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L’accord sur le nucléaire iranien au sommet de l’agenda de Macron à Washington

Selon le président français en visite d’État à Washington, il n’y a pas de « plan B » pour empêcher Téhéran de se doter de la bombe atomique
Emmanuel Macron et son homologue américain Donald Trump à Washington le 23 avril (Reuters)

Le président français Emmanuel Macron a rencontré lundi son homologue américain Donald Trump dans le cadre d’une visite d’État susceptible d’être dominée par les divergences avec Washington sur des questions commerciales et l’accord nucléaire avec l’Iran.

« Nous, les États-Unis comme la France, avons une responsabilité toute particulière [...], nous sommes les garants du multilatéralisme contemporain. Nous avons beaucoup de décisions à prendre », a déclaré le président français dans une brève allocution en anglais puis en français en descendant de son avion lundi.

« Cette visite est très importante dans le contexte qui est le nôtre, avec beaucoup d’incertitudes, de troubles et parfois beaucoup de menaces », a-t-il ajouté.

En premier lieu, l’Iran. Le chef de l’État français veut convaincre son hôte de maintenir l’accord sur le nucléaire iranien, que Donald Trump envisage de rompre. Il cherchera aussi à le persuader de laisser ses troupes en Syrie et d’exempter l’UE de taxes douanières sur l’acier et l’aluminium.    

Pour préparer le terrain, Emmanuel Macron a énuméré ses arguments dimanche sur Fox News, chaîne que regarde assidûment le président américain.

« Cette visite est très importante dans le contexte qui est le nôtre, avec beaucoup d’incertitudes, de troubles et parfois beaucoup de menaces »

- Emmanuel Macron

Hors de l’accord de 2015, « il n’y a pas de plan B » pour empêcher Téhéran de se doter de la bombe atomique, a-t-il déclaré. Et sur la Syrie, si les Occidentaux se retiraient brutalement, l’Iran occuperait le terrain et le retrait attirerait de nouveaux terroristes, a-t-il plaidé.

L’accord conclu entre les six grandes puissances (États-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni et Allemagne) et Téhéran a mis un frein au programme nucléaire de l’Iran en échange d’un allègement des sanctions.

Donald Trump a posé la date du 12 mai comme ultimatum à ses alliés européens pour qu’ils s’entendent avec l’Iran afin de remédier à ce qu’il considère comme les « terribles lacunes » du texte de l’accord.

La situation en Syrie, qui a connu une escalade avec l’intervention conjointe des États-Unis, de la France et de la Grande-Bretagne suite à une attaque présumée à l’arme chimique, devrait être au menu des discussions (capture d’écran/Baladi News Network)

Macron et Trump devraient également discuter de la Syrie moins de deux semaines après que les États-Unis, la France et la Grande-Bretagne ont effectué des frappes aériennes en représailles à une attaque présumée à l’arme chimique qui a fait des dizaines de morts dans la Ghouta orientale.

Macron a déclaré la semaine dernière qu’il croyait avoir convaincu son homologue américain de maintenir les troupes américaines en Syrie, après que Trump a annoncé son désir de rapatrier rapidement ses soldats déployés dans le pays.

Un accord nucléaire « version non-US » ?

Le dirigeant français a reçu lundi deux renforts de poids sur la question iranienne. La Chine et la Russie ont annoncé qu’elles bloqueraient toute tentative de « saboter » l’accord sur le nucléaire signé en 2015 avec l’Iran et ont jugé « inacceptable » toute révision de ce texte fruit d’années d’efforts diplomatiques.

L’accord conclu par les grandes puissances avec Téhéran pour l’empêcher de se doter de l’arme atomique est « l’une des plus grandes réalisations de la diplomatie internationale ces dernières années » et « toute révision de ce document est inacceptable », a martelé le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov.

Jjuste avant son arrivée aux États-Unis, le chef de l’État français s’est entretenu avec Vladimir Poutine, qu’il rencontrera le 24 mai, pour évoquer notamment la nécessité de préserver l’accord.

De son côté, Téhéran a averti samedi que l’Iran reprendrait l’enrichissement d’uranium en cas de rupture de l’accord, première étape pour fabriquer l’arme atomique.

« L’Amérique n’aurait jamais dû craindre que l’Iran produise une bombe nucléaire, mais nous poursuivrons vigoureusement notre enrichissement d’uranium si le président Trump se retire officiellement de l’accord nucléaire », a prévenu le ministre iranien des Affaires étrangères, Javad Zarif.

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Javad Zarif (AFP)

Mais dans l’éventualité où Washington se retirerait, les autres signataires occidentaux réfléchissent déjà à la façon de maintenir l’accord dans une « version non-US », a expliqué Boris Johnson, le chef de la diplomatie britannique. Paris se refuse pour l’instant à évoquer publiquement un tel scénario.

Quelques minutes après le débarquement de Macron aux États-Unis, la Maison-Blanche a pour sa part déclaré n’avoir aucune annonce à faire sur l’accord avec l’Iran.

« Le président a été extrêmement clair sur le fait qu’il pense qu’il s’agit d’un mauvais deal, et cela n’a certainement pas changé », a déclaré la porte-parole de la Maison-Blanche, Sarah Sanders.

À LIRE : Trump et Téhéran : nous ne sommes pas en 2003 et l’Iran n’est pas l’Irak

Des réunions de travail se tiendront à la Maison-Blanche aujourd’hui et Macron s’adressera au Congrès ce mercredi, anniversaire du jour où Charles de Gaulle s’adressa à une session conjointe du Congrès en 1960.

Alors que certains autres dirigeants européens se tiennent à distance de Trump, Macron s’est efforcé de rester proche du président américain, qu’il a en janvier qualifié d’« imprévisible ».

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