police lorsqu’il a été arrêté en 2011 après avoir été soupçonné d’être impliqué dans le complot d’assassinat : il avait été arrêté plus tôt dans l’année pour suspicion de possession d’armes, des charges qui avaient toutefois été abandonnées après trois mois passés en détention provisoire.
Une attestation de moralité de l’époque fournie par la police, à laquelle MEE a eu accès, confirme que Crawford n’avait pas de casier judiciaire.
Alors que le complot allégué faisait les gros titres à l’échelle internationale, un scepticisme généralisé régnait au niveau local. Les dirigeants musulmans réclamaient plus de preuves. Keith Rowley, l’actuel Premier ministre – qui était alors le chef de l’opposition – condamna un « opportunisme politique hystérique ».
Mais selon Joan Crawford, l’arrestation de Shane affecta la façon dont il était perçu par les autres.
« La nouvelle a été diffusée partout dans le monde. Et ce n’est pas comme si le gouvernement s’était un jour exprimé pour reconnaître son erreur : ils ne l’ont jamais fait, a-t-elle expliqué. Et après ce qui s’est passé, rappelez-vous, vous êtes qualifié de terroriste. »
Plusieurs des hommes placés en détention dans le cadre du complot présumé sont depuis partis pour la Syrie ; Joan Crawford ne sait pas toutefois si le traitement réservé à son fils a été un facteur important de son départ.
« Peut-être que cela a quelque chose à voir. Je n’en sais rien. On ne peut pas être dans la tête des gens », a-t-elle expliqué.
Au cours des deux années entre sa libération et son départ en Syrie, Shane a éprouvé de plus en plus de difficultés à trouver du travail. Outre quelques rares emplois, dans la vente de meubles notamment, il a été contraint de fermer un étal de poisson qu’il avait brièvement ouvert sur un grand axe fréquenté quand le camion de livraison tomba en panne.
Joan, portant un hijab noir descendant jusqu’à ses coudes au-dessus d’une abaya de couleur citron vert, a affirmé qu’elle n’avait aucunement imaginé que son fils allait partir, mais qu’avec le recul, il passait plus de temps avec elle.
« Ouais, il me serrait plus souvent dans ses bras. Quand il arrivait, il venait directement dans ma chambre et me serrait dans ses bras [...] Il venait se coucher dans le lit avec moi, il regardait tous les films que je regardais. »
Elle n’avait pas de nouvelles de son fils depuis quelques jours quand en décembre 2013, elle reçut un appel sur Skype. C’était Shane : il était en Syrie avec sa première femme (il avait deux femmes) et leur fils, Yusha.
« Je me suis mise à pleurer parce que je lui ai dit que je ne le reverrai jamais, et il m’a répondu : "Maman, nous nous verrons à Jannah [au Paradis]." »
Il lui a également expliqué les raisons de son départ : « Mais c’est ce que je choisis, c’est mon choix. [En Syrie,] ils violent mes sœurs et ils tuent mes sœurs et leurs enfants. »
Bien que Joan Crawford ait été malheureuse de ne pas avoir pu serrer son fils dans ses bras et lui donner le salaam (la paix) avant son départ, elle accepte la voie qu’il a prise et ne croit pas à son retour.
Mais il y a une autre partie de l’histoire de Shane Crawford que sa mère ignorait.
« Quand il est devenu musulman, je ne savais rien de ses amis », a-t-elle expliqué.
Perverti par « le cheikh Google »
Afin d’en apprendre davantage sur le cercle d’amis que Crawford entretenait, j’ai pris la route vers la région trinidadienne connue sous le nom de « Deep South » (« Sud profond »).
Ce trajet m’a fait passer devant les lueurs vives des cheminées de la plus grande raffinerie de pétrole du pays, près de San Fernando, qui a transformé ce pays en une puissance industrielle et en l’un des pays les plus riches des Amériques. J’ai ensuite tourné vers l’est en direction de Princes Town, nommée ainsi suite à la visite effectuée en ces lieux par des petits-fils de la reine Victoria au XIXe siècle.
