EN IMAGES : Le Ramadan dans la région sinistrée par les séismes en Turquie
Le Ramadan dans les provinces du sud-est de la Turquie a pris une sombre tournure cette année, après les séismes qui ont fait plus de 55 000 morts et déplacé des millions de personnes en février. Des dizaines de milliers de personnes ont perdu leur toit ou ne se sentent plus en sécurité chez elles. Alors qu’une situation économique précaire sévit en parallèle – l’inflation galopante a fait grimper en flèche les prix des denrées alimentaires –, le mois sacré des musulmans s’avère particulièrement difficile cette année. Sur la photo ci-dessus prise le 4 avril à Kahramanmaraş, Batul, une mère de famille syrienne de 32 ans, rompt le jeûne avec ses enfants à leur domicile. Cette famille de cinq personnes a quitté Alep pour s’installer dans le sud-est de la Turquie en 2015 et attend toujours une tente. Privés d’électricité pendant six semaines à la suite des séismes, Batul et sa famille doivent encore aller chercher de l’eau à l’extérieur. « Nous travaillons, donc nous n’avons besoin de rien. Seulement d’une tente pour nous sentir en sécurité », confie la mère de famille. Ses enfants, Maria et Abdulkader, ne peuvent pas aller à l’école actuellement car elle a été détruite par les séismes. (Photos : Carola Cappellari)
Des organisations humanitaires viennent en aide aux sinistrés en leur distribuant des colis alimentaires en porte-à-porte et en organisant des repas communautaires pour l’iftar. Cette communion malgré la tragédie a aussi pour effet de rapprocher les Turcs et les Syriens. Les provinces du sud-est de la Turquie accueillent près de deux millions de réfugiés syriens, selon les estimations du gouvernement. Yusuf Kaya, bénévole pour l’organisation caritative locale Mavi Hilal (« Croissant bleu »), participe à la distribution dans le quartier d’Akyol à Gaziantep, qui compte un grand nombre de Syriens. « C’est le Ramadan, mais ces jours-ci, il n’y a pas de Syriens ou de Turcs, seulement des gens qui célèbrent ce mois sacré dans des conditions difficiles », explique-t-il alors que son équipe distribue l’iftar à des enfants syriens. Sur la photo ci-dessus, des enfants syriens rompent le jeûne lors d’un iftar public organisé à Akyol le premier jour du Ramadan, le 23 mars. Selon les estimations, le nombre d’enfants syriens et turcs touchés par les séismes du 6 février s’élève à 5,4 millions.
À Gaziantep, des tensions sociales sont apparues dans le sillage du conflit en Syrie voisine, en raison duquel la ville a accueilli un demi-million de réfugiés syriens. Cette année, sur la place de la Démocratie en centre-ville, la municipalité organise un iftar public qui accueille plus d’un millier de personnes chaque soir. L’objectif est de réunir les Syriens et les Turcs – les deux principales nationalités présentes dans la ville – dans une atmosphère empreinte de spiritualité. Selon un bénévole qui sert de la nourriture, il est important de venir en aide aux autres survivants, car tous les habitants ont souffert, qu’ils aient perdu énormément ou très peu. « Le meilleur moyen d’oublier la tragédie est de s’occuper en aidant les autres et de ressentir la véritable signification de ce mois sacré », affirme-t-il en posant des dattes sur un plateau.
Des vendeurs proposent du pain sucré du Ramadan syrien (maarouk) et du pidesi du Ramadan turc aux habitants du quartier d’Akyol à Gaziantep (Turquie) juste avant l’iftar du premier jour du Ramadan, le 23 mars.
Le village de Fevzipaşa est situé entre les districts d’İslahiye et de Nurdağı, dans la province turque de Gaziantep. La perte d’animaux lors des séismes du 6 février a plongé dans l’insécurité financière de nombreuses familles dont les principaux revenus provenaient de l’agriculture et de la vente de produits dans les villages et villes des environs.
Le village de Fevzipaşa est situé entre les districts d’İslahiye et de Nurdağı, dans la province turque de Gaziantep. La perte d’animaux lors des séismes du 6 février a plongé dans l’insécurité financière de nombreuses familles dont les principaux revenus provenaient de l’agriculture et de la vente de produits dans les villages et villes des environs.
Fatma (50 ans), sa fille Zeinep (10 ans) et sa sœur Zubaida (49 ans) rompent le jeûne ensemble, le 5 avril. Depuis les séismes, cette famille turque vit sous une tente dans le petit village de Hassa, dans la province du Hatay. « Je n’aurais jamais imaginé célébrer le Ramadan sans toit au-dessus de ma tête », confie Fatma. Le Hatay est l’une des provinces les plus touchées de la région : des villes et des villages y ont été entièrement détruits. Bien que la maison de Fatma n’ait été que légèrement endommagée par les séismes, la famille préfère attendre que les éventuelles répliques cessent complètement avant de regagner son foyer. Fatma affirme que le fait de célébrer le mois sacré sous une tente a fait de ce Ramadan le plus inhabituel de sa vie.
Un campement établi pour des dizaines de familles déplacées se trouve à côté de l’événement Ramazan Sokakları (« Rues du Ramadan »), organisé dans le parc Masal de Gaziantep à l’occasion du mois sacré. Cette initiative a été organisée par les autorités locales dans le but d’aider la population à se remettre des séismes et de préserver l’atmosphère spirituelle du Ramadan.
Une famille achète des ballons à un vendeur lors de l’événement Ramazan Sokakları. Le campement installé dans le parc abrite toujours des dizaines de familles déplacées.
Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.
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