Maroc-Tunisie-Algérie : par défaut, une préférence pour Hillary
« Pour un Algérien, pour un Maghrébin, pour ceux qui sont sensibles aux problèmes de l’Afrique et du Moyen-Orient, les vraies questions ne relèvent pas du caractère de Donald Trump, mais de l’attitude des États-Unis face à ces régions du monde. Et là, force est de constater que les différences sont bien minces entre les deux candidats à la présidence américaine. »
Sur son blog, le journaliste et auteur algérien Abed Charef pèse les candidats : Donald Trump a promis de reconnaitre Jérusalem comme capitale d’Israël ? « Mais dans le même temps, il a promis de retirer les troupes américaines des secteurs en guerre au Proche-Orient », relève-t-il.
« Hillary Clinton a fait les mêmes promesses sous Obama, mais c’est sous son ministère que la Syrie s’est embrasée et que le champ de la violence s’est étendu, jusqu’en Libye et au Sahel. » Et de conclure sans beaucoup d’optimisme : « Aucun candidat n’a élaboré une démarche convaincante pour pacifier ces régions de manière raisonnable et convaincante ».
Un soutien à la Tunisie depuis 2011
Le site tunisien L’économiste maghrébin se pose aussi la question : « Clinton-Trump : qui serait le plus favorable pour la Tunisie ? ».
« Premier niveau de réponse : Hillary Clinton connaît la Tunisie ; ce qui n’est pas le cas de son concurrent. Elle est venue notamment, et à titre privée avec sa fille Chelsea, à la fin des années 1990 », rappelle Mohamed Gontara.
« Elle s’y est rendue, surtout, en mars 2011, en tant que secrétaire d’État aux Affaires étrangères, et a rencontré les premiers responsables de l’Exécutif d’alors, le président de la République, Foued Mebazaa, et le Premier ministre, Béji Caïd Essebsi. »
Il estime que dans la mesure où les Américains souhaitent que soient préservés les pays qui constituent un « bon exemple » du « printemps arabe », ils ne pourraient « que renforcer leur soutien à la fois économique et militaire à la Tunisie. Pour éviter que cet exemple ne tourne au cauchemar. Ils seront appuyés dans cette initiative par leurs alliés de l’Union européenne qui n’ignorent pas les dangers d’une Tunisie qui se situe à quelque encablure de leurs côtes méridionales. »
Pour Sarah Yerkes, collaboratrice émérite au Centre de la Brookings Institution pour la politique du Moyen-Orient citée par le site tunisien African Manager, « Clinton a pris fait et cause pour la Tunisie pendant la révolution et je pense qu’elle serait plus intéressée à assurer le succès de la Tunisie que ne l’a été l’administration Obama ».
L’enjeu du Sahara Occidental
Au Maroc, l’enjeu de l’élection porte surtout sur la position que le/la futur(e) président(e) adoptera sur le Sahara Occidental.
« Hillary Clinton est connue pour son amitié pour le Maroc et ses liens cordiaux avec la monarchie marocaine. Un cliché qui montre une Hillary Clinton tout sourire, en compagnie du roi Mohammed VI, en atteste », relèvent Christophe Sidiguitiebe et Ilyas Benessaiah dans le magazine Tel Quel.
À Rabat, on verrait plutôt avec soulagement l’arrivée d’Hillary Clinton à la Maison Blanche. Car depuis son départ du Département d’État, la relation entre le Maroc et les États-Unis ne sont plus aussi bonnes, en particulier depuis que l’administration Obama a voulu inclure une mission de surveillance des droits de l’homme au mandat de la Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara Occidental (MINURSO), et surtout depuis le dernier rapport du Département d’État sur les droits de l’homme au Maroc, en mai dernier, que le ministre de l’Intérieur Mohamed Hassad avait jugé « scandaleux ».
Samir el-Ouardighi note aussi sur le site marocain Médias 24 que « nombreux sont les Marocains persuadés qu’une présidence Clinton sera bénéfique aux intérêts du Maroc sur le dossier du Sahara et mettra automatiquement fin aux désagréments connus avec l’administration du président Obama ».
Quel que soit le vainqueur, « l’administration américaine reste imprévisible » aux yeux des autorités marocaines. « On sait bien quel rôle ont joué les Américains dans ce que l’on appelle les printemps arabes ainsi que la volonté d’une partie de cette administration de remodeler les cartes au Proche Orient et en Afrique du Nord », souligne-t-il.
Depuis Alger, où le dossier du Sahara Occidental est suivi de près, Réda Bekkat, éditorialiste pour le quotidien El Watan, anticipe le futur à la lumière de ce qui s’est passé sous l’administration Obama. « Sur la question du Sahara Occidental, en dépit de la désignation par le secrétaire général des Nations unies d’un envoyé spécial en la personne de l’ancien diplomate américain Christopher Ross, la position d’obstruction du Maroc allant à l’encontre du plan onusien n’a pu être infléchie jusqu’à présent. »
Selon lui, les récents propos du roi Mohammed VI depuis Dakar sur le Sahara occidental « sont loin de marquer un quelconque changement dans un futur proche, y compris au-delà de janvier prochain, date de l’entrée en fonction du prochain président des États-Unis. »
Middle East Eye propose une couverture et une analyse indépendantes et incomparables du Moyen-Orient, de l’Afrique du Nord et d’autres régions du monde. Pour en savoir plus sur la reprise de ce contenu et les frais qui s’appliquent, veuillez remplir ce formulaire [en anglais]. Pour en savoir plus sur MEE, cliquez ici [en anglais].