Je m’y suis rendu pour rencontrer Umar Abdullah, un chef musulman qui connaissait Crawford et qui était impliqué dans le coup d’État tenté par le Jamaat en 1990.
Nous nous sommes assis pour discuter dans un centre commercial moderne entièrement climatisé et recouvert de carrelage en faux marbre, où il gère un stand de dawah, où les non-musulmans peuvent en apprendre plus sur l’islam.
Les brochures colorées présentées sont du même genre que celles que l’on peut voir dans le coin d’une rue principale animée de Londres ou de Birmingham, et vont de « Les droits des femmes dans l’islam : respectées, honorées, chéries » à « Brève présentation de l’islam », en passant par « L’islam n’est pas une religion de l’extrémisme ».
Vêtu d’un turban noir descendant le long de son dos et arborant une longue barbe grise retombant juste au-dessus du col de sa chemise noire et grise, Abdullah a expliqué à MEE que c’était son ancien colocataire, Fareed – lui aussi parti en Syrie –, qui l’avait présenté à Crawford.
Tous fréquentaient la mosquée Umar ibn al-Khattab à Rio Claro, une ville du sud-est de Trinité particulièrement populaire auprès des musulmans noirs « revert » à l’islam (le terme « revert » [qui signifie « retourner » en anglais] est utilisé par certains musulmans pour désigner le fait d’embrasser l’islam).
Néanmoins, Crawford, Fareed et les quatre autres membres du cercle voulaient approfondir leurs études islamiques et se sont donc tournés vers « le cheikh Google », comme Abdullah l’appelle.
Ils ont également été influencés par Abdullah el-Faisal, un prédicateur qui a été emprisonné puis expulsé du Royaume-Uni vers sa Jamaïque natale en 2007. Ses enregistrements étaient devenus extrêmement populaires à Trinité-et-Tobago dans les années 1990, mais son appel aux armes a continué de trouver un écho au fil des ans et à travers les Caraïbes.
Bien qu’Umar Abdullah, issu d’une famille musulmane d’Inde orientale, ait également été exposé à la philosophie fervente de Faisal, sa maîtrise de la loi et de la théologie islamiques l’ont quelque peu protégé de l’étroite vision du monde qu’ont développée les autres. Récemment convertis à l’islam, ils n’avaient pas reçu une telle éducation.
Âgé de 49 ans, Umar affirme que le groupe a absorbé les propos de Faisal au point de devenir exclusivistes dans leur lecture des textes islamiques. « [Les versets] qui menaient vers le djihad étaient mentionnés d’une manière qui justifiait leurs actes », a-t-il indiqué.
Les choses ont atteint un stade critique pour le groupe en février 2010, lorsqu’un fidèle fréquentant régulièrement la mosquée de Rio Claro a été abattu. Crawford et son cercle ont demandé à l’imam la permission de venger le meurtre en faisant valoir leur cause avec un dossier de versets islamiques.
L’imam a refusé, pointant du doigt leur manque de connaissance de l’islam. Après un « échange de mots désagréables », ainsi que l’a décrit Abdullah, le groupe s’est séparé de la mosquée et s’est mis à se réunir dans diverses mosquées de Port-d’Espagne et des alentours. Plus tard au cours de cette année, le même groupe a été arrêté suite au complot présumé visant à assassiner le Premier ministre. Quelques années plus tard, tous étaient en Syrie.
Pourtant, même si l’interprétation des textes de Shane Crawford a peut-être donné un prétexte religieux à son départ en Syrie, Joan Crawford et Umar Abdullah affirment tous deux qu’un ressentiment politique sous-jacent a joué un rôle crucial.
Abdullah a expliqué que pour Crawford, la communauté musulmane globale – ou oumma – « est un corps [et qu’il] faut guérir la douleur, apporter un soin et un remède ».
