Une épidémie de diphtérie : la nouvelle menace mortelle qui plane sur le Yémen
Le Yémen, ravagé par la guerre, la faim et le choléra, connaît une recrudescence de cas de diphtérie qui débouchera inévitablement sur une épidémie plus importante et meurtrière en raison du peu de personnes vaccinées, ont déclaré mercredi des responsables humanitaires.
La diphtérie est une infection bactérienne transmise d’une personne à l’autre par des « gouttelettes, comme celles provenant de la toux ou des éternuements », selon le Centre de contrôle et de prévention des maladies des États-Unis.
La maladie crée une couche épaisse dans le fond de la gorge et peut être fatale.
Les enfants sont parmi les personnes les plus à risque : environ 280 cas suspects de diphtérie et 33 décès associés déclarés jusqu’à présent au Yémen concernent des enfants, a indiqué l’Organisation mondiale de la santé (OMS). La plupart n’avaient pas été vaccinés contre la maladie, a précisé l’organisation.
« Si rien n’est fait, la diphtérie peut causer des épidémies dévastatrices, affectant principalement les enfants »
- Tarik Jasarevic, porte-parole de l’OMS
« Si rien n’est fait, la diphtérie peut causer des épidémies dévastatrices, affectant principalement les enfants », a déclaré Tarik Jasarevic, un porte-parole de l’OMS, à la fondation philanthropique Thomson Reuters.
La guerre civile dans le pays, qui est situé à la pointe de la péninsule arabique, au sud de l’Arabie saoudite, a tué plus de 10 000 personnes et fait plus de deux millions de déplacés.
Une coalition militaire dirigée par l’Arabie saoudite qui combat le mouvement Houthi dans la guerre civile au Yémen a bloqué les ports le mois dernier, entraînant une flambée des prix alimentaires et des pénuries de carburant. Quelque 8,4 millions de Yéménites sont considérés comme faisant face à un risque immédiat de famine, ont déclaré lundi les Nations unies.
La propagation de la diphtérie est inévitable au Yémen en raison des faibles taux de vaccination, du manque d’accès aux soins médicaux et du grand nombre de personnes qui se déplacent et entrent en contact avec les personnes infectées, selon l’OMS et Médecins Sans Frontières (MSF).
La diphtérie se propage aussi facilement que le rhume, indiquent les autorités sanitaires.
Le Yémen lutte également contre une épidémie de choléra qui a infecté environ un million de personnes. L’épidémie, qui s’est aggravée en avril dernier, a fait plus de 2 000 morts, a déclaré l’OMS en octobre.
La diphtérie pourrait être plus mortelle que le choléra, en particulier chez les enfants non vaccinés de moins de 5 ans, prévient MSF.
Selon l’ONG, jusqu’à deux cas de diphtérie sur cinq ont une issue fatale.
« Il y a un risque d’épidémie de diphtérie à plus grande échelle, étant donné que tout le monde n’a pas été vacciné », a déclaré Marc Poncin, coordinateur de l’aide d’urgence pour MSF au Yémen.
Caroline Boustany, employée de l’International Rescue Committee, a jugé la situation « très inquiétante ». « Nous observons un pic de cas pour une maladie autrement très facilement évitable », a-t-elle déclaré à la fondation Thomson Reuters.
Bien que le blocus dirigé par l’Arabie saoudite se soit atténué, son impact a limité les réserves de carburant, de nourriture et de médicaments dont ont désespérément besoin les Yéménites, affirment les responsables humanitaires.
« Même pour les patients qui veulent se faire soigner, le blocus du carburant et la flambée des prix qui en découle font qu’ils ne peuvent pas se permettre de se rendre dans les rares centres de santé encore opérationnels », a expliqué Marc Poncin, de MSF.
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