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Un journaliste français expulsé « sans aucun motif » par le gouvernement égyptien

Le journal La Croix affirme que son correspondant au Caire a été expulsé par les services de renseignement d’Égypte, où la répression sévit contre les journalistes
Des photojournalistes égyptiens brandissent leur appareil photo lors d’une manifestation à l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, plus tôt ce mois-ci (AFP)

L’Égypte a expulsé « sans aucun motif » un journaliste travaillant pour le quotidien français La Croix, selon le directeur du journal, Guillaume Goubert.

Rémy Pigaglio « rentrait de vacances en France lundi quand il a été retenu au contrôle de l’aéroport », a indiqué Goubert à l’AFP.

« Après une nuit en cellule, il a été expulsé sans aucun motif alors que tous ses papiers étaient en règle », a ajouté Goubert. Pigaglio, qui travaille également pour RTL, devait rentrer à Paris plus tard ce mercredi.

Goubert a indiqué que la police de l’aéroport a confisqué le passeport et le téléphone portable de Pigaglio, qui a dû attendre plusieurs heures avant de pouvoir contacter l’ambassade française.

« Il semblerait que les renseignements égyptiens soient à l’origine de la décision d’expulsion », a ajouté Goubert.

Dans un communiqué publié dans le journal La Croix, Pigaglio a affirmé que personne ne l’avait soumis à un interrogatoire et qu’il ne savait toujours pas pourquoi il avait été expulsé.

« Rien ne m’a été confisqué et je n’ai pas été maltraité, a-t-il déclaré. Aucun interrogatoire n’a été mené. Et je n’ai jamais su, et ne sais toujours pas, pourquoi cette décision d’interdiction d’entrer sur le territoire a été prise. »

Les journalistes en Égypte ont exprimé leur consternation face à cette expulsion, affirmant dans une note qu’il s’agissait d’un signe de « la répression croissante exercée par les autorités contre les médias égyptiens et étrangers ».

L’Égypte est classé 158e sur 180 pays répertoriés à l’Indice de la liberté de la presse en 2015, selon Reporters sans frontières, groupe de défense de la liberté d’expression.

Plus tôt ce mois-ci, le syndicat de journalistes égyptien a accusé les autorités de déclarer la guerre au journalisme dans le pays, dénonçant ce qu’il définit comme une montée des attaques contre les journalistes nationaux et la liberté des médias. Plus tard, la police a pris d’assaut les locaux du syndicat pour la première fois de son histoire.

https://www.youtube.com/watch?v=CuIYZxcwu7s

Fin avril, Amnesty International a critiqué la répression menée par les autorités contre des activistes qui avaient projeté d’organiser une manifestation anti-gouvernementale. Plus tôt ce mois-ci, un nouveau projet de loi sur la réglementation des médias a été présenté au Parlement.

Selon des journalistes égyptiens, celui-ci entraînera probablement la disparition de dizaines de médias en ligne à petit budget servant de refuges pour les jeunes écrivains et activistes libéraux qui fuient les restrictions imposées par le gouvernement contre la liberté d’expression.

Le Parlement égyptien devrait également approuver des clauses visant à interdire toute transmission vidéo en direct sans permis. Les acteurs du milieu s’attendent à ce que ces permis soient refusés aux médias non étatiques.

L’expulsion de Pigaglio est survenue le même jour que la rencontre entre le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi et une délégation de l’Assemblée nationale française. Le président égyptien a profité de cette visite pour saluer le rythme de l’amélioration des relations bilatérales.

En revanche, l’Italie s’est montrée critique envers l’Égypte après qu’un étudiant italien en doctorat, porté disparu le 25 janvier, a été retrouvé torturé à mort le 3 février, les services de sécurité égyptiens étant accusés d’être impliqués dans cette affaire.

L’Italie a rappelé son ambassadeur au Caire suite à l’affaire Giulio Regeni, tandis que la collaboration au niveau officiel a été entravée au cours de l’enquête, des responsables italiens ayant déploré un manque de coopération du Caire. L’Égypte nie toute implication de ses services de sécurité dans le meurtre de Regeni.

En 2013, Sissi a pris le pouvoir au président élu démocratiquement Mohamed Morsi, suite à des protestations populaires contre le représentant des Frères musulmans. Cependant, Sissi est confronté à un mécontentement grandissant face à ce que ses détracteurs décrivent comme un règne autoritaire.

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.

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