Aller au contenu principal

Les artistes d’Alep peignent des images de la révolution et de la guerre sur les murs de la ville

Tandis que la violence se rapprochait d'Alep, les artistes de la ville s'empressaient de peindre ses murs
Les peintures ont pour sujet principal la révolution syrienne et la guerre civile qui en a découlé (MEE/Khalil Hajjar)

ALEP, Syrie - Le quartier de Salah al-Din se situe dans l’est d’Alep, une partie de la ville contrôlée par des groupes rebelles. Comme bien trop souvent au cours de la guerre civile qui secoue le pays depuis plus de cinq ans, des parties de cette zone ont été détruites, des immeubles ont été bombardés, et les gravats y recouvrent le sol. Mais nous pouvons voir quelque chose de nouveau et de coloré apparaitre à Salah al-Din : de l’art.

Une petite fille en train de jouer (MEE/Khalil Hajjar)

Salam Atrash, sur son lieu de travail, déclare à Middle East Eye : « Ma peinture préférée est celle de deux mains brisant une paire de menottes et se libérant de la tyrannie et de l’injustice ». À la fin du mois de mars, un groupe d’artistes locaux, menés par Salam, a commencé une campagne pour peindre les murs du quartier et de tout l’est d’Alep. En peignant les symboles de la révolution, les visages de militants emprisonnés et la destruction de la ville, leur but est de ramener des couleurs dans Alep, ainsi que de promouvoir les idéaux de la révolution syrienne à travers ses rues.

Cette peinture anti-Assad représente la liberté recouvrée lorsque le gouvernement d’Assad tombera (MEE/Khalil Hajjar)

Malgré les signes du retour de la violence à Alep, Salam Atrash  et son groupe de peintres se dépêchent de peindre les murs de la ville sans se laisser décourager.

Salam Atrash  n’est pas seulement peintre, mais aussi « révolutionnaire », selon ses propres mots. Il est originaire de Salah al-Din, et il vit entouré de ses dernières œuvres. Il est à la tête d’une équipe de plusieurs jeunes artistes qui travaillent sur ce projet.

Les sujets principaux des peintures se concentrent sur la révolution syrienne et la guerre civile qui en a découlé, dont les effets se font fortement ressentir dans la plus grande ville de la Syrie d’avant-guerre. De nombreuses peintures montrent des gens derrière des barreaux. « Les peintures sont là pour rappeler aux gens ceux qui ont été emprisonnés par le régime. Les gens les ont oubliés », déclare Salam Atrash. Sur l’un des murs, on peut lire en anglais : « Nous les voulons tous libres, maintenant ».

Un homme en prison souffre de solitude (MEE/Khalil Hajjar)

D’autres affichent un soutien explicite à la révolution de 2011. Salam Atrash ajoute : « Je veux décrire l’essence de la révolution syrienne, les révolutionnaires sur le terrain, et aussi l’espoir et l’optimisme ».

Les artistes peignent la violence et l’état de guerre du monde dans lequel ils vivent. Pour Salam Atrash, « les peintures commémorent les bombes qui se sont abattues sur la ville et qui l’ont en partie détruite, mais aussi la mort des enfants et l’émigration des habitants. »

Cette peinture représente les frappes aériennes qui ont tué des civils innocents (MEE/Khalil Hajjar)

Salam Atrash dirige un groupe de peintres qui sont tous engagés pour les principes de la révolution. Anas Shabuk, l’un des associés de Salam Atrash, a déclaré à MEE : « Ces peintures sont une façon puissante de nous permettre, en tant que militants engagés depuis le début de la révolution, d’exprimer nos opinions. »

Cependant, ces peintures sont plus qu’un engagement par l’art. Pour Anas Shabuk, elles sont une manière d’échapper à la réalité dangereuse de la vie à Alep et de retrouver l’ère révolue des manifestations pacifiques avant que la guerre n’éclate. « Quand je peins, je me sens comme quand je sortais pour manifester », déclare-t-il.

Salam Atrash et ses compagnons espèrent pouvoir peindre la ville autant qu'ils le peuvent, c’est pourquoi ils passent rapidement d’un mur à l’autre dans Salah al-Din et au-delà. Farouk explique que leurs amis et les autres militants leur donnent un peu d’argent pour pouvoir acheter le matériel.

Cette image montre une représentation cynique des négociations à Genève. L’artiste exprime le fait que tandis que les politiciens discutent, les Syriens souffrent (MEE/Khalil Hajjar)

Dans les semaines qui ont suivi le début du cessez-le-feu du 27 février, Alep a vu la violence chuter, bien que des violations de l’accord aient été rapportées tout au long de l’existence de celui-ci. L’accord de cessez-le-feu n’incluait pas les groupes de combattants tels que le Front al-Nusra ou l’État islamique.

Au cours de la semaine du 11 avril, la violence a semblé s’intensifier à Alep, lorsque des barils d’explosifs ont frappé la ville. Cela s’est produit alors que le Front al-Nusra avançait dans le sud de la ville et que des rumeurs circulaient sur la préparation d’une offensive par les forces loyales au président syrien Bachar al-Assad pour reprendre le contrôle d’Alep.

Mais pour Salam Atrash, le retour de la guerre n’est pas suffisant pour le dissuader. « Je continuerai à peindre pour commémorer la révolution syrienne, même sous les bombes. »

Salam Atrash a commencé seul à peindre les murs du quartier de Salah Al-Din (MEE/Khalil Hajjar)

Traduction de l'anglais (original) par Green Translations.

Middle East Eye propose une couverture et une analyse indépendantes et incomparables du Moyen-Orient, de l’Afrique du Nord et d’autres régions du monde. Pour en savoir plus sur la reprise de ce contenu et les frais qui s’appliquent, veuillez remplir ce formulaire [en anglais]. Pour en savoir plus sur MEE, cliquez ici [en anglais].