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Le maire de Tel Aviv impute l’attaque meurtrière contre un café à l’occupation israélienne

Ron Huldai appelle Israël à montrer aux Palestiniens qu’ils veulent un accord de paix juste après que quatre personnes ont été tuées lorsque des Palestiniens armés ont ouvert le feu
Des policiers israéliens arrêtent un suspect peu après une fusillade à Tel Aviv mercredi (AFP)
Par MEE

Ce jeudi, le maire de Tel Aviv a attribué à l’occupation israélienne des territoires palestiniens l’attaque meurtrière menée par deux Palestiniens armés qui a tuée quatre Israéliens dans cette ville de la côte méditerranéenne.

Le maire travailliste Ron Huldai (71 ans) a déclaré à la radio de l’armée israélienne que l’occupation était responsable de l’attaque de mercredi soir, au cours de laquelle deux Palestiniens armés, originaires des alentours de Hébron dans le sud de la Cisjordanie, sont entrés dans un café populaire et ont ouvert le feu sur des personnes faisant la fête.

« Nous sommes sans doute le seul pays au monde, où une autre nation est sous occupation sans aucun droit civique », a-t-il déclaré. « Vous ne pouvez pas maintenir les gens dans une situation d’occupation et espérer qu’ils vont conclure que tout va bien. »

Ron Huldai a ajouté que « personne n’a le courage » de faire la paix avec les Palestiniens et il a demandé de tenter de conclure un accord lorsque les attaques se seront calmées.

« Il y a eu une occupation qui dure depuis 49 ans, dont j'ai fait partie, et dont je connais la réalité, et je sais que les dirigeants ont besoin de courage pour ne pas se contenter de parler.

« Nous devons montrer à nos voisins que nous avons véritablement l’intention de revenir à une réalité avec un État juif plus petit, avec une nette majorité juive. »

Le vice-ministre de la Défense Eli Ben-Dahan a répondu à Ron Huldai, qualifiant ses remarques d’« étranges » et « délirantes ».

« J’ai entendu le maire de Tel Aviv dire que l’"occupation" est responsable ou que c’est parce que nous n’avons pas de traité de paix avec les Palestiniens, que voilà pourquoi nous subissons le terrorisme », a déclaré Eli Ben-Dahan face au public à l’Institut d’études sur la sécurité nationale.

« Je tiens à lui rappeler que le terrorisme existait déjà ici il y a 100 ans et, en 1929, les Juifs ont été assassinés [dans un massacre à Hébron] alors qu’il n’existait pas d’État d’Israël. Il n’y avait même pas d’"occupation". »

Le café du marché Sarona à Tel Aviv est resté ouvert jeudi après-midi, alors que deux bataillons supplémentaires comprenant des centaines de soldats ont été déployés en Cisjordanie et que Yatta, la ville natale des assaillants, a été verrouillée.

Les véhicules de l’armée contrôlent les points d’entrée du village, près d’Hébron, des soldats arrêtant et fouillant tous ceux qui en sortent ou y entrent.

Les deux agresseurs ont été identifiés comme étant Mohammad Makhamrah (22 ans) et son cousin Mohammad Ahmad Makhamrah.

Les quatre victimes étaient toutes Israéliennes et ont été identifiées : Ido Ben Aryeh (42 ans), Ilana Nave (39 ans), Michael Feige (58 ans) et Mila Mishayev (32 ans).

Les deux attaquants palestiniens sont tous deux en garde à vue, et l’un d’entre eux a subi une intervention chirurgicale après avoir été abattu par la police.

Bezalel Smotrich, membre du parlement israélien, a tweeté ce jeudi qu’il « s’inquiétait » du fait que la police n’avait pas abattu les deux assaillants sur les lieux, plutôt que de les arrêter.

« Un terroriste qui s’en va nuire aux Juifs ne devrait pas s’en sortir vivant, point final », a-t-il écrit.

Un porte-parole du mouvement Hamas basé à Gaza a salué l’attaque, en disant qu’il s’agissait d’une « opération héroïque ».

Pendant ce temps, Aymen Odeh, à la tête de la liste commune israélo-palestinienne, a déclaré que l’incident était un « coup terrible pour les civils ».

« Mes pensées vont aux familles. Une attaque contre des innocents est toujours répréhensible, il ne peut y avoir aucune justification au fait de tirer sur des civils dans la rue », a-t-il déclaré.

Aymen Odeh a ajouté que l’actuel gouvernement israélien de coalition d’extrême-droite a contribué à une « aggravation de la haine et de la violence ».

D’autres membres de la liste commune d’Odeh se sont joints aux condamnations de l’attaque, mais ils ont aussi critiqué une « punition collective immorale contre les Palestiniens » de la part du gouvernement israélien en réaction à l’attaque.

« Nous rejetons les attaques contre les civils quelles qu’elles soient. Un tel acte ne fait pas avancer les droits des Palestiniens », ont déclaré Ahmed Tibi et Oussama Saadi dans une déclaration commune.

Une des premières réactions d’Israël face à l’attaque a été de révoquer des dizaines de milliers de permis d’entrée de Palestiniens.

Le COGAT, l’unité du ministère de la Défense qui gère les affaires civiles en Cisjordanie, a indiqué que 83 000 Palestiniens seraient concernés.

Les mesures comprenaient le gel des permis pour 204 proches de l’un des agresseurs présumés.

Les deux parlementaires de la Liste commune ont jugé que la « punition collective » des Palestiniens pour les attaquants de Tel-Aviv ne résoudrait pas le problème, ajoutant que « seul le fait de mettre fin à l’occupation apportera la paix ».

La recrudescence des violences depuis octobre a causé la mort d’au moins 207 Palestiniens, 32 Israéliens, deux Américains, un Erythréen et un Soudanais.

La plupart des Palestiniens tués perpétraient des attaques au couteau, par arme à feu ou à la voiture-bélier, selon les autorités israéliennes.

D’autres ont été tués dans des affrontements avec les forces de sécurité ou par des frappes aériennes israéliennes sur la bande de Gaza.

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.

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