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Transparency International : la corruption s’aggrave dans le monde arabe

La colère gronde dans au moins neuf pays de la région à cause de l’inaction des gouvernements face à la montée des niveaux de corruption perçue
Des Libanaises qui prennent part à une manifestation à Beyrouth agitent leur drapeau national et brandissent des pancartes (AFP)

Les gens ordinaires ont le sentiment que la corruption a empiré dans neuf pays arabes et territoires au cours de l’année écoulée, spécialement au Liban frappé par la crise et au Yémen déchiré par la guerre, a révélé mardi une étude sur la corruption réalisée par l’ONG spécialisée Transparency International.

L’enquête de près de 11 000 sondés a montré qu’une hausse des abus a aussi été constatée en Algérie, Égypte, Jordanie, Maroc, dans les territoires palestiniens, au Soudan et en Tunisie.

Dans les pays objets de l’enquête, 61 % des personnes interrogées considèrent que la corruption s’est aggravée au cours de l’année écoulée.

« Le mécontentement du public vis-à-vis des leaders et régimes corrompus a été un catalyseur clé pour le changement au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, notamment avec les soulèvements du Printemps arabe », a affirmé le groupe basé à Berlin.

« Cependant, même si plus de cinq années se sont écoulées depuis les nombreux soulèvements, notre baromètre de la corruption globale indique toujours un mécontentement généralisé du public vis-à-vis des efforts faits par les gouvernements pour maîtriser la corruption dans le secteur public. »

Transparency a ajouté que « la majorité de la population de la région perçoit une hausse récente de la corruption (61 %) et beaucoup pensent que les responsables du gouvernement et membres du Parlement sont très corrompus ».

La part de la population qui considère que la corruption a empiré atteint 92 % au Liban frappé par la crise, 84 % au Yémen et 75 % en Jordanie, contre 28 % en Égypte ou 26 % en Algérie.

Parmi les personnes interrogées, 77 % au Yémen et la moitié des Égyptiens déclarent avoir payé un pot-de-vin pour obtenir un service public, contre 9 % en Tunisie ou 4 % des Jordaniens.

L’auteure du rapport, Coralie Pring, a affirmé que le groupe était « particulièrement inquiet » pour le Liban, un pays souffrant de profondes divisions politiques et sans président depuis mai 2014.

« À travers un certain nombre de questions, le public s’est montré très critique, non seulement vis-à-vis des efforts des gouvernements pour combattre la corruption, mais aussi vis-à-vis du haut niveau de corruption perçue dans le secteur public », a indiqué Pring.

Une note d’espoir est venue de la Tunisie, rare pays du Printemps à ne pas s’être incliné face au chaos ou à la dictature.

« Les résultats de la Tunisie qui ressortent du rapport sont même très positifs », a déclaré Coralie Pring. « Beaucoup de personnes pensent qu’elles peuvent faire la différence dans le combat contre la corruption. »  

« Malheureusement, même en Tunisie et malgré le Printemps arabe, la majorité des gens disent toujours que leur gouvernement combat mal la corruption ».

Traduction de l’anglais (original).

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