Fairuz ne chantera pas en Arabie saoudite, mais peut-être son… hologramme ?
À la question « l’argent a-t-il une odeur ? », Fairuz a répondu oui.
La diva libanaise de 88 ans, aux 80 albums et aux 150 millions de disques vendus dans le monde, a décliné une invitation à chanter lors de l’événement Trio Arabic Night, organisé en décembre 2022 à Riyad en Arabie saoudite (et salué comme un événement par de nombreux médias arabes), et une autre invitation aux Joy Awards, qui se sont tenus dans la capitale saoudienne fin janvier.
They just said no.
— Sunjeev Bery (@SunjeevBery) January 29, 2023
Thank you to Lebanese singer #Fairuz and @NICKIMINAJ for saying no to performing under Saudi Arabia's dictator.https://t.co/FywQnkV8Ie pic.twitter.com/FTvsujvwTQ
Traduction : « Elles ont juste dit non. Merci à la chanteuse libanaise Fairuz et à Nicki Minaj pour refuser de se produire dans l’Arabie saoudite d’un dictateur. »
Le refus de Fairuz de se produire dans le royaume « a fait éclater la bulle de libéralisme culturel ostensible que le prince héritier tentait de créer », a commenté le média israélien Haaretz.
Ce refus « a plutôt braqué les projecteurs sur les valeurs problématiques du royaume, qu’il a cherché à dissimuler par le music-washing », un terme désignant l’instrumentalisation par l’Arabie saoudite de stars susceptibles de lui procurer une légitimité et d’améliorer son image.
Un budget de 64 milliards de dollars
« Les invitations à se produire dans le royaume sont convoitées par les stars de la musique arabe en raison des sommes colossales engagées. Beaucoup sont prêts à normaliser l’Arabie saoudite et à ignorer les injustices perpétrées par le prince Mohammed [ben Salmane, MBS] », poursuit Haaretz.
Si les stars de la musique sont nombreuses à succomber aux pétrodollars – citons en vrac les Libanaises Nancy Ajram et Elissa, la Tunisienne Latifa Arfaoui, les Syriens George Wassouf et Assala Nasri, mais aussi Mariah Carey, Justin Bieber –, elles ne sont pas les seules.
En décembre 2021, l’aéroport de Riyad a vu affluer des jets privés en provenance de Londres, Berlin et Los Angeles, transportant plus de 200 DJ et musiciens, dont David Guetta et Tiësto, venus se produire à Soundstorm, un festival