Malgré son pétrole, l’Arabie saoudite double ses importations de mazout russe à prix réduit
L’Arabie saoudite, premier exportateur mondial de pétrole, a plus que doublé ses importations de mazout russe entre avril et juin afin d’aider les centrales électriques à répondre à la demande de refroidissement en période estivale et de libérer les stocks de brut du royaume destinés à l’exportation, a rapporté Reuters vendredi.
Compte tenu des sanctions imposées à la Russie à la suite de l’invasion de l’Ukraine, le pays vend son mazout à un prix réduit pour attirer les acheteurs.
Les données recueillies par Reuters à l’aide du système de suivi des navires Refinitiv Eikon montrent que l’Arabie saoudite a importé 647 000 tonnes (48 000 barils par jour) de mazout en provenance de Russie via des ports russes et estoniens au cours de la période avril-juin, contre 320 000 tonnes durant la même période en 2021.
L’Arabie saoudite n’est pas le seul pays à avoir profité de ce prix réduit, en dépit des sanctions. En mai, les importations chinoises de pétrole brut ont grimpé de 55 % par rapport à 2021, avec des expéditions équivalant à près de 2 millions de barils par jour, soit un quart de plus que les 1,59 million de barils par jour enregistrés en avril.
Ces remises ont permis au Kremlin de tirer environ 20 milliards de dollars de ses exportations de pétrole en mai.
L’augmentation des ventes de carburant observée après les sanctions internationales illustre le défi auquel est confronté le président américain Joe Biden, alors que son administration cherche à isoler la Russie et à réduire les revenus issus de ses exportations énergétiques.
Vendredi, Biden est arrivé en Arabie saoudite pour tenter d’obtenir du royaume une augmentation de l’offre de pétrole sur les marchés mondiaux, afin de faire baisser les prix du pétrole qui ont aggravé l’inflation dans le monde.
L’Arabie saoudite maintient pourtant sa coopération avec la Russie dans l’OPEP+, une alliance de producteurs mondiaux où les deux pays font figure de leaders de facto, respectivement auprès des producteurs OPEP et non-OPEP.
L’Arabie saoudite importe du mazout russe depuis plusieurs années : ces importations atteignent généralement un pic lorsque la demande de refroidissement augmente avec les températures estivales. Certaines villes d’Arabie saoudite sont éloignées des gisements de gaz naturel susceptibles de fournir un combustible plus propre pour la production d’électricité.
Le volume de pétrole brut brûlé est d’environ 600 000 barils par jour pendant les mois d’été et de 300 000 barils par jour pendant les mois d’hiver, selon les chiffres de la Joint Organisations Data Initiative.
Fujaïrah, plaque tournante pétrolière du Moyen-Orient située aux Émirats arabes unis, a reçu 1,17 million de tonnes de mazout russe depuis le début de l’année, selon le système de suivi des navires, contre 0,9 million de tonne durant la même période en 2021.
Les ministères russe et saoudien de l’Énergie ont refusé de commenter la hausse des importations de Riyad.
Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.
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