L’aide de camp d’un haut-gradé turc avoue son rôle dans le coup d’État
ISTANBUL, Turquie – Un aide de camp du chef d’état-major de l’armée turque a avoué son implication dans la tentative de coup d’État de vendredi visant à renverser le président Recep Tayyip Erdoğan, ont rapporté mercredi les médias turcs.
Le lieutenant-colonel Levent Türkkan, aide de camp du général Hulusi Akar, a également admis être un membre du mouvement dirigé par Fethullah Gülen, un religieux musulman qui vit en exil auto-imposé aux États-Unis et que le gouvernement accuse d’être à l’origine du putsch.
Les aveux apparents de Türkkan surviennent quelques heures avant le Conseil national de sécurité de la Turquie censé convoquer une session extraordinaire pour tracer la voie à emprunter pour le pays après la tentative de coup d’État, qui a abouti à un grand nombre d’arrestations et de limogeages suite à son échec.
Après cette réunion devrait avoir lieu une annonce « importante » selon la promesse faite au début de la semaine par Erdoğan, qui est resté muet à ce sujet depuis, avant une réunion du cabinet.
Türkkan, qui a été arrêté à Ankara peu après le coup d’État manqué du 15 juillet, aurait reconnu son implication dans une déclaration écrite à un procureur.
Dans ses aveux, Türkkan aurait déclaré qu’il avait été informé du coup d’État le 14 juillet et qu’on lui avait dit que celui-ci serait mené à 03 h 00 (heure locale) le lendemain.
Le président, le Premier ministre, les ministres, le chef d’état-major et divers commandants seraient tous « arrêtés et discrètement pris en charge », avait-il entendu dire.
Il aurait expliqué les origines de son implication avec le mouvement Hizmet de Gülen.
« Je viens d’une famille pauvre. Mon père était un fermier très pauvre. J’ai d’abord fait la connaissance de la communauté de Fethullah Gülen au cours du collège », aurait-il écrit.
Il a raconté avoir été aidé par des personnes liées à Gülen dès 1989, quand celles-ci lui ont donné les questions à un examen d’entrée de l’école militaire avant qu’il ne passe le test.
Türkkan a également indiqué avoir commencé à espionner ses supérieurs en 2011, quand il est devenu l’aide de camp de l’ancien chef d’état-major, le général Necdet Özel.
Gülen était un ancien allié d’Erdoğan et de son parti de la Justice et du Développement (AKP). Les deux hommes sont devenus d’implacables ennemis après que de présumés partisans de Gülen au sein de la police et de la justice ont lancé une enquête pour corruption contre Erdoğan et son entourage en 2013.
Depuis le coup d’État manqué, une répression massive s’abat sur l’armée, la police et le système judiciaire. Tout le personnel médical des établissements de santé gérés par l’État ainsi que les fonctionnaires ont vu leur congé annuel annulé.
Environ 9 000 personnes, y compris des agents de police et du gouvernement, ont été licenciés et 7 500 personnes arrêtées, notamment d’importants généraux accusés d’avoir orchestré le complot.
Le ministère de l’Éducation turc a déclaré que plus de 15 000 employés de l’éducation nationale avaient été suspendus et il a été demandé à tous les doyens de démissionner mardi.
Mercredi, le Conseil de l’enseignement supérieur du pays a interdit de voyage à l’étranger tous les universitaires du pays.
Un responsable turc a indiqué que cette interdiction avait été mise en place pour prévenir le risque de fuite de présumés comploteurs dans les universités où certains sont soupçonnés d’avoir été en contact avec des sources militaires préalablement au putsch de vendredi.
Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.
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