L’armée irakienne défile dans le centre de Kirkouk alors que les forces kurdes prennent la fuite
Les forces irakiennes ont défilé avec leur drapeau dans le centre de Kirkouk ce lundi alors que des divisions parmi les groupes kurdes ont conduit des factions peshmergas à refuser de se battre.
Les forces irakiennes, comprenant notamment les Unités de mobilisation populaire menées par les chiites, ont saisi des infrastructures essentielles autour de Kirkouk, dont la base militaire K-1, l’aéroport militaire et des champs pétroliers, avant qu’un convoi des unités antiterroristes (CTS) prenne le contrôle du siège du gouvernorat dans le centre de Kirkouk dans l’après-midi sans rencontrer aucune résistance.
« Certains responsables du PUK ont participé à ce complot et trahi la nation du Kurdistan »
- Le commandement général des Peshmergas
Les forces peshmergas sur les lignes de front au sud de la ville, pour l’essentiel de l’Union patriotique du Kurdistan (PUK), faction du Gouvernement régional du Kurdistan (KRG), ont refusé de combattre et ont fui, laissant la voie libre pour les forces irakiennes.
Leur retrait a conduit le Parti démocratique du Kurdistan (KDP) du président Massoud Barzani à accuser les Peshmergas de « trahison » et à déclarer que Bagdad « payerait cher » pour ses actes. Au moins dix combattants kurdes ont été tués dans des affrontements circonscrits, selon des responsables.
« Nous sommes attristés de dire que certains responsables du PUK ont participé à ce complot et trahi la nation du Kurdistan. Ils ont déserté des points clés au profit de Hasdh al-Chaabi et des forces iraniennes conformément à des arrangements secrets négociés auparavant », a déclaré le commandement général des Peshmergas a déclaré à Middle East Eye.
Mais la perte apparente de la ville, et celle des installations pétrolières et militaires au nord, représentent un recul énorme pour les projets d’indépendance du KRG, puisqu’il perd ainsi un territoire essentiel de production pétrolière qu’il contrôlait depuis l’éviction de l’EI de la région il y a trois ans.
Bagdad et le KRG se trouvaient dans une impasse depuis le référendum sur l’indépendance kurde. Depuis, le PUK appuyait des projets de négociations avec Bagdad, sous l’égide l’ONU, en contrepartie d’une annulation des résultats du référendum, alors que le KDP refusait les pourparlers.
Des milliers de civils auraient fui Kirkouk face à l’avance irakienne pour se diriger vers Souleimaniye et Erbil. D’autres civils ont été vus en train en train d’acclamer les forces irakiennes alors qu’elles entraient dans la banlieue-Sud de Kirkouk.
« Nous partons parce que nous avons peur qu’il y ait des affrontements », rapporte Chounem Qader, 51 ans.
Traduction : « De milliers de familles kurdes fuient Kirkouk-Nord, bloquant la route. Celles auxquelles nous avons parlé disent craindre que les milices chiites entrent dans la ville »
Le Premier ministre irakien, Haïder al-Abadi, a donné des instructions pour que le drapeau irakien soit hissé à Kirkouk et sur d’autres territoires revendiqués à la fois par le gouvernement irakien et le Gouvernement régional du Kurdistan.
Abadi a déclaré que les opérations militaires étaient nécessaires pour « protéger l’unité du pays, menacé de partition » en raison du référendum.
« Nous appelons les citoyens à coopérer avec nos forces armées héroïques, déterminées à appliquer nos strictes directives pour protéger d’abord les civils, et pour imposer l’ordre et la sécurité, et pour protéger les installations et les institutions de l’État », a-t-il souligné.
Selon Patrick Osgood, ancien responsable du bureau Kurdistan à Iraqi Oil Report (média spécialisé sur l’Irak), l’attention serait maintenant focalisée sur deux champs pétroliers contrôlés par une faction du KDP, qui pourraient décider du sort de l’offensive kurde pour l’indépendance.
« Deux grands champs pétroliers un peu plus à l’ouest de Kirkouk, Bai Hassan et Avana, sont gérés et contrôlés par le KDP », explique-t-il.
« Ils contribuent à raison de 280 000 barils de pétrole par jour à la production totale du KRG, de 600 000 barils par jour. Ils sont complètement intégrés à l’économie du KRG et sans leur production, le gouvernement coulerait très rapidement. »
La coalition menée par les États-Unis contre l’EI a appelé au dialogue entre l’Irak et les autorités kurdes.
« Toutes les parties doivent restées mobilisées sur la défaite de notre ennemi commun, l’EI, en Irak », a déclaré Robert White, général commandant de la coalition.
Traduit de l'anglais (original).
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