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Apple installe une plateforme régionale en Arabie saoudite

La décision du fabricant de l’iPhone intervient alors que la concurrence s’intensifie entre des États régionaux désireux d’attirer les multinationales
Le prince héritier d’Arabie saoudite Mohammed ben Salmane s’exprime en visioconférence à l’occasion de la Future Investment Initiative, le 28 janvier 2021 à Riyad (AFP)
Le prince héritier d’Arabie saoudite Mohammed ben Salmane s’exprime en visioconférence à l’occasion de la Future Investment Initiative, le 28 janvier 2021 à Riyad (AFP)
Par MEE

Apple a convenu d’installer sa plateforme de distribution pour le Moyen-Orient en Arabie saoudite : il s’agit d’un coup d’éclat pour le royaume, qui déploie sa première zone logistique spéciale dans le cadre de ses efforts visant à diversifier son économie de manière à ne plus dépendre des pétrodollars.

Le fabricant américain de l’iPhone s’installera dans la nouvelle zone économique saoudienne de 3 millions de mètres carrés, située près de l’aéroport de Riyad, selon le ministre des Transports et de la Logistique Saleh al-Jasser.  

L’Arabie saoudite a déclaré par le passé que les entreprises opérant dans le royaume devraient établir leur siège régional dans le pays d’ici 2024, sous peine de perdre des contrats

Cette zone exemptera la firme de certaines taxes et réglementations en matière de droit du travail. Des zones franches similaires, telles que le centre d’affaires Jebel Ali de Dubaï, sont employées par les États du Golfe pour attirer les investissements étrangers et la production industrielle.

Cette nouvelle zone ouverte par l’Arabie saoudite devrait accélérer la concurrence qui se joue avec ses petits voisins dans la course aux investissements. Elle intervient également alors que des pays secondaires, comme la Jordanie et l’Égypte, se présentent comme des alternatives dans le secteur de la production industrielle.

L’Arabie saoudite a déclaré par le passé que les entreprises opérant dans le royaume devraient établir leur siège régional dans le pays d’ici 2024, sous peine de perdre des contrats.

Avantages fiscaux

Les Émirats arabes unis constituent depuis longtemps une plaque tournante pour les multinationales qui cherchent à être actives dans le Golfe tout en échappant aux codes sociaux conservateurs de l’Arabie saoudite.

Le prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, a déployé une série de réformes sociales visant à rendre le pays plus attrayant pour les étrangers et les multinationales.

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Interdit dans le royaume, l’alcool devrait être autorisé dans les stations balnéaires de la mer Rouge dans le cadre du mégaprojet Neom. Cette vague de réformes a coïncidé avec une vive répression de la dissidence.

En plus d’une plateforme de distribution, Apple pourrait mettre en place des chaînes de montage et des postes de réparation, ainsi qu’une production industrielle légère, selon Saleh al-Jasser.

Selon des propos formulés par le ministre et relayés par Asharq TV, la zone logistique offrira des avantages fiscaux, notamment une exonération totale de l’impôt sur les sociétés pendant une période de 50 ans, une exonération de la TVA et un report des droits de douane.

Le royaume espère faire passer le fret aérien transitant par le pays de 0,5 million de tonnes aujourd’hui à 4,5 millions de tonnes à l’horizon 2030.

« Nous sommes déjà engagés avec vingt autres multinationales, et dans certains cas, nous sommes à un stade très avancé des négociations », a déclaré Saleh al-Jasser dans une interview.

L’implantation d’Apple en Arabie saoudite souligne à quel point le poids économique du royaume éclipse les tensions liées à la géopolitique et aux droits de l’homme

L’économie saoudienne est soutenue par les prix élevés du pétrole et devrait connaître une croissance de 9,9 % cette année, soit le taux le plus élevé parmi les économies du G20, selon la Banque mondiale.

L’implantation d’Apple en Arabie saoudite souligne à quel point le poids économique du royaume éclipse les tensions liées à la géopolitique et aux droits de l’homme. L’Arabie saoudite s’est débarrassée de son statut d’État paria, dont elle a été affublée à la suite de l’assassinat de Jamal Khashoggi, chroniqueur pour leWashington Post et Middle East Eye.

En parallèle, des dirigeants de sociétés occidentales ont côtoyé la famille royale et des responsables saoudiens lors du « Davos du désert », la conférence économique organisée par le royaume, balayant ainsi d’un revers de main les critiques de l’administration Biden à l’encontre de Riyad pour son soutien à la réduction de la production de pétrole décidée par l’OPEP+.

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.

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