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Suite à de nouvelles démissions, Ennahdha obtient la majorité au parlement tunisien

Suite à plusieurs nouvelles démissions liées au rôle du fils du président au sein du parti Nidaa Tounes, le parti islamiste modéré Ennahdha recueille la majorité
L’ancien secrétaire général de Nidaa Tounes, Mohsen Marzouk, prononce un discours lors d’une réunion publique le 10 janvier 2016 à Tunis
Par MEE

Le parti islamiste modéré Ennahdha est devenu lundi le plus grand parti au parlement tunisien après la démission de plusieurs députés du parti laïc Nidaa Tounes.

Dix-sept députés appartenant au parti Nidaa Tounes ont abandonné leur siège la semaine dernière en raison d’un litige sur le rôle du fils du président Caïd Essebsi au sein du parti et onze députés de plus leur ont emboîté le pas lundi.

Les nouvelles démissions laissent le parti avec 58 sièges sur une assemblée de 217 membres. Ennahdha conserve 69 sièges.

La nouvelle majorité d’Ennahdha n’entraînera pas immédiatement de changements drastiques dans l’actuel gouvernement, une coalition qui inclut ce parti islamiste modéré plus Nidaa Tounes.

Le parti de centre-gauche du président Essebsi, Nidaa Tounes, a été déchiré par des mois de querelles internes, l’ancien secrétaire général du parti Mohsen Marzouk accusant Hafedh Caïd Essebsi, le fils du président, de tenter un coup de force.

Après la nomination de Hafedh en tant que représentant légal et nouveau secrétaire général du comité central du parti, ses détracteurs craignaient un transfert de pouvoir héréditaire et un retour à l’époque de l’ancien dictateur Zine el-Abidine Ben Ali.

Le parti a été divisé pendant des mois entre le soutien pour Marzouk, un des membres fondateurs, et le fils du président.

Marzouk a démissionné fin décembre et a annoncé qu’il formera un nouveau parti politique tunisien.

Conférence ce week-end

Lors d’une conférence à Sousse dimanche, Nidaa Tounes a accueilli chaleureusement le chef du parti rival Ennahdha, Rached Ghannouchi.

La conférence est intervenue quelques jours après un remaniement majeur au cours duquel les plus hauts postes ministériels comme l’Intérieur et les Affaires étrangères ont été réaffectés.

Lors de la conférence, le discours de Ghannouchi (qui a duré 7 minutes) a été interrompu par les applaudissements des délégués à 17 occasions distinctes.

Dans son discours, Ghannouchi a salué Essebsi, apportant son soutien à la « politique de concorde » du dirigeant.

« Je suis heureux de voir Nidaa Tounes fort et uni, et je suis persuadé que le président Caïd Essebsi est également heureux de voir qu’Ennahdha est fort et uni », a-t-il ajouté.

Nidaa Tounes a été fondé en 2012 en réponse à la prise de pouvoir du parti Ennahdha au parlement après la révolution. Ce parti de centre-gauche est une alliance laïque composée de gauchistes, de nationalistes et d’anciens membres du gouvernement de Ben Ali. Il a obtenu la majorité au parlement en 2014 lorsqu’Essebsi est devenu président.

L’émergence démocratique de la Tunisie suite aux soulèvements arabes de 2011 est essentiellement une réussite : le pays a adopté une constitution vraiment progressive en janvier 2014.

Cependant, la Tunisie a également été confrontée à des attaques sporadiques de militants extrémistes, notamment l’attaque sanglante sur la station balnéaire de Sousse qui a tué 38 personnes, dont 30 touristes britanniques.

Le pays a également eu du mal à relancer l’économie et à offrir des possibilités d’emploi – en particulier à ses jeunes, lesquels ont déclenché la révolution de 2011 qui a renversé Ben Ali et reposait largement sur la privation des droits économiques.

 

Traduction de l’anglais (original) par VECTranslation.

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