Évoquant la souffrance des musulmans « en Tchétchénie, en Birmanie, à Sabra et Chatila [deux camps de réfugiés palestiniens au Liban où des milices chrétiennes soutenues par l’armée israélienne ont massacré des centaines de personnes en 1982 pendant la guerre civile] », Abdullah estime que Crawford a été poussé à prendre les armes parce qu’« il n’y avait personne pour répondre à la nécessité de défendre les musulmans ».
Joan Crawford a expliqué que son fils avait toujours voulu étudier l’islam et vivre dans un pays islamique. Lorsqu’Abou Bakr al-Baghdadi, le calife autoproclamé de l’État islamique, a appelé les musulmans du monde entier à immigrer dans le territoire contrôlé par l’État islamique, Shane Crawford s’est senti obligé de répondre.
« Un de nos objectifs était de faire la hijrah – quand nous aurions été en capacité de le faire – et de rejoindre les [combattants] moudjahidines qui s’efforcent de purifier de tous les régimes apostats les terres usurpées des musulmans », a-t-il indiqué au magazine Dabiq.
« Je me tenais donc au courant des dernières actualités concernant le monde musulman et les fronts du djihad. »
L’influence durable du Jamaat
Shane Crawford est l’un des plus de 100 hommes, femmes et enfants qui auraient quitté Trinité-et-Tobago pour la Syrie. Plus de 30 sont des combattants présumés, tandis que les autres sont des membres de leur famille.
On ne sait pas exactement combien de ressortissants du pays combattent réellement pour l’État islamique. Toutefois, alors que les militants perdent chaque jour du territoire, les autorités se dépêchent de renforcer la sécurité au cas où ils essayaient de rentrer.
À l’instar de Shane Crawford, la plupart des personnes qui auraient rejoint le groupe sont des jeunes noirs « retournés » à l’islam, avec environ 70 % à 90 % d’individus correspondant à ce profil.
Pour certains, cette statistique témoigne de l’importance durable du Jamaat, dont l’affirmation décomplexée du pouvoir des musulmans noirs en 1990 a eu une influence considérable.
Son emprise est telle qu’al-Rawi, procureur général de Trinité-et-Tobago, a expliqué à MEE que « la cause du djihad est romancée par des personnes qui penchent vers l’islam tel qu’on l’a observé lors de la tentative de coup d’État de 1990 ».
Griffith, l’ancien ministre de la Sécurité nationale, a aussi indiqué que les combattants étrangers d’aujourd’hui partageaient « la même tendance idéologique » que ceux qui ont participé au coup d’État de 1990. MEE a également été informé que Shane Crawford fréquentait occasionnellement la mosquée du Jamaat.
Un jour de la fête islamique de l’Aïd al-Adha, en septembre, j’ai rendu visite au Jamaat al-Muslimeen pour comprendre si la philosophie de ce groupe influent de musulmans noirs a eu un quelconque effet sur les gens souhaitant partir pour la Syrie.
Malgré la pluie, une ambiance de fête régnait à l’intérieur du vaste complexe en béton du groupe, qui se trouve dans le quartier de St. James, à l’extrémité ouest de Port-d’Espagne.
Des enfants vêtus de polos rayés marchaient gaiement dans l’herbe gorgée d’eau ; des femmes en hijab coloré formaient de grands groupes et soulevaient doucement leur longue abaya alors qu’elles traversaient des flaques d’eau ; de jeunes hommes attisaient les flammes des nombreux mini-barbecues qui emplissaient l’air d’une fumée noire épaisse. Presque sans exception, tous étaient noirs.
J’ai été mené jusqu’à Fuad Abu Bakr, un homme grand et agile qui a dirigé le sacrifice rituel de cette année, comme le veut la tradition islamique. Il m’a rapidement salué avant de repartir pour couper une carcasse de taureau fraîche dans un t-shirt blanc imbibé de sang.
Trois moutons abandonnés à leur sort attendaient à proximité, attachés à une clôture en métal grillagée ; ils regardaient leurs bourreaux brandir les outils qui allaient bientôt causer leur perte.
J’ai discuté avec un jeune homme qui vit dans la région et qui a affirmé n’avoir commencé que récemment à pratiquer la foi. « Je passais mon temps à courir partout, à boire et à faire des histoires », a-t-il expliqué à MEE avant de faire l’éloge du Jamaat.
