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Algérie : Amnesty International appelle le gouvernement à cesser de réprimer les droits et à libérer les journalistes incarcérés

Cet appel coïncide avec la visite en Algérie, jusqu’au 26 septembre, du rapporteur spécial des Nations unies sur le droit de réunion pacifique et la liberté d’association
Amnesty International rappelle que depuis deux ans, au moins douze journalistes et professionnels des médias ont été poursuivis, arrêtés et placés en détention (Amnesty International)
Amnesty International rappelle que depuis deux ans, au moins douze journalistes et professionnels des médias ont été poursuivis, arrêtés et placés en détention (Amnesty International)
Par MEE

« Aujourd’hui en Algérie, nul n’est à l’abri des griffes de la répression s’il ose exposer des critiques et s’exprimer avec courage : toute personne considérée comme une menace […], se retrouve en butte à des mesures de harcèlement et d’intimidation ou à une arrestation arbitraire. »

Pour Heba Morayef, directrice pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à Amnesty International, le bilan de l’Algérie en matière de droits humains nécessite une nouvelle alerte de l’ONG, qui appelle le gouvernement, dans un communiqué publié le mercredi 20 septembre, à « cesser de réprimer les droits et libérer immédiatement les journalistes incarcérés ».

Cet appel coïncide avec le lancement d’une nouvelle campagne destinée à mettre en lumière les répercussions de la répression qui s’abat sur les voix dissidentes courageuses.

Amnesty International rappelle que depuis deux ans, au moins douze journalistes et professionnels des médias ont été poursuivis, arrêtés et placés en détention.

Le 29 août, le tribunal de première instance de Constantine a condamné le journaliste algérien Mustapha Bendjama et le chercheur algéro-canadien Raouf Farrah à une peine de deux ans de prison et à une amende de 200 000 dinars algériens chacun (1 360 euros environ). Tous deux ont été condamnés sur la base d’accusations infondées, à savoir « publication d’informations classées secrètes » et réception de fonds étrangers dans l’intention de porter atteinte à l’ordre public.

Accusations infondées de terrorisme

Le 18 juin, la Cour d’appel d’Alger a alourdi une peine infligée au patron de presse algérien Ihsane El Kadi, en le condamnant à sept ans de prison, dont cinq ans ferme. Ihsane El Kadi était poursuivi au titre de l’article 95 bis du code pénal qui prévoit une peine de cinq à sept ans de prison pour, lui aussi, réception de fonds étrangers dans l’intention de porter atteinte à l’ordre public.

Une pétition pour réclamer sa libération, initiée par Reporters sans frontières, est toujours en cours. 

Algérie : peine alourdie en appel à sept ans de prison pour le patron de presse Ihsane El Kadi
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Les autorités invoquent également des accusations infondées de terrorisme contre des militants en raison de leurs actions, de leurs publications sur les réseaux sociaux ou de leur appartenance à des groupes considérés comme faisant partie de l’opposition.

C’est le cas de Mohad Gasmi, Mohamed Benhlima et Slimane Bouhafs. De dernier, un militant amazigh de 56 ans, converti au christianisme, est emprisonné en Algérie sur la base d’accusations de terrorisme « forgées de toutes pièces », selon Amnesty International, pour ses liens présumés avec le Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK).

Le Rassemblement actions jeunesse (RAJ), organisation de défense des droits humains, a été contraint à la dissolution et le Mouvement démocrate et social (MDS, gauche), un parti politique, a dû suspendre ses activités.

La plus ancienne organisation indépendante de défense des droits en Algérie, la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme (LADDH), a également fait l’objet d’une attaque ciblée.

En janvier, l’organisation affiliée à la LADDH à Tizi Ouzou a été fermée, l’accès au centre situé à Béjaïa a été bloqué et l’organisation a été dissoute à la suite d’une plainte déposée par le ministère de l’Intérieur en juin 2022.

Alors que le rapporteur spécial des Nations unies sur le droit de réunion pacifique et la liberté d’association se trouve en Algérie jusqu’au 26 septembre, Amnesty International appelle également les autorités à « entamer un dialogue constructif avec celui-ci pendant sa visite dans le pays, en veillant à ce qu’il puisse circuler librement et sans restriction et avoir des contacts confidentiels et non surveillés avec tous ceux qu’il souhaite rencontrer. Elles doivent s’assurer que les personnes avec qui il s’entretient ne subiront pas de représailles ».

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