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Un responsable de l'Union des étudiants a conspiré avec des personnes liées à l’ambassade d’Israël

Richard Brooks, vice-président de l’Union nationale des étudiants, a coopéré avec des personnalités liées à l’ambassade d’Israël et a proposé des ressources pour évincer la présidente de l’organisation Malia Bouattia
Richard Brooks, vice-président de la NUS, discute avec un journaliste d’Al-Jazeera sous couverture à la London School of Economics (capture d’écran)

Un haut responsable de l’Union nationale des étudiants (NUS) du Royaume-Uni a été secrètement filmé en train de conspirer pour évincer la présidente de l’organisation Malia Bouattia.

Un journaliste d’Al-Jazeera infiltré – connu seulement sous le nom de Robin – s’est présenté comme un activiste politique ayant des liens avec le diplomate israélien Shai Masot aujourd’hui en disgrâce, pour enquêter sur l’influence exercée par l’ambassade d’Israël sur la politique britannique.

On entend « Robin » discuter avec le vice-président de la NUS, Richard Brooks, de la façon d’évincer Malia Bouattia de son poste de présidente de la NUS, après avoir été présenté par Masot comme le président de Young Labour Friends of Israel, la branche de jeunesse des Labour Friends of Israel (« Amis travaillistes d’Israël »).
Dans l’enregistrement secret, Brooks affirme à Robin qu’il a accepté un voyage en Israël financé par l’Union des étudiants juifs (UJS).

On l’entend également dire qu’il a été un personnage clé impliqué dans les tentatives d’éviction de Bouattia.

« Alors, comment pouvons-nous entrer en contact avec les gens qui essaient de s’opposer à elle ? », a demandé Robin.

Brooks a avoué organiser la faction opposée à Bouattia et demandé à Robin de « [lui] écrire un mot dès qu’[il] voul[ait] avoir une conversation » s’il souhaitait discuter avec des personnalités opposées à Bouattia.

On l’entend également proposer de mettre Robin en contact avec toute personne opposée à Bouattia à travers le Royaume-Uni : « [Si] tu souhaites discuter avec quelqu’un dans une certaine zone géographique, je te dirigerai vers les bonnes personnes. »

À LIRE : Comment un diplomate israélien a travaillé au cœur du Parti travailliste pour mettre à mal Corbyn

Bouattia, la première femme musulmane de couleur à diriger la NUS, a été critiquée par des opposants pour son antisémitisme présumé, des allégations qu’elle rejette.

Connue pour ses années d’activisme pro-palestinien sur les campus à travers le Royaume-Uni, Bouattia affirme qu’elle se considère comme une adversaire de la « politique sioniste ».

MEE s’est rapproché de Bouattia pour recueillir des commentaires.

L’appel à l’expulsion de diplomates

Cette révélation survient quelques jours après que des députés britanniques ont réclamé l’éviction des diplomates israéliens impliqués dans le scandale après qu’un responsable de l’ambassade a été filmé en train de déclarer qu’il « [ferait] tomber » des députés britanniques qui exprimaient des opinions anti-colonies.

Le responsable politique haut placé de l’ambassade d’Israël, Shai Masot, filmé par Al-Jazeera, a avoué aider à constituer des groupes politiques à travers le Royaume-Uni comme la branche de jeunesse des Conservative Friends of Israel (« Amis conservateurs d’Israël ») et diverses autres organisations.

Parmi les autres personnes liées à l’ambassade israélienne et impliquées dans la conspiration visant à évincer Bouattia figurent Michael Rubin, agent parlementaire pour l’organisation Labour Friends of Israel et ancien président de Labour Students (« Étudiants travaillistes »), une organisation politique étudiante liée au Parti travailliste. Dans un échange filmé à l’extérieur d’un pub londonien, Rubin a expliqué que Masot et lui « travaill[aient] de manière vraiment étroite... Mais cela se fait beaucoup en coulisses ».

Avant de devenir agent parlementaire de LFI, Rubin était président de Labour Students et a contribué à mener la campagne de Megan Dunn à la présidence de la NUS contre Bouattia, remportée par cette dernière.

L’opération d’infiltration a également permis de révéler qu’avant les élections de 2016 pour la présidence de la NUS, Brooks a organisé des réunions secrètes avec Rubin et Russell Langer, qui était directeur des campagnes de l’Union des étudiants juifs et qui aurait accepté des fonds du gouvernement israélien.

Al-Jazeera a contacté chaque personne nommée dans le documentaire afin de recueillir de plus amples commentaires.

MEE s’est également rapproché de Richard Brooks, de la NUS et de l’UJS pour recueillir des commentaires. Brooks nie catégoriquement toute forme de coopération avec le gouvernement israélien ou l'ambassade. 

À LIRE : Shai Masot, le Machiavel israélien pris la main dans le sac

Rubin est filmé en train de donner des directives à Robin pour rencontrer Brooks et Robbie Young, vice-président de la NUS et activiste éminent de la branche étudiante du Parti travailliste.

Filmé à l’extérieur d’un pub de Westminster, Rubin a indiqué à Robin que Young s’était vu accorder un voyage en Israël et qu’il était « vraiment bon au sujet d’Israël ».

« C’est un étudiant travailliste et il est vraiment bon au sujet d’Israël, en fait », a déclaré Rubin au sujet de Young. « Il est parti en voyage donc il a vu Israël. »

Toutefois, ni Brooks, ni Young n’ont fait part de leur voyage en Israël au conseil exécutif national de la NUS, qui est chargé d’obliger les agents du NUS à rendre des comptes.

MEE s’est également rapproché de Young afin de recueillir des commentaires.

Le boycott d’Israël approuvé par la NUS

Le mouvement BDS (« Boycott, désinvestissement et sanctions ») a gagné du terrain sur les campus à travers le Royaume-Uni au cours des dernières années.

La campagne menée sur les campus britanniques a poussé les universités à se désinvestir de sociétés telles que G4S et Veolia, qui sont accusées de profiter de l’occupation israélienne de la Cisjordanie.

Le ministère israélien des Affaires stratégiques s’est placé en première ligne des efforts visant à contrer la croissance mondiale du mouvement BDS.

Des enregistrements secrets révèlent l’influence israélienne sur le Parti conservateur britannique

En septembre, le ministre des Affaires stratégiques Gilad Erdan a décrit le Royaume-Uni comme le « centre » du mouvement BDS.

En 2014, le conseil exécutif national de la NUS a voté en faveur de la campagne BDS dans un climat d’inquiétude publique généralisée face à la détérioration de la situation à Gaza, suite à l’opération militaire dévastatrice lancée par Israël durant l’été de cette même année dans l’enclave côtière.

La NUS, qui représente plus de quatre millions d’étudiants, est connue pour être un terrain de formation pour les futurs responsables politiques du Parti travailliste.

D’éminents responsables politiques ont occupé auparavant le poste de président de la NUS, dont l’ancien secrétaire d’État aux Affaires étrangères Jack Straw et Wes Streeting, qui est aujourd’hui un jeune député travailliste.

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation

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