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Le Hamas rejette l’invitation de Blair de poursuivre les négociations sur Gaza au Royaume-Uni

Le chef du bureau politique du Hamas a rejeté l’offre, qui a apparemment été faite au vu et au su du Premier ministre britannique
Le dirigeant du Hamas, Khaled Mechaal, salue la foule dans la ville de Konya au cours d’une récente visite en Turquie (AFP/HO/PM OFFICE/HAKAN GOKTEPE)

Khaled Mechaal, le chef du bureau politique du Hamas, a refusé, pour le moment, la proposition faite par Tony Blair, l’ancien envoyé spécial au Moyen-Orient pour le Quartet, d’une visite officielle à Londres pour poursuivre les négociations relatives à un cessez-le-feu de longue durée dans la bande de Gaza.

Blair et Mechaal se sont rencontrés quatre fois à Doha et la visite proposée à Londres n’a pas été abordée lors de leur dernière réunion. Cependant, cette offre était ferme et une date précise en juin a été proposée, ont confié des sources bien informées à Middle East Eye.

Blair et les officiels qui l’accompagnaient ont quitté Mechaal en clarifiant que la proposition d’une visite à Londres était une invitation officielle, dont le Premier ministre britannique David Cameron et les Américains avaient connaissance.

MEE avait mentionné les réunions en cours entre Blair et Mechaal en juin.

Un responsable israélien impliqué dans les négociations de Doha a déclaré à Haaretz qu’avant sa première rencontre avec Khaled Mechaal, Blair « s’était invité » à une réunion avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, qui avait clairement indiqué qu’il ne l’autorisait pas à transmettre des messages au Hamas. Toutefois, Benjamin Netanyahou a semble-t-il vu les négociations de Blair comme une étude de faisabilité.

D’autres responsables israéliens ont déclaré à Haaretz que Blair n’avait fait aucun progrès dans les négociations. Les idées avancées (un cessez-le-feu de cinq ans, un plan international de reconstruction de Gaza, l’ouverture d’un port à Gaza ou l’utilisation d’un port chypriote sous contrôle international) « avaient toutes déjà été avancées auparavant ».

Cette offre a divisé le Hamas, selon des sources bien informées. Certains de ses membres croyaient que la visite en elle-même aurait constitué un coup de propagande majeur pour l’organisation et aurait été le prélude au retrait du Hamas de la liste des organisations terroristes établie par l’Union européenne.

D’autres, cependant, ont fait valoir que la visite était un piège qui entraînerait le Hamas dans le processus raté d’Oslo, mettant un terme à la résistance armée à l’occupation israélienne des Territoires palestiniens en échange d’un port maritime et d’un aéroport à Gaza.

Des doutes ont aussi été formulés quant aux motivations de Blair, ses contacts personnels et professionnels au Moyen-Orient, ses liens avec les Émirats arabes unis, qui abritent l’ancien homme fort du Fatah Mohammed Dahlan, et son travail de consultant pour le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi.

Azzam Tamimi, ami personnel de Khaled Mechaal, a déclaré à Al-Risalah Net que le Hamas avait demandé un délai, souhaitant d’abord qu’une proposition de cessez-le feu soit clairement formulée. Il a expliqué que le Hamas ne souhaitait pas que ces négociations soient un prolongement du processus d’Oslo, ni une tentative de faire revivre un accord qui avait déjà échoué.

Tamimi, qui a été informé des discussions en cours, a fait valoir que la visite aurait dû être effectuée. Il a indiqué qu’il était dans l’intérêt du mouvement d’accepter l’offre, indépendamment des résultats. Selon lui, ce n’était rien de plus qu’une « exploration et une recherche de possibilités de résoudre la crise actuelle dans la bande de Gaza ».

Complications supplémentaires

Azzam Tamimi a déclaré que de toutes les parties intéressées, l’Autorité palestinienne était celle qui s’était opposée le plus vivement à ces discussions, s’estimant être la seule partie autorisée à conclure des accords internationaux sur la question palestinienne.

« Israël veut un accord qui intensifie la scission entre Gaza et la Cisjordanie, et c’est ce que Tony Blair est en train de faire », a déclaré au journal The Independent Hanan Ashrawi, députée et porte-parole de l’OLP. « Le maintien et l’intensification de la scission signifierait la fin d’un État palestinien viable et unifié. »

Au sujet de l’ancien Premier ministre britannique, elle a ajouté : « Blair est la personne la moins qualifiée pour jouer les médiateurs. Nous savons de quel côté il est depuis le début. Je ne crois pas qu’il agisse sans l’approbation du [Premier ministre israélien Benjamin] Netanyahou. Il veille aux intérêts d’Israël. »

Tamimi a ajouté que la principale impasse des discussions était le souhait de Blair que le processus aboutisse à une déclaration du Hamas reconnaissant, de manière directe ou indirecte, l’importance de revenir aux négociations de paix.

Hamas refuse de le faire, affirmant qu’il n’a rien à voir avec Oslo mais qu’il serait disposé à parvenir à un accord au sujet de la levée du siège en échange d’une trêve.

Une trêve à Gaza pourrait servir de modèle à un retrait unilatéral israélien de Cisjordanie.

Les informations relatives à l’invitation du Hamas à Londres compliqueront davantage la publication longtemps retardée du rapport de Sir John Jenkins à propos des Frères musulmans en Grande-Bretagne.

Ce rapport rejetterait l’allégation selon laquelle les Frères musulmans seraient liés à des actes terroristes en Égypte, mais ferait valoir que leur réseau d’organisations en Grande-Bretagne n’est pas favorable au bien public.

Une grande partie de cet argument reposera sur le soutien fourni au Hamas par les Frères musulmans de Grande-Bretagne, selon une source bien informée.

La révélation que Blair, au vu et au su de Cameron, a invité le chef politique du Hamas en Grande-Bretagne va compliquer les tentatives du Premier ministre britannique pour incorporer le rapport de Jenkins à une série de mesures anti-extrémistes en septembre.
 

Traduction de l’anglais (original) par VECTranslation.

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