Selon l’ONU, la guerre civile au Yémen a fait au moins 10 000 morts
Au moins 10 000 personnes ont été tuées pendant les dix-huit mois de guerre civile au Yémen, a déclaré mardi l’Organisation des Nations unies, soit près du double des estimations – « au-delà de 6 000 » – données par les officiels et les humanitaires sur les deux tiers de l’année 2016.
Lors d’une conférence de presse dans la capitale yéménite de Sana’a, Jamie McGoldrick, coordinateur humanitaire de l’ONU, a déclaré que ce nouveau chiffre était basé sur des informations officielles recueillies auprès de centres médicaux.
Ce chiffre pourrait bien être encore en-deçà de la réalité, car certaines régions n’ont pas d’installations médicales, et les morts y sont souvent enterrés sans être enregistrés.
« Ce conflit a chassé trois millions de Yéménites de leurs foyers, dont 200 000 se sont refugiés à l’étranger », a indiqué McGoldrick.
L’ONU a par ailleurs été informée que 900 000 des personnes déplacées avaient tenté de retourner chez elles.
« C’est un immense défi, surtout dans les zones encore troublées par le conflit », a déploré McGoldrick.
Plus de la moitié de la population du Yémen – 26 millions de personnes – ont besoin d’aide alimentaire et sept millions souffrent d’insécurité alimentaire, a-t-il regretté.
Le Yémen est déchiré par les affrontements entre les rebelles houthis, réputés être directement soutenus par l’Iran, et le gouvernement du président Abd Rabbo Mansour Hadi, appuyé par l’Arabie saoudite.
Début de 2015, les Houthis ont chassé Hadi et son gouvernement de la capitale, Sana’a, et ont contraint le président à s’exiler à Riyad. Depuis, l’Arabie Saoudite a lancé une coalition pour le rétablir au pouvoir, et a stationné des troupes à Aden, reprise aux Houthis.
La campagne de la coalition emmenée par l’Arabie saoudite est accusée par les organisations internationales d’avoir causé des pertes massives parmi les civils en bombardant des écoles, des hôpitaux et des zones résidentielles. L’ONU a réclamé que ces violations fassent l’objet d’une enquête.
Divers militants ont dénoncé les ventes d’armes britanniques à Riyad (pour plusieurs milliards de dollars), alors qu’il est prouvé que ce pays a violé les lois internationales au Yémen.
Pendant ce temps, des groupes tels que l’État islamique et al-Qaïda ont misé sur l’insécurité croissante au Yémen.
Les tentatives pour garantir une issue pacifique à la guerre se sont avérées vaines, car les deux parties ont interrompu les longues négociations menées pendants des semaines en début d’année au Koweït, sans être tombés d’accord sur quoi que ce soit.
La déclaration de McGoldrick a été publiée le lendemain de l’attentat-suicide dans la ville méridionale d’Aden, faisant au moins 71 victimes dans un camp de recrutement militaire.
L’attentat a été revendiqué par le groupe État islamique.
Traduit de l’anglais (original) par Dominique Macabies.
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