Les États-Unis vont proposer à la Russie de faire alliance pour combattre l’EI et le Front al-Nosra
Les États-Unis vont proposer à la Russie de coopérer en menant une intervention militaire commune contre le Front al-Nosra et l’État islamique (EI) en Syrie – selon ce qu’a rapporté jeudi le Washington Post.
Le secrétaire d’État américain John Kerry qui était alors en route pour Moscou pour s’entretenir avec le président Vladimir Poutine n’a pas réfuté ces allégations, mais a refusé d’aborder les détails du projet avant son séjour au Kremlin.
D’après le Washington Post, qui citait des sections de ce qu’il qualifiait de projet d’accord, les responsables militaires américains et russes devraient mettre en place un centre de commande et de contrôle commun pour intensifier les frappes aériennes visant les groupes militants.
Actuellement, les troupes russes basées en Syrie soutiennent les forces du président Bachar al-Assad contre plusieurs factions rebelles, tandis que la coalition dirigée par les États-Unis concentre ses attaques sur l’État islamique.
Tout accord entre les deux grandes puissances rivales serait controversé, car il manifesterait pour beaucoup – y compris pour les critiques du président américain Barack Obama à Washington – une acceptation tacite des efforts de Poutine pour consolider le régime d’Assad.
Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin, a refusé de commenter cette information avant que Moscou ait reçu la proposition de Washington.
Il a rappelé que le Kremlin avait réitéré le besoin d’une « coordination d’efforts communs » dans la lutte contre les groupes militants en Syrie, et a déploré la réticence de Washington à coopérer militairement avec la Russie dans ce pays déchiré par la guerre.
« J’aimerais vous rappeler les déclarations du président russe Vladimir Poutine, qui a toujours affirmé la conviction de Moscou qu’une lutte efficace contre le terrorisme en Syrie et ailleurs n’est possible qu’au prix d’un effort commun », a déclaré jeudi aux reporters le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov.
« Le président Poutine a regretté à de nombreuses occasions que nos partenaires américains aient refusé une telle collaboration », a-t-il ajouté.
John Kerry était attendu à Moscou jeudi en fin de journée et devait tout d’abord s’entretenir avec le président Poutine au Kremlin, avant de rencontrer vendredi son homologue russe, le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov.
Quand un journaliste lui a demandé s’il souhaitait commenter la proposition américaine d’une alliance militaire, Kerry a répondu : « Pas pour le moment. J’aurai des commentaires à faire. Je suis en route pour Moscou, je vais rencontrer le président Poutine ce soir, et nous aurons tout le temps d’en parler. »
« Je vous donnerai à tous une idée de la situation », a-t-il ajouté.
D’après le Washington Post, John Kerry devait proposer à Vladimir Poutine que la Russie et les États-Unis établissent un « groupe mixte de mise en œuvre » (Joint Implementation Group, ou JIG) pour « permettre une coordination élargie » entre leurs armées sur les champs de batailles syriens.
L’État islamique et le Front al-Nosra sont considérés comme des organisations terroristes par le Conseil de sécurité de l’ONU, et ne font pas partie du cessez-le-feu, maintes fois violé, conclu entre les forces d’Assad et les groupes rebelles plus modérés.
Mais alors que le soi-disant « califat » de l’État islamique a des ambitions mondiales, le Front al-Nosra – affilié à al-Qaïda – s’est consacré à la lutte contre Assad, en combattant aux côtés d’autres groupes rebelles soutenus par les États-Unis et leurs alliés.
Toute alliance entre la Russie et les États-Unis dans le but de lutter contre les deux organisations aurait pour effet de renforcer la position d’Assad et pourrait saper les efforts américains visant à lui faire accepter une solution politique négociée pour mettre fin à la guerre civile.
Le président syrien a déclaré au cours d’une interview publiée jeudi que son allié russe n’avait « jamais » abordé avec lui la question d’une transition politique, malgré le soutien international en faveur de ce processus.
S’entretenant avec NBC News à Damas, le chef d’État syrien a insisté sur le fait que le président et le ministre des Affaires étrangères russes n’avaient jamais soulevé avec lui la question de son départ ou d’une transition politique.
« Le peuple syrien est seul à choisir qui sera président, quand il accédera au pouvoir, et quand il y renoncera. Il ne s’est pas prononcé à ce sujet », a-t-il souligné.
Traduit de l’anglais (original) par Maït Foulkes.
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