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11 septembre : le FBI déclassifie un document à propos des liens des assaillants avec l’Arabie saoudite

Rien dans ce document, le premier d’une série, n’indique que le gouvernement saoudien était directement impliqué dans le projet, contrairement à ce qu’affirment les familles de victimes
Un drapeau américain recouvre la façade du Pentagone, à Washington D.C., pour commémorer le 20e anniversaire des attentats du 11-Septembre, tandis qu’un avion passe dans le ciel, le 11 septembre 2021 (AFP)
Un drapeau américain recouvre la façade du Pentagone, à Washington D.C., pour commémorer le 20e anniversaire des attentats du 11-Septembre, tandis qu’un avion passe dans le ciel, le 11 septembre 2021 (AFP)
Par MEE

Le FBI a déclassifié un document, premier d’une série, concernant les liens entre les assaillants du 11 septembre et l’Arabie saoudite mais ce document ne prouve en rien que le gouvernement saoudien était directement impliqué dans le projet, comme l’affirment les familles des victimes.

Suite au décret présidentiel de Joe Biden, le FBI a publié le document partiellement censuré samedi, jour du vingtième anniversaire des attentats au cours desquels 2 977 personnes ont été tuées par al-Qaïda à New York, en Pennsylvanie et en Virginie.

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Les familles des victimes sont parties prenantes de poursuites engagées contre l’Arabie saoudite et accusent le pays d’être impliqué. Sur les dix-neuf pirates de l’air du 11 septembre, quinze étaient des ressortissants saoudiens.

L’ambassade saoudienne aux États-Unis a salué la publication des documents et soutient que toutes les accusations de complicité saoudienne dans les attaques sont « malveillantes » et « catégoriquement fausses ».

L’Arabie saoudite fait depuis longtemps l’objet de spéculations concernant ses liens avec les assaillants du 11 septembre, bien que la commission d’enquête sur le 11 septembre n’ait découvert aucune preuve concernant l’implication de hauts responsables ou de membres du gouvernement.

Le document publié samedi n’établit aucun lien direct clair entre le gouvernement saoudien et les pirates de l’air.

Cependant, il détaille bel et bien des liens entre les pirates de l’air et des ressortissants saoudiens vivant aux États-Unis.

Transport, logement et financement

Ce document de seize pages montre les liens entre un homme, Omar al-Bayoumi, et deux des agents d’al-Qaïda, Khalid al-Mihdhar et Nawaf al-Hazmi.

Omar al-Bayoumi est un ancien fonctionnaire travaillant dans l’aviation civile qui était officiellement étudiant en Californie à l’époque.

Un recours déposé par les familles des victimes soutient qu’il agissait en tant que agent saoudien en 2000 et en 2001. Bayoumi prétend n’avoir été qu’une vague connaissance de Khalid al-Mihdhar et Nawaf al-Hazmi, lesquels faisaient partie de l’équipe qui a fait s’écraser le vol 77 d’American Airlines sur le Pentagone.

Omar al-Bayoumi a été interrogé ces derniers mois à propos de ces liens avec les attaques.

La source du mémo, connue sous le pseudo PII et interrogée en 2009 et 2015, expose en détail les correspondances et les rencontres entre Omar al-Bayoumi et les deux hommes après leur arrivée aux États-Unis en 2000

La source du mémo, connue sous le pseudo PII et interrogée en 2009 et 2015, expose en détail les correspondances et les rencontres entre Omar al-Bayoumi et les deux hommes après leur arrivée aux États-Unis en 2000.

Cette source prétend qu’Omar al-Bayoumi avait un « statut très élevé » au sein du consulat saoudien. 

« L’aide apportée par Bayoumi à Mihdhar et Hazmi a pris la forme de traduction, de moyens de transport, de logement et de financement », selon le document.

