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Algérie : alerte sur l’exploitation des mineurs sur les réseaux sociaux

Selon un journal algérien, de nombreux enfants sont incités par les adultes à produire des contenus sur les réseaux sociaux, avec tous les risques inhérents
Juristes et spécialistes dénoncent certains parents qui incitent leurs enfants à être très présent sur les réseaux sociaux (AFP)
Juristes et spécialistes dénoncent certains parents qui incitent leurs enfants à être très présents sur les réseaux sociaux (AFP)
Par MEE

De plus en plus de parents en Algérie, attirés par les gains et la célébrité, poussent leurs enfants à « produire » des « contenus » sur les réseaux sociaux, principalement TikTok et YouTube. C’est ce qu’explique dans une enquête le quotidien arabophone algérien Echourouk.

« De nombreux noms d’enfants, dont certains ne dépassent pas l’âge de 8 ans, sont devenus célèbres récemment sur TikTok et YouTube », écrit le journal, expliquant « leur exploitation par leurs familles [qui] s’est aggravée, en faisant rire les autres, ou en les éblouissant avec des paroles et certains comportements, ou certains talents ».

Le média pointe le fait que des enfants ont même été poussés à imiter des personnalités adultes et que cela les a également amenés à se parer de maquillage et de vêtements pour adultes.

Graves risques pour les enfants

Pour Abderrahmane Arrar, président du Réseau algérien pour la défense des droits de l’enfant, cité par Echourouk, il est urgent d’alerter sur le comportement de certains parents qui mettent en danger leurs enfants face aux risques des réseaux sociaux, notamment des « gangs qui activent sur le web » et qui se spécialisent dans la promotion de la drogue ou dans la prostitution.

« La loi algérienne interdit ce genre de comportements et les inscrit dans la case de l’exploitation des mineurs et leur incitation à la débauche, selon les articles 342 à 358 du code pénal », explique l’avocat Lakhlef Cherif.

« Beaucoup d’adolescentes ont été attirées vers le monde de la prostitution à cause de leur exploitation sur les réseaux sociaux »

- Malika Chikha, avocate

Pour ce juriste, exploiter les enfants sur les réseaux sociaux via la diffusion de contenu dont ils sont le sujet est une sorte de « mendicité indirecte » puisque cela ramène des fonds aux parents.

L’avocat cite aussi une autre situation, dans laquelle « des personnes mettent en scène de manière comique des enfants mendiants, c’est un délit grave ».

Pour sa part, le professeur Abdelhalim Madi, spécialiste de la psychologie de l’éducation, estime que rendre visibles les enfants sur TikTok « fait de ces mineurs des personnalités futures anormales ».

Ils « peuvent regretter, après avoir atteint l’âge de la majorité », d’avoir été utilisés pour appâter de nombreux followers. Le risque aussi, selon ce spécialiste, est de voir ces mineurs surenchérir en produisant davantage de contenus pour plaire à un maximum de followers « jusqu’à atteindre des seuils d’indécence qui ne correspondent pas à leurs âges ».

Sur une radio associative, l’avocate Malika Chikha affirme que « beaucoup d’adolescentes ont été attirées vers le monde de la prostitution à cause de leur exploitation sur les réseaux sociaux », tout en accusant les influenceurs adultes d’avoir incité les plus jeunes « aux gains faciles et à la célébrité ».

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