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Algérie : le projet de statue géante de l’émir Abdelkader provoque moqueries et colère

La statue de 42 mètres sera inaugurée fin 2024 et installée sur une plateforme au-dessus de la mer, à côté du futur musée consacré à la vie de l’émir Abdelkader, figure de la résistance algérienne contre la conquête française
D’une hauteur de 42 mètres, la statue sera plus haute que le fort et la chapelle de Santa-Cruz (AFP/Ludovic Marin)
D’une hauteur de 42 mètres, la statue sera plus haute que le fort et la chapelle de Santa-Cruz (AFP/Ludovic Marin)
Par MEE

La polémique enfle à l’annonce d’un projet de statue géante représentant l’émir Abdelkader (1808-1883), figure de la résistance algérienne contre la conquête française, humaniste, grand soufi et fondateur de l’État algérien moderne.

C’est Saïd Sayoud, le wali (préfet) d’Oran (ouest), qui a fait cette annonce. « Le président de la République a accordé un financement de 1,2 milliard de dinars [8,2 millions d’euros] pour réaliser un musée doté d’une statue à l’effigie de l’émir Abdelkader, qui sera implanté sur le mont Murdjadjo », a-t-il déclaré le mercredi 24 mai lors d’une réunion avec des cadres locaux de l’administration, rapporte un média algérien.

Le wali a également précisé : « Nous avons déjà une idée bien précise de la conception de ce projet. D’une hauteur de 42 mètres, la statue sera plus haute que Santa-Cruz [fort et chapelle dominant Oran] et dépassera même la plus haute statue du monde, qui domine la ville de Rio de Janeiro au Brésil, de 39 mètres de hauteur. Ainsi, Oran sera dotée de la plus haute statue du monde. »

Une épée dotée d’un laser

Or, la plus grande statue du monde se trouve en Inde et non au Brésil. Il s’agit d’un monument à l’effigie de Sardar Vallabhbhai Patel, un des fondateurs de l’Inde moderne, qui culmine à 182 mètres.

D’après ce responsable, la statue sera inaugurée fin 2024 et installée sur une plateforme au-dessus de la mer, à côté du futur musée consacré à la vie de l’émir Abdelkader.

« L’épée de la statue sera dotée d’un laser qui sera dirigé vers la Qibla pour montrer aux fidèles la direction de La Mecque. Le cheval de la statue s’appuiera sur cinq supports en référence aux cinq piliers de l’islam », a détaillé le wali d’Oran.

Traduction : « Monsieur le Président Tebboune, tout le monde connaît la place importante de l’émir, fondateur de l’État algérien moderne, mais l’idée de construire cette statue avec 1,2 milliard de dinars ne nous sert à rien, car c’est un acte de la jâhilîya [période préislamique]. En revanche, il serait plus judicieux de consacrer ce budget pour construire [à Oran] une nouvelle ville de standard international avec ses écoles, ses universités, ses hôpitaux, ses gratte-ciels, son aéroport, son tramway, etc. Elle serait un pôle scientifique et religieux pour accueillir les grandes organisations africaines, arabes et maghrébines. »   

De son côté, le chef d’état-major de l’armée, Saïd Chengriha, a salué la décision du président Tebboune « d’allouer une enveloppe budgétaire pour ériger une statue qui immortalise la mémoire et l’histoire de ce grand héros ».

Sur les réseaux sociaux, des critiques ont fusé contre ce projet.

De nombreux commentaires attaquent le coût du projet et relativisent sa priorité au vu des besoins d’Oran et de ses habitants, notamment dans le secteur de la santé.

D’autres internautes ont appelé à rendre hommage différemment à cette grande figure de l’histoire algérienne.

Traduction : « À quoi bon ériger une statue qui serait la plus grande et la plus haute ? Si on voulait perpétuer l’image de l’émir, on pourrait lui rendre justice dans nos programmes scolaires et à travers la production cinématographique. »

L’annonce du wali d’Oran a également poussé une entreprise de construction et d’architecture à proposer un autre projet :

Traduction : « Un groupe d’architectes d’Oran a envoyé une lettre au wali et à l’État pour demander de réexaminer son projet en vue deconstruire une ''tour émir Abdelkader'' avec des bureaux d’affaires et d’investissements des entreprises. »

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