« Qui tuez-vous vraiment ? »
Lorsque j’ai finalement eu l’occasion de m’entretenir avec Fuad, il était à genoux dans la mosquée – une structure en béton hexagonale aérée – et expliquait la foi à quatre jeunes hommes noirs. À peine avaient-ils prononcé les quelques mots qui composent le témoignage de foi musulman, ou shahadah, qu’ils s’en sont allés. Ils étaient désormais musulmans.
Fuad, fils du chef de file du coup d’État de 1990 Yasin Abu Bakr, dirige la branche de jeunesse du mouvement. Il a expliqué que les gens allaient en Syrie et en Irak « pour combattre et défendre leurs frères musulmans ».
Sa réponse semblait indiquer qu’il s’agissait pour lui d’une bonne cause. Il a toutefois poursuivi son explication : « Quand des frères partent, pour moi, ils vont combattre une autre secte de musulmans qui vous regardent dans le viseur d’une arme fabriquée en Amérique ou en Russie – deux commerçants d’armes majeurs dans le monde. De qui servez-vous vraiment les objectifs ? Qui tuez-vous vraiment ? »
Selon lui, l’État islamique ne représente pas une menace pour le pays et les gens devraient être libres d’y aller. « Je crois que les gens doivent avoir le choix », a-t-il soutenu.
Bien qu’il ait nié que le Jamaat soit coupable d’encourager les gens à partir, il a indiqué qu’il connaissait quelques personnes qui s’étaient rendues au Moyen-Orient. Lorsque j’ai insisté pour savoir s’ils étaient membres du Jamaat, il a répondu que le groupe n’avait pas de membres et que ceux qu’il connaissait n’étaient pas présents régulièrement.
« Pour la plupart de ceux qui sont partis, nous ne savons pas qu’ils sont partis avant qu’ils le soient, a-t-il expliqué calmement. Ils ne veulent pas que quelqu’un les décourage ou les dénonce. »
L’homme de 31 ans s’est entretenu avec moi depuis son bureau climatisé. Réfléchi et calme, sa voix ne s’élevait que pour l’intonation de son accent distinctement trinidadien.
« Prendre des vies innocentes, c’est mal, peu importe qui le fait. Peu importe si c’est l’État russe, l’État américain ou l’État islamique »
- Fuad Abu Bakr
Tout au bout se trouvait un grand bureau disposé près d’un globe. Et dans un coin de la salle se tenait une bibliothèque en bois dont l’étagère du haut était remplie de tomes de l’Écriture islamique. En dessous, on pouvait voir des manuels de mathématiques, de sciences sociales et de design, donnant peut-être une indication de la philosophie socio-politico-religieuse du Jamaat.
Si Fuad s’est montré réticent à critiquer l’État islamique, il n’a pas non plus cautionné le groupe.
« Prendre des vies innocentes, c’est mal, peu importe qui le fait. Peu importe si c’est l’État russe, l’État américain ou l’État islamique », a-t-il affirmé, avant d’ajouter : « S’il y avait la justice, l’équité, l’égalité et une réduction de la pauvreté, il n’y aurait même pas ce genre de violence dans le monde. »
Le Jamaat a émergé des cendres du mouvement Black Power, une période de militantisme et de sensibilisation à la cause noire qui est née aux États-Unis avant d’atteindre Trinité en 1970. La rhétorique passionnée de Louis Farrakhan et Elijah Muhammad de Nation of Islam allait profondément influencer Yasin Abu Bakr, fondateur du Jamaat.
« Justice, changement et démocratie »
Selon Selwyn Ryan, professeur émérite en études gouvernementales à l’Université des Indes occidentales qui a écrit un livre sur le coup d’État, Abu Bakr se considérait comme un « successeur du mouvement Black Power » qui « cherchait à rallier aussi bien les Noirs que les musulmans ». Bien que le Jamaat, contrairement à Nation of Islam, soit considéré comme étant issu de l’islam orthodoxe, ces deux groupes critiquent de façon similaire la politique étrangère occidentale.
