EN IMAGES : Les ports puniques de Carthage gardent vivant l’esprit d’Hannibal
Les ports puniques de Carthage, aujourd’hui banlieue résidentielle de Tunis, autrefois capitale d’un empire, sont inédits dans l’histoire méditerranéenne.
Fondée par les Phéniciens au VIIIe ou IXe siècle avant J-C, Carthage abritait deux ports construits à l’intérieur des terres : le port marchand et le port militaire, qui communiquent grâce à un chenal maritime de 20 mètres de large.
Seul le port marchand dispose d’un accès à la mer. Il est rectangulaire, long de 400 m et large de 150 m. Le port militaire, lui, a une forme circulaire de 325 m de diamètre, au centre duquel se trouve un îlot circulaire de 125 m de diamètre.
Le port militaire, caché par le port marchand, était bien protégé par deux hauts murs qui séparaient les deux ports, pour le dissimiler aux marins marchands ou aux éventuels espions ! Dans l’îlot central se trouvait la flotte de guerre des Carthaginois, qui logeait jusqu’à 220 navires militaires.
Aujourd’hui, on ne distingue clairement que le port circulaire et l’îlot central de l’amirauté. (MEE/Ahlem Mimouna)
Sur cette photo, se distinguent les vestiges d’une cale sèche. Elle se trouvait sur l’îlot central du port. Premier peuple marin de l’histoire, les Carthaginois ont révolutionné la navigation maritime grâce à des techniques toujours utilisées de nos jours.
Véritable puissance militaire en Méditerranée, métropole de la civilisation punique en Afrique et capitale de la province d’Afrique à l’époque romaine, Carthage a joué un rôle de premier plan dans l’Antiquité, en tant que grand empire marchand.
Les ports antiques témoignent des échanges commerciaux et culturels qui ont duré près de dix siècles. L’un des produits phares des exportations des Carthaginois et de leurs prédécesseurs phéniciens était la pourpre. (MEE/Ahlem Mimouna)
Hannibal, grand stratège militaire qui vécut au IIIe siècle avant J-C, aurait été la tête pensante de ce port punique. Une rue donnant sur le port porte d’ailleurs son nom aujourd’hui.
Scientifiques et historiens cherchent toujours à en savoir davantage sur ce célèbre général qui finit par se suicider une fois sa ville tombée aux mains de Rome, en 146 avant J-C.
Avec l’arrivée des Romains, l’immense port fut exclusivement consacré aux échanges commerciaux. L’îlot central abrite désormais un petit temple romain. (MEE/Ahlem Mimouna)
La résonance historique et littéraire de Carthage a toujours nourri l’imaginaire universel. Le site de Carthage est associé à Hannibal, bien sûr, mais aussi à la légendaire princesse tyrienne Elissa-Didon, fondatrice de la ville, qui a été chantée par Virgile dans L’Énéide, au grand navigateur explorateur Hannon, à des écrivains comme Apulée, fondateur de la littérature latine africaine, ou encore au martyre de Saint Cyprien et à Saint Augustin, qui y fit sa formation et de fréquents séjours. (MEE/Ahlem Mimouna)
Sous l’empire carthaginois, le plan de la ville avait été conçu sur deux niveaux. Le vaste port militaire dominait la ville basse, qui abritait les échoppes et les quartiers d’habitations modestes. La ville haute se trouvait sur une colline excentrée. Elle abritait le centre religieux et politique de la cité, ainsi que les habitations des élites et riches commerçants.
Aujourd’hui, sur la colline de Byrsa, on distingue clairement l’ancienne cathédrale Saint-Louis de Carthage, désaffectée pour le culte, connue sous le nom d’Acropolium de Carthage.
Sur la colline de Byrsa, se trouve aussi le musée national de Carthage. Il est actuellement fermé pour rénovation mais la partie en plein air est accessible. Elle abrite un quartier d’habitation dit « d’Hannibal ». (MEE/Ahlem Mimouna)
Les ports puniques de Carthage font partie du site archéologique de Carthage, classé par l’UNESCO depuis 1979. Son sol renferme des vestiges qui témoignent de plus de 2 000 ans d’histoire.
En plus des ports puniques, le site abrite aussi l’acropole de Byrsa, le tophet punique, les nécropoles, l’amphithéâtre, le quartier des villas, les basiliques, les thermes d’Antonin, les citernes de La Malaga et la réserve archéologique.
Selon une étude de la revue Nature, ce site, ainsi que 40 autres dans la Méditerranée classés par l’UNESCO, sont menacés d’ici à 2100 par « un risque d’inondation côtière et d’érosion dû à l’élévation du niveau de la mer ». (MEE/Ahlem Mimouna)
Après la révolution de 2011, des bateaux de plaisance ont investi le port classé au patrimoine mondial, défigurant ainsi les lieux et mettant en danger sa préservation. Une pétition a été lancée en 2014 pour la sauvegarde de ce joyau.
Un an plus tard, la justice a demandé à ce que les lieux soient libérés mais le verdict n’a pu être appliqué qu’après quelques mois, les propriétaires des bateaux refusant d’abord de se plier au verdict.
Plusieurs reconstitutions en 2D et en 3D ont été élaborées, tentant de donner vie aux vestiges restants, non seulement du port, mais aussi de toute la ville de Carthage.
Aujourd’hui, le port est entouré d’habitations modernes. C’est un lieu paisible pour les petits pêcheurs, les promeneurs, les joggeurs, les cyclistes et les touristes. L’entrée au port circulaire est publique et gratuite, seulement de 9 h à 15 h. (MEE/Ahlem Mimouna)
Middle East Eye propose une couverture et une analyse indépendantes et incomparables du Moyen-Orient, de l’Afrique du Nord et d’autres régions du monde. Pour en savoir plus sur la reprise de ce contenu et les frais qui s’appliquent, veuillez remplir ce formulaire [en anglais]. Pour en savoir plus sur MEE, cliquez ici [en anglais].