Yémen : les rebelles houthis responsables de torture d’enfant et de décès en détention
Les rebelles houthis au Yémen ont arrêté de façon arbitraire, torturé et fait disparaître de force de nombreux opposants depuis qu'ils ont pris le contrôle de la capitale Sanaa en septembre 2014, a affirmé jeudi l'organisation Human Rights Watch (HRW).
HRW dit avoir répertorié deux morts en détention et onze cas de torture présumée, y compris des abus contre un enfant.
Selon HRW, ces cas figurent parmi des centaines de cas de « détention arbitraire » par les rebelles chiites houthis et leurs alliés – des troupes rebelles loyales à l’homme fort évincé Ali Abdallah Saleh.
Les rebelles se battent contre les forces gouvernementales soutenues par la coalition menée par l’Arabie saoudite, qui est intervenue en mars 2015 lorsque le président Abed Rabbo Mansour Hadi a fui en exil.
L'organisation de défense des droits de l'homme a appelé les autorités rebelles à Sanaa à « libérer immédiatement les personnes détenues illégalement et à engager des poursuites contre les responsables de mauvais traitements ».
« Le conflit avec la coalition menée par l'Arabie saoudite ne justifie en rien la torture et la disparition d'opposants présumés », a déclaré Sarah Leah Whitson, directrice pour le Moyen-Orient à HRW.
En août et septembre 2016, HRW s’est entretenu avec cinq anciens prisonniers et dix-neuf proches ou amis de ceux détenus à Sanaa et ailleurs au Yémen.
Depuis août 2014, HRW a documenté les détentions arbitraires ou abusives commises par les autorités basées à Sanaa d’au moins 61 personnes. Les autorités en ont depuis relâché au moins 26, mais 24 personnes sont toujours incarcérées et deux sont mortes au cours de leur détention.
De son côté, Mwatana, une organisation de défense des droits de l’homme au Yémen, a rapporté 53 cas de détention arbitraire et 26 cas de disparition forcée par les autorités basées à Sanaa. Amnesty International a documenté 60 cas de détention arbitraire ou disparition forcée.
Violents affrontements entre rebelles houthis et forces gouvernementales
La publication de ce rapport intervient alors qu’au moins 51 combattants ont été tués en 24 heures dans de violents affrontements entre rebelles houthis et forces loyalistes dans l'ouest du Yémen, et alors que les efforts de paix semblent s’effondrer, ont indiqué des sources militaires.
Les forces loyales au président Abd Rabbo Mansour Hadi affrontent depuis mardi les rebelles chiites houthis et les troupes alliées rebelles au nord-ouest du pays, près de la frontière avec l’Arabie saoudite.
Les affrontements se sont intensifiés après que les loyalistes ont lancé une offensive sur trois axes pour reprendre aux rebelles la ville côtière de Midi et Haradh, une localité voisine, selon les sources militaires.
Les loyalistes ont perdu au moins 15 de leurs hommes, ont ajouté ces sources, et ont fait état de 23 morts dans les rangs des rebelles.
« Nos opérations militaires se poursuivront pour (les) chasser », a déclaré à l'AFP le colonel Abdel Ghani al-Chubaili, un officier des forces pro-Hadi qui bénéficient de la couverture aérienne de la coalition arabe sous commandement saoudien.
Dans le sud-ouest, neuf rebelles et quatre soldats ont péri mercredi dans les combats qui font rage autour de Taïz, la troisième grande ville du Yémen, a indiqué une autre source militaire.
Dans cette ville aux mains des rebelles, les forces pro-Hadi ont réussi à se rapprocher du palais présidentiel et du QG de la police, situés dans l’est.
De fortes explosions ont secoué la ville à plusieurs reprises et les combats se sont intensifiés en fin de journée, selon des habitants.
Mardi, les combats à Taïz et dans ses alentours avaient fait 39 morts, dont cinq civils, 20 soldats et 14 rebelles, avaient indiqué des sources militaires.
Le conflit au Yémen a fait plus de 7 000 morts et près de 37 000 blessés, selon l'ONU, depuis que la coalition arabe a lancé une campagne militaire en mars 2015 pour soutenir le gouvernement contre les rebelles soutenus par l’Iran.
Des millions de personne ont besoin d’une aide alimentaire, et 21 millions de personnes ont besoin en urgence de services de santé, selon l’ONU.
L'intensification des combats est intervenue au lendemain de l'annonce par le secrétaire d'Etat américain John Kerry d'une nouvelle initiative de paix pour le Yémen prévoyant une trêve à partir de jeudi et un gouvernement d'union nationale, une offre rapidement rejetée par le gouvernement de Hadi.
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