« Il y a des guerres partout dans le monde, d’innombrables guerres. Et c’est quelque peu hypocrite parce que ceux qui ont combattu le plus de guerres et qui ont versé le plus de sang dans le monde disent maintenant : "Ne nous combattez pas. Si vous combattez, vous êtes des terroristes, mais si nous combattons, nous sommes des combattants de la liberté" », a argumenté Fuad.
Le Jamaat a toujours entretenu une relation compliquée avec le gouvernement. Le groupe affirme s’être vu donner le terrain pour construire son complexe tentaculaire – qui comprend deux écoles et un restaurant – dans les années 1980 par le parti politique alors au pouvoir.
Mais lorsqu’un parti d’opposition est arrivé au pouvoir, le Jamaat a été menacé d’expulsion de ce qui était alors devenu un bien immobilier de premier choix. Le sentiment d’être victimes d’un préjudice, conjugué à l’incapacité du gouvernement à lutter contre la pauvreté dans les communautés noires au milieu d’une économie défaillante, a contribué à précipiter le coup d’État.
Pourtant, le Jamaat a depuis été courtisé par les gouvernements successifs en vue de gains électoraux et même pour une médiation politique. Fuad s’est exprimé sans ambages : « Nous vivons dans un système très autoritaire. Ils prennent le rôle de colonialistes et ils ont ce genre d’attitude qui vous oblige à les supplier pour vos droits. »
Fuad n’avait que 5 ans lorsque le coup d’État a eu lieu. Nous nous sommes dirigés vers la fenêtre, où il a désigné l’endroit où sa maison se trouvait autrefois avant d’être rasée par l’armée suite à cet événement.
Les enfants du coup d’État ont toutefois apporté des contributions notables au pays. Parmi les frères et sœurs de Fuad figure un conservateur du musée national, un footballeur jouant pour l’équipe nationale et quatre médecins et dentistes. Il a ajouté qu’il a lui-même étudié le droit et les affaires à l’Université Kingston, au Royaume-Uni, tout en soulignant que le chanteur trinidadien vénéré Muhammad Muwakil a également grandi dans le complexe.
J’ai souhaité savoir si le coup d’État avait pour but d’imposer un État islamique dans le pays et si cela aurait pu servir d’inspiration pour Shane Crawford et les autres combattants.
Fuad a expliqué qu’il conservait « une fierté pour les actes » de son père, mais a nié le fait que le Jamaat essayait de donner naissance à un État islamique. Il a décrit son père comme un « nationaliste » et souligné qu’il avait demandé à ce que des élections aient lieu sous 30 jours.
« La justice, le changement et la démocratie, qui sont présents dans l’islam, ont dirigé le coup d’État », a-t-il précisé.
Il a ajouté que le Jamaat s’était régulièrement engagé dans le processus politique par le biais d’un lobbying et de protestations, tout en fondant son propre parti, le New National Vision, qui a participé aux dernières élections législatives mais n’a pas encore remporté de sièges.
Shane Crawford a également fait part de son mépris pour le Jamaat, coupable selon lui de ne pas avoir cherché à transformer le pays en un État islamique. Cité par Dabiq, il s’est expliqué en ces termes : « Il y avait une faction de musulmans à Trinité qui était connue pour son "militantisme". Ses membres ont tenté de renverser le gouvernement de mécréants mais se sont rapidement rendus, avant de devenir apostats et de participer à la religion de la démocratie. »
« Une porte pour les Noirs, une autre pour les gens d’Inde orientale »
Umar Abdullah s’est souvenu que le jour du coup d’État, il avait été arrêté par la police qui avait trouvé une carte détaillée de Port-d’Espagne, des coordonnées de responsables politiques de premier plan et un kit de survie en plein air dans son sac à dos. Après trois jours de privation de sommeil, de coups et de restrictions alimentaires, il a été libéré et a quitté le Jamaat peu de temps après.
