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L’objectif prioritaire de la Turquie est de rétablir ses relations avec la Syrie, selon Yıldırım

Les commentaires télévisés du Premier ministre truc semblent suggérer un assouplissement du ton de l'un des ennemis jurés du président syrien Bachar al-Assad
Binali Yıldırım a déclaré que la Turquie devait « accroître le nombre de ses amis et réduire celui de ses ennemis » dans les régions de la mer Noire et de la Méditerranée (AFP)
Par MEE

Le Premier ministre turc Binali Yıldırım a déclaré mercredi que le rétablissement de relations normales avec la Syrie était « l'objectif prioritaire et irrévocable » de son gouvernement. Visiblement, cela indique un changement du ton diplomatique de l'un des adversaires les plus intraitables du président syrien Bachar al-Assad.

Ankara a rompu ses liens diplomatiques avec Damas en septembre 2011, quand la guerre civile en Syrie a sérieusement commencé, et répète depuis longtemps qu'Assad doit démissionner préalablement à tout accord de paix.

Cependant, lors d'un communiqué à la télévision d'État, Yıldırım, qui a pris ses fonctions en mai, a déclaré que la Turquie devait « accroître le nombre de ses amis et réduire celui de ses ennemis » dans la région, en référence aux récents rapprochements diplomatiques du pays avec la Russie et Israël.

« Voici notre objectif prioritaire, et il est irrévocable : développer de bonnes relations avec la Syrie et l'Irak, ainsi qu'avec tous nos voisins du pourtour méditerranéen ainsi qu'autour de la mer Noire », a déclaré Yıldırım, proche allié notoire du président turc Recep Tayyip Erdoğan.

« Nous avons normalisé les relations avec la Russie et Israël. Je suis sûr que nous allons normaliser nos relations avec la Syrie également. Si nous voulons que notre lutte contre le terrorisme ait une chance de réussir, la Syrie et l'Irak doivent retrouver leur stabilité. »

Le mois dernier, Erdoğan a présenté ses excuses à la Russie (l'un des principaux soutiens d'Assad) après que la Turquie a abattu un avion militaire russe en novembre dernier, tandis que le 1e juillet, le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlüt Çavuşoğlu, rencontrait son homologue russe, Sergueï Lavrov, pour discuter des mesures susceptibles de normaliser les relations entre les deux pays.

La Turquie a également conclu un accord avec Israël le mois dernier, afin de rétablir leurs liens diplomatiques, six ans après le gel de leurs relations faisant suite à une attaque de commandos israéliens contre une flottille qui venait porter secours à Gaza, durant laquelle dix activistes turcs avaient trouvé la mort.

La Turquie est gravement affectée depuis cinq ans par le conflit le long de sa frontière sud, et des millions de réfugiés se sont déversés dans le pays, tandis que les militants kurdes et le groupe État islamique (EI) ont perpétré des attaques à Istanbul et Ankara et déclenché des troubles dans la région agitée du sud-est du pays.

Toutefois, certains responsables à Ankara ont indiqué à des agences de presse que ces communiqués ne signifiaient en aucun cas un changement formel de politique à l'égard d'Assad.

L'agence d'informations Reuters a repris cette citation d'un fonctionnaire anonyme : « La Turquie souhaite n'avoir aucun problème avec les pays de la région et souligne l'importance de mettre fin au terrorisme et de s'engager à coopérer étroitement en faveur de la stabilité régionale ».

Ankara est également considéré depuis longtemps comme l'un des principaux soutiens des groupes d'opposition syriens.

En début de semaine, le site d'informations en ligne de l'opposition syrienne Orient a rapporté qu'un ancien ministre syrien de la Défense s'était rendu à Ankara pour s'entretenir avec de hauts responsables militaires turcs quant au lancement d'un nouveau groupe d'opposition.

D'après Orient, Ali Habib Mahmoud, qui aurait fait défection en 2013, a été accueilli à l'aéroport par le vice-chef d'état-major de l'armée turque.

Les médias locaux ont déclaré que Mahmoud avait l'intention de créer une nouvelle force d'opposition en recrutant d'anciens officiers de l'armée syrienne ayant fait défection, ainsi que des membres de l'Armée syrienne libre, opposée à Bachar al-Assad.

Traduit de l'anglais (original) par Dominique Macabies.

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