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Un air de déjà-vu pour les troupes américaines qui célèbrent Noël en Irak

Il y a parmi les troupes des soldats américains en première mission en Irak dont le père, qui était en Irak il y a une dizaine d'années, avait raté Noël avec eux
Un soldat américain serre la main à un petit Irakien pendant la messe de Noël pour les chrétiens irakiens à l'église Saint-John, dans la ville de Qaraqosh, à l'est de Mossoul (AFP)
Par MEE

C’est le troisième Noël que le sergent d’état-major Magdiel Asencio passe en Irak. Le quatrième pour le sergent de première classe Noel Alvarado. Et il en va de même pour de nombreuses troupes américaines stationnées à moins d’une heure de route de la ligne de front avec le groupe État islamique (EI).

Peu d’entre eux pensaient qu’ils seraient de retour quatorze ans après l’invasion menée par les États-Unis qui renversa Saddam Hussein et qui déclencha une insurrection soutenue par al-Qaïda et précipita le pays dans une guerre civile confessionnelle.

Mais ils sont là, bien que moins nombreux et avec une mission plus limitée. Les quelque 5 200 troupes américaines stationnées en Irak font partie d’une coalition internationale en appui aux forces locales pour les aider à reprendre le tiers de leur pays dont l’EI s’est emparé il y a plus de deux ans.

Leur cible actuelle : Mossoul, dernier bastion des combattants dans le pays. Les forces irakiennes contrôlent environ un quart de la ville mais de féroces contre-attaques ont ralenti les avancées par de cuisants revers.

Asencio a servi à Mossoul lors de la première invasion, d’abord pour apporter un soutien de l’artillerie, puis dans l’infanterie.

« À ce moment-là, c’était pire que le Far West : on ne savait pas si quelque chose allait se passer et quand ils avaient besoin que tu donnes l'ordre d'ouvrir le feu », raconte-t-il en se tenant à côté d’une unité d’artillerie de campagne qui frappe des cibles de l’EI dans Mossoul presque chaque jour. 

Traduction : « Forces #irak-iennes assistant à une messe de Noël dans Bartella libérée, près de #Mossoul »

« Cette fois-ci, c’est un petit peu plus calme. Nous tirons encore, nous savons que nous sommes là en soutien à l’armée irakienne. Il y a toujours un ennemi là dehors mais nous ne sommes pas engagés dans des combats directs comme avant. »

De nombreux commandants de bataillons ont servi avant dans plusieurs missions en Irak, souvent ponctuées de combats en Afghanistan. Il y a même des soldats en mission pour la première fois dont le père a raté Noël avec eux il y a dix ans de cela pour avoir été en Irak.

« Je repense à 2011 quand nous étions là pour organiser le retrait. À l’époque, l’opération devait être terminée », raconte Alvarado en faisant référence au retrait des troupes américaines cette année-là.

« C’est complètement différent, cette fois-ci. J’ai vu [l’armée irakienne] se relever. Les soldats ont un meilleur niveau maintenant. »

L’armée irakienne et la police ont déposé les armes et se sont enfuis face à l’assaut de l’EI en 2014, malgré le fait qu’ils soient supérieurs en nombre et malgré les millions de dollars dépensés pour la formation et l’équipement fournis par les Américains.

Ces deux dernières années, la coalition a recyclé des dizaines de milliers de troupes locales et fournit des conseils en stratégie et planification militaire, un appui à l’artillerie et des frappes aériennes indispensables dans la guerre contre l’EI.

« On fait tout ce qu'on peut pour les aider à avancer dans leurs opérations mais nous ne pouvons pas appuyer sur la gâchette », explique le lieutenant colonel Stuart James. « Nous pouvons les accompagner plus avant mais nous ne sommes pas ceux qui entrent en contact avec l’ennemi. »

Un commandant en chef a rapporté à Reuters que les forces américaines s’étaient engagées de façon un peu plus poussée avec les troupes irakiennes pour accélérer la campagne de Mossoul qui a commencé le 17 octobre.

Les conseillers de la coalition étaient au départ concentrés à un haut niveau, dans les quartiers généraux à Bagdad, mais ils se sont redéployés ces deux dernières années dans des avant-postes spartiates, par exemple à 15 kilomètres à l’est de Mossoul, pour rester à proximité des troupes qui avancent.

« Joyeux Noël depuis le TAA le plus avancé, le fer de lance », lance James en désignant la base militaire par un sigle.

L’austère avant-poste niché dans une région autrefois chrétienne n'est pas organisé comme une structure permanente depuis que les troupes ont projeté d’avancer avec les forces irakiennes qu’elles conseillent.

Ce dimanche, les averses ont transformé l’essentiel du terrain en boue épaisse pendant que les soldats se rassemblent pour un dîner de fête spécial à l’intérieur de deux tentes où un sapin en plastique et une statuette du Père Noël encadrent une entrée.

À l’extérieur, un soldat coiffé d’un bonnet de Père Noël fait des tractions dans une gym improvisée.

On est bien loin des installations de luxe de la base tentaculaire que l’armée américaine avait autrefois conservé à l’intérieur de la très fortifiée zone verte dans Bagdad, et d'autres bases importantes qui depuis, ont été transmises aux Irakiens.

Alvarado, lui, ne se sent pas trop déchiré par cet autre Noël loin de chez lui.

« Tant que mes troupes vont bien et que ma famille est bien rentrée à la maison, et tant que nous supportons cette situation, alors ça ne me dérange pas », précise-t-il.

Traduit de l'anglais (original).

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