Khalid al-Mihdhar et Nawaf al-Hazmi auraient également rencontré Fahad al-Thumairy, un responsable du consulat saoudien à Los Angeles et l’imam de la mosquée du roi Fahd là-bas. Omar al-Bayoumi lui aurait rendu visite avant de rencontrer Mihdhar et Hazmi.

Fahad al-Thumairy assure n’avoir jamais rencontré les pirates de l’air mais des témoins auraient précédemment signalé aux agents du FBI l’avoir vu en leur compagnie. Après les attentats du 11 septembre, son visa diplomatique lui a été retiré en raison de suspicion de lien avec d’autres projets d’attentats.

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Le document du FBI suggère que Khalid al-Mihdhar et Nawaf al-Hazmi étaient en contact avec Omar al-Bayoumi, Fahad al-Thumairy et la source elle-même, lors du séjour des deux pirates de l’air en Californie.

Par leurs rencontres, leurs appels téléphoniques et d’autres contacts, le document établit aussi des liens entre Omar al-Bayoumi et Fahad al-Thumairy et Anwar al-Awlaki, idéologue d’al-Qaïda né aux États-Unis et tué par une frappe de drone américain en 2011.

Omar al-Bayoumi et Fahad al-Thumairy auraient tous deux quitté les États-Unis quelques semaines avant les attentats.

Deux décennies d’attente

Depuis longtemps, les familles des victimes font pression sur l’administration américaine pour qu’elle publie les documents relatifs aux investigations sur le 11 septembre. Trois présidents ont refusé de déclassifier le moindre document.

Jim Kreindler, l’un des principaux responsables du recours, estime que ce document valide l’assertion selon laquelle le gouvernement saoudien a aidé les pirates de l’air.

« Avec cette première publication de documents, les vingt années pendant lesquelles l’Arabie saoudite a compté sur le gouvernement américain pour couvrir son rôle dans le 11 septembre prennent fin », déclare Kreindler dans un communiqué, selon l’AFP.

D’autres dossiers devraient être publiés au cours des six prochains mois.

« Avec cette première publication de documents, les vingt années pendant lesquelles l’Arabie saoudite a compté sur le gouvernement américain pour couvrir son rôle dans le 11 septembre prennent fin »

- Jim Kreindler, un des principaux responsables du recours

Des familles de victimes ont récemment demandé à un organe de surveillance du gouvernement américain d’enquêter : ils soupçonnent le FBI d’avoir menti ou détruit des preuves liant Riyad aux pirates de l’air.

Cette demande, dans une lettre adressée à l’inspecteur général du département de la Justice Michael Horowitz, énonce qu’« au vu des circonstances, il est probable qu’un ou plusieurs responsables du FBI ont commis une faute délibérée dans l’intention de détruire ou de cacher des preuves pour éviter leur divulgation ».

En réaction aux atrocités du 11 septembre, le président américain George W. Bush a lancé une guerre qui « ne finira pas tant que chaque groupe terroriste de portée mondiale ne soit découvert, stoppé et vaincu ».

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Cette campagne est devenue célèbre sous le nom de « guerre contre le terrorisme » ou de « guerre sans fin » de l’Amérique. Bush déclarait à l’époque : « Les Américains ne doivent pas s’attendre à une seule bataille, mais à une campagne de longue haleine ne ressemblant à rien de ce qu’on a pu voir jusque-là. »

Cette guerre s’est étendue à travers le globe et a changé la face du Moyen-Orient. Au-delà des invasions à grande échelle en Irak et en Afghanistan, les Américains ont lancé des frappes aériennes et des attaques de drones ciblées contre des groupes militants en Somalie, au Yémen, au Pakistan et en Libye

Selon le programme « Cost of War » de l’université de Brown, plus de 387 000 civils ont été tués dans les combats engendrés par les guerres de l’après-11 septembre. Quant aux réfugiés de guerre et aux personnes déplacées, ils sont 38 millions. Les États-Unis mènent des activités de lutte contre le terrorisme dans 85 pays.

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.

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