EN IMAGES : Un Syrien veut préserver la mémoire de Palmyre
Une fois que les membres du groupe État islamique (EI) ont pris la ville de Palmyre à l’armée syrienne en 2015, ils ne se sont pas contentés de détruire les ruines romaines historiques de la région. Des milliers de personnes ont fui vers la sécurité relative des zones tenues par les rebelles à Alep. Parmi eux figuraient Ali Saleh al-Taha, 58 ans, qui s’est réfugié dans la ville d’al-Bab dans le district d’Alep. Là, il a décidé de recréer les ruines de Palmyre à sa façon. (Photos : MEE/Ali Haj Suleiman)
Avant l’arrivée des combattants de l’EI à Palmyre, Taha avait passé 25 ans à travailler sur les fouilles des sites archéologiques. Son père et son grand-père avant lui travaillaient également sur les ruines, collaborant régulièrement avec les archéologues étrangers. Sa propre expérience et l’héritage transmis par ses proches lui ont donné une idée quasi parfaite de ce à quoi ressemblait le site détruit et ses 2 000 ans d’histoire, jusqu’au plus petit détail.
Taha se sert de ses souvenirs et des photos publiques pour recréer les ruines de Palmyre en utilisant du plâtre. Il travaille dans un atelier qu’il loue à al-Bab. Les modèles qu’il construit sont des répliques à l’échelle des bâtiments originels de Palmyre. La réplique du temple de Baal par Taha fait 2x2 m pour 40 cm de haut.
Palmyre a été fondée il y a 4 000 ans près d’une oasis dans le désert et s’est rapidement développée pour devenir un comptoir commercial, reliant le Levant et la Mésopotamie. Avec l’essor de l’Empire romain, la ville a fréquemment changé de mains, alternant entre les Romains et les Perses, ce qui a endommagé et détruit un certain nombre de ses structures – bien que certaines aient été reconstruites et restaurées plus tard. La ville est restée relativement intacte au cours de l’ère islamique et des tentatives significatives de restaurer les ruines ont commencé dans les années 1960. Les combattants de l’EI ont détruit certaines structures majeures peu après avoir pris la ville en mai 2015 puis au moment de leur retraite en 2016.
Une reconstruction du temple de Baal à Palmyre. Cette structure a été construite en 17 après Jésus-Christ et a été étendue par l’empereur romain Hadrien un peu plus d’un siècle plus tard. Baal était un ancien terme sémitique utilisé pour faire référence à plusieurs divinités, vénérées par un certain nombre de peuples historiquement distincts au Proche-Orient. Les Cananéens par exemple considéraient leur incarnation de Baal comme l’un des dieux les plus importants de leur panthéon ; mais dans la Bible hébraïque, Baal fait référence à plusieurs divinités considérées comme des faux dieux par les Israélites.
Peu après que l’EI a commencé à détruire le patrimoine antique de Palmyre, les archéologues ont cherché des moyens d’utiliser la 3D pour recréer les structures. Des spécialistes en restauration ont utilisé de vieilles photographies du site pour créer des images imprimées en 3D des ruines.
Taha a perdu quatre enfants lors de la fuite de Palmyre et vit désormais avec sa femme et son fils survivant, âgé de 20 ans. Il a lui-même souffert de blessures incapacitantes et souffre d’un mal de dos chronique et d’autres afflictions, ce qui lui a compliqué la tâche.
Ce natif de Palmyre est motivé par l’envie d’éduquer les générations futures à ces sites historiques perdus. Il dit espérer que « les enfants de Palmyre n’oublient pas les ruines, la civilisation et le patrimoine de leur ville ».
Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.
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