Jaysh al-Islam utiliserait des alaouites encagés comme boucliers humains
Un groupe d’opposition syrien a suscité la controverse pour avoir apparemment utilisé des alaouites comme boucliers humains contre les bombardements du gouvernement syrien après les avoir enfermés dans des cages.
L’Observatoire syrien pour les droits de l’homme a déclaré à l’AFP que le Jaysh al-Islam, considéré comme le groupe rebelle le plus puissant près de la capitale, a enfermé des soldats du gouvernement et des civils alaouites qu’il tenait captifs dans des cages en métal.
Le groupe aurait ensuite placé ces cages sur des places publiques de la région de la Ghouta orientale dans une tentative visant à « empêcher les bombardements du régime », selon le directeur de l’Observatoire, Rami Abdel Rahman.
« Jaysh al-Islam a kidnappé des gens, parfois des familles entières, et utilise ces captifs comme boucliers humains », a-t-il déclaré.
Les forces du gouvernement bombardent régulièrement la zone de la Ghouta orientale, d’où les groupes rebelles tirent à la roquette sur la capitale.
Vendredi, au moins 70 personnes ont été tuées et 550 blessées dans le bombardement de Douma, une ville de la région, par le gouvernement.
Une vidéo publiée par le média d’opposition Shaam Network montre des cages d’hommes et de femmes, environ cinq personnes par cage, être transportées à l’arrière de trois camions à travers les rues ravagées par la guerre, pendant que des enfants les suivent en vélo.
S’adressant à la caméra, les hommes et les femmes encagés demandent aux forces du gouvernement d’arrêter de bombarder la Ghouta orientale.
« Vos femmes sont nos femmes. Si vous voulez tuer ma mère, vous allez les tuer aussi », dit un adolescent aux yeux sombres près d’un des camions.
Abdel Rahman a précisé que la plupart des civils avaient été kidnappés par Jaysh al-Islam il y a deux ans près d’Adra al-Ummaliyah, un quartier de la Ghouta orientale tenu par le gouvernement.
Un porte-parole de Jaysh al-Islam contacté par Middle East Eye n’était pas disponible pour commenter ces allégations.
Tant les forces gouvernementales que les groupes rebelles ont été critiqués par des organisations de défense des droits de l’homme pour des attaques aveugles contre des civils dans la guerre de Syrie, qui a fait plus de 250 000 morts depuis mars 2011.
Le leader de Jaysh al-Islam, Zahran Alloush, a été critiqué pour avoir vraisemblablement fait des commentaires sectaires à l’encontre des alaouites par le passé, les qualifiant de rafida (« ceux qui rejettent ») dans un discours de 2013.
« Les moudjahidines de Sham nettoieront la saleté des rafida et du rafidisme hors de Sham, ils la nettoieront pour toujours, si Dieu le veut, jusqu’à ce que le pays de Sham soit débarrassé de la saleté des majous qui ont combattu la religion d’Allah », proclame-t-il.
Il a toutefois semblé se rétracter plus tard, se référant aux alaouites comme « une partie du peuple syrien » dans une interview pour le site d’information américain McClatchy en mai.
« Si nous parvenons à renverser le régime, nous laisserons le peuple syrien choisir la forme d’État qu’il souhaite », avait-il affirmé alors.
« Quant à la coexistence avec les minorités, c’est le cas en Syrie depuis des centaines d’années. Nous ne cherchons ni à imposer notre pouvoir sur les minorités, ni à les opprimer. »
Traduction de l’anglais (original).
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