Guerre à Gaza : les Palestiniens fouillent les décombres à mains nues pour retrouver leurs proches
Des centaines de Palestiniens déplacés sont retournés dans leurs maisons, près de l’hôpital al-Chifa, lundi 1er avril. Après le retrait des forces israéliennes de la zone, ils y ont trouvé des corps éparpillés à l’intérieur et à l’extérieur de l’établissement.
Plus tôt dans la journée, l’armée israélienne avait mis fin à un siège de quatorze jours, laissant le plus grand complexe médical de Gaza en ruines et des quartiers entiers dévastés.
L’armée israélienne a déclaré que son offensive dévastatrice avait été un succès et a affirmé, sans fournir de preuves, que ses forces avaient tué plus de 200 combattants palestiniens et arrêté des centaines d’autres.
Mais les habitants ont raconté à Middle East Eye que le raid avait décimé une grande partie du vaste complexe de l’hôpital et des zones résidentielles avoisinantes, et que des dizaines de civils sont piégés parmi les décombres des immeubles résidentiels.
Bâtiments calcinés, monticules de terre retournés par des bulldozers, Palestiniens blessés sur des brancards : les centaines d’habitants rassemblés dans cette zone ont assisté à un spectacle de dévastation.
L’un d’eux, Ahmad Abdulwahid, a raconté à MEE qu’il avait passé une grande partie de la matinée avec ses amis à fouiller les ruines de l’immeuble de quatre étages où vivait autrefois sa famille, dans l’espoir de trouver des proches encore en vie.
Plusieurs membres de sa famille sont toujours portés disparus, y compris sa sœur et quatre de ses jeunes enfants.
Selon lui, les corps de quatre Palestiniens ont été retrouvés après une longue recherche, des fouilles à mains nues dans les décombres et à travers le métal tordu de leur maison.
Corps en décomposition
À proximité, des cadavres, certains couverts de couvertures sales, étaient éparpillés autour de la coque carbonisée de bâtiments incendiés.
Le sol était fortement labouré, et de nombreux bâtiments étaient soit aplatis, soit sur le point de tomber, soit complètement brûlés.
« Je me suis rendu au domicile de ma sœur avec un ami, mais leur maison était complètement détruite », a rapporté Ahmas Abdulwahid à MEE. « Nous avons réussi à récupérer quatre corps sur vingt-quatre. »
« Comme il n’y a pas de Défense civile ni d’outils [excavatrices], nous avons dû utiliser nos mains et des outils basiques. Ceux que nous avons réussi à sauver étaient proches de la surface. »
Depuis qu’Israël a déclaré la guerre à Gaza, son armée a ravagé une grande partie du nord de l’enclave, endommageant gravement plus de la moitié des bâtiments et de vastes étendues de quartiers entiers.
Au cours des six mois de guerre, les responsables et les médecins palestiniens ont à plusieurs reprises accusé l’armée israélienne de tenter de détruire le secteur de la santé de la bande de Gaza, qui a souvent été ciblé par des frappes aériennes et des bombardements.
Al-Chifa, le plus grand hôpital de Gaza, a déjà été soumis à une immense pression au mois de novembre. Les corps s’étaient accumulés après l’épuisement des stocks de nourriture, de carburant et d’anesthésiques.
L’établissement est devenu une cible majeure de l’offensive terrestre israélienne, Israël affirmant que le Hamas dirigeait un centre de commandement dans les sous-sols, malgré les démentis répétés des responsables de l’hôpital et du groupe palestinien.
Le 15 novembre, les troupes israéliennes ont suscité un tollé international en lançant un raid nocturne sur le complexe. Plusieurs personnes, y compris le directeur de l’hôpital, ont été arrêtées et interrogées.
Ahmad Abdulwahid a rapporté à MEE qu’après le retrait de l’armée israélienne du complexe al-Chifa, une odeur forte et nauséabonde de corps en décomposition flottait dans l’air et qu’il était peu probable qu’ils trouvent d’autres survivants.
« La rue al-Wehda [qui traverse la majeure partie du nord de Gaza] du début jusqu’à [la maison de ma famille] sentait la mort, avec des corps en décomposition et des corps couverts de mouches, » a-t-il décrit.
La main d’une petite fille
« Les quatre étages du bâtiment étaient complètement démolis. Nous n’avons pu trouver personne en vie. Nous avons brisé les murs pour atteindre la pièce où nous pensions que la famille s’était rassemblée avant la frappe. La première chose que nous avons trouvée était la main d’une petite fille. Nous avons ensuite récupéré un corps, resté six jours sous les décombres. »
Les responsables à Gaza ont déclaré qu’ils n’avaient pas l’équipement, la main-d’œuvre ou le carburant nécessaires pour rechercher correctement les vivants, sans parler des morts.
La guerre en cours à Gaza a commencé lorsqu’une attaque dirigée par le Hamas sur le sud d’Israël a tué au moins 1 140 personnes. Plus de 200 personnes ont été amenées à Gaza en tant qu’otages. Israël a riposté en bombardant sans relâche l’enclave palestinienne et en lançant une invasion terrestre, tuant au moins 32 000 Palestiniens, principalement des femmes et des enfants, et détruisant de vastes étendues de l’infrastructure civile de la région.
L’ONU et d’autres groupes humanitaires ont averti d’une famine imminente dans le nord de Gaza.
À la fin du mois de mars, 70 % de la population souffrait de niveaux de faim catastrophiques, selon un rapport soutenu par l’ONU.
Les responsables israéliens ont précédemment déclaré leur intention de continuer la guerre jusqu’à ce qu’ils puissent vaincre le Hamas de manière décisive, affirmant que même la Cour internationale de Justice (CIJ) ne les arrêterait pas.
Israël est actuellement accusé de violer la convention sur le génocide devant la CIJ, en réponse à une affaire déposée par l’Afrique du Sud. Entre-temps, la cour a ordonné à Israël de prendre des mesures pour prévenir tout acte génocidaire à Gaza et permettre la livraison d’aide humanitaire.
La semaine dernière, l’experte en droits de l’homme de l’ONU Francesca Albanese a soumis un rapport au Conseil de sécurité qui indique qu’Israël a commis plusieurs actes de génocide dans sa guerre à Gaza et qu’il devrait être soumis à un embargo sur les armes.
Traduit de l’anglais (original).
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