Toutefois, a-t-il expliqué, « le coup d’État a donné aux jeunes Noirs une voix et un sentiment de force et d’espoir » en raison desquels un plus grand nombre d’entre eux ont adhéré à l’islam.
Beaucoup de jeunes hommes noirs qui s’étaient convertis étaient « de jeunes frères inexpérimentés qui n’avaient pas d’emploi convenable » et qui étaient parfois entraînés vers la petite délinquance.
« Les frères fréquentaient des mosquées, mais ils estimaient que celles-ci ne s’occupaient pas de leurs besoins – des questions telles que [la façon de se comporter avec] les membres de la famille après la conversion », a expliqué Abdullah.
« Les gens d’Inde orientale évitent les musulmans africains. Si une fille tombe amoureuse d’un Africain, cela n’est certainement pas permis »
- Umar Abdullah
Beaucoup de familles noires, majoritairement chrétiennes, considéraient l’islam comme une « religion indienne », a-t-il expliqué, et des conflits familiaux suivaient souvent les conversions. « Ils ne pouvaient pas prier chez eux », a-t-il poursuivi.
Umar Abdullah, originaire d’Inde orientale, a affirmé que le racisme avait également contribué à la naissance d’un sentiment de déchéance parmi les musulmans noirs. Bien que les choses s’améliorent, il est resté courant « pour les gens d’Inde orientale d’éviter les musulmans africains. Si une fille tombe amoureuse d’un Africain, cela n’est certainement pas permis. »
Lorsqu’il vivait à Tobago, s’est-il souvenu, les mosquées avaient « une porte pour les Noirs et une autre pour les gens d’Inde orientale ».
Ces différences semblent aller jusqu’au sommet de la communauté musulmane, d’après Abdullah. Les comités des mosquées sont dominés par les gens d’Inde orientale et ne sont donc pas « représentatifs », tandis que le Jamaat ainsi qu’une autre mosquée de Rio Claro, également populaire auprès des musulmans noirs, sont « exclus des discussions avec les autres organisations musulmanes ».
Abdullah pense que cela peut avoir été un facteur influent pour les jeunes hommes comme Crawford.
« Quand ils sentent qu’ils n’ont aucun espoir, ils vont ailleurs trouver un but », a-t-il affirmé, triste.
L’ASJA, la plus grande organisation-cadre rassemblant les musulmans à Trinité-et-Tobago, a refusé à plusieurs reprises de répondre aux questions de MEE.
« Le dernier râle de la jeunesse noire »
Selon le professeur Andy Knight, un universitaire qui a mené des recherches sur l’extrémisme violent d’origine nationale à Trinité-et-Tobago, beaucoup de ceux qui sont partis pour la Syrie et l’Irak « se sentent marginalisés dans la société ».
« Certains d’entre eux ont été engagés dans des activités criminelles sur l’île. Certains ont passé beaucoup de temps en détention provisoire. Le système judiciaire de Trinité-et-Tobago est lamentablement inadéquat », a-t-il déclaré.
L’image sombre des musulmans noirs entretenue à Trinité-et-Tobago est encore plus angoissante lorsque celle-ci est observée dans le contexte des troubles touchant la communauté noire plus large.
Selon le professeur Ryan, qui est également un commentateur influent dans la presse journalistique, le racisme institutionnel et la politique gouvernementale basée sur la politique identitaire ont laissé les Noirs dans une situation désastreuse.
« Par le passé, les Noirs contrôlaient la bureaucratie et le gouvernement, les Indiens contrôlaient le commerce – cette époque est maintenant révolue », a-t-il expliqué.
Il a précisé que les Noirs éprouvaient désormais des difficultés pour entrer dans les écoles de prestige, alors qu’un nombre disproportionné de membres de la communauté languissait dans des zones appauvries et gangrenées par la criminalité. « Votre sort est défini par l’endroit où vous vivez », a-t-il ajouté.
D’après ses recherches, alors que 37,5 % des entreprises étaient détenues par des propriétaires noirs en 1992, ce chiffre est tombé à 30 % en 2000. Les facteurs sociaux jouent également un rôle : plus de 50 % des Afro-Trinidadiens grandissent dans des familles monoparentales, selon un rapport soumis au Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) en 2013.
Le professeur Ryan, qui s’est entretenu avec MEE dans sa maison située sur une colline avec une vue sur le Venezuela et la mer remplie de yachts qui sépare les deux pays, a secoué la tête, affirmant d’un ton plaintif que si cette situation n’était pas inversée, cela pourrait bien être « le dernier râle de la jeunesse noire ».
Pour le moment, toutefois, le procureur général al-Rawi voit un défi plus pressant dans le renforcement de la capacité de son pays en matière de lutte contre le terrorisme, afin de faire face à la menace potentielle représentée par les personnes qui pourraient revenir de Syrie ou celles qui pourraient tomber sous leur influence.
La nouvelle stratégie de lutte contre le terrorisme comprendrait des rencontres régulières avec des mosquées et serait « franche avec les médias », a-t-il expliqué.
« Nous discutons actuellement avec des juridictions étrangères pour mettre en place une gestion de la lutte contre le terrorisme un peu plus spécialisée qui sera en fin de compte axée sur la khutba – le sermon prononcé dans la mosquée », a-t-il déclaré.
« Nous ne réinventons pas la roue, nous faisons ce que fait le reste du monde », a-t-il ajouté.
« Un dialogue ouvert et honnête » avec les rapatriés
Andy Knight a toutefois indiqué que le gouvernement devait se montrer prudent en écartant ceux qui représentaient une véritable menace, afin de ne pas « mettre tous les musulmans dans le même sac ».
Se référant aux inquiétudes suscitées par « Prevent », la stratégie de lutte contre l’extrémisme du Royaume-Uni, qu’il qualifie de « folie », ainsi qu’à la stratégie américaine visant à contrer la violence extrémiste, Knight travaille actuellement sur un nouveau modèle de lutte contre le terrorisme pour le Canada, selon lui « fondé sur la réduction des chances de s’en prendre à un groupe ethnique ou religieux spécifique ».
« L’accent doit être mis sur la lutte contre l’extrémisme violent sous toutes ses formes, qu’il provienne de gangs, de la police, des suprémacistes blancs ou de terroristes nationaux », a-t-il soutenu.
Le Citizenship Security Programme (CST), lancé à Trinité-et-Tobago en 2007, est l’une de ces initiatives. Il s’agit d’une collaboration entre le gouvernement, des groupes communautaires et des organisations religieuses qui organisent des événements sportifs, des activités culturelles et des ateliers éducatifs dans des zones à forte criminalité aux quatre coins du pays.
Le programme, salué par le PNUD, a pourtant été récemment supprimé par le gouvernement en dépit de la montée en flèche du taux d’homicides.
Umar Abdullah, qui a dirigé une branche du programme à Tobago, pense qu’une version du programme est plus que jamais nécessaire aujourd’hui compte tenu du nombre de personnes qui sont parties pour la Syrie.
Abdullah a montré à MEE une proposition qu’il avait soumise au ministère de la Sécurité nationale, qui s’appuie sur le Citizenship Security Programme et qui, selon ses dires, est actuellement examinée par le gouvernement.
« Il est très important d’avoir un dialogue ouvert et honnête avec les rapatriés. S’il existe des raisons de croire qu’une personne a commis un crime, les autorités doivent montrer clairement qu’elles feront tout ce qui est en leur pouvoir pour engager des poursuites. Néanmoins, si un individu n’a pas commis de crime ou si celui-ci ne peut être prouvé, elles doivent faire tout leur possible pour réintégrer cette personne », a-t-il affirmé.
« Ces deux composantes sont cruciales. La ligne de fond, toutefois, est que tous les jeunes veulent vivre une vie heureuse – ils veulent atteindre les objectifs qu’ils se fixent, comme fonder une famille. Pour un gouvernement, la tâche la plus importante est de créer le cadre et les conditions qui rendent ces opportunités possibles pour tous les citoyens. »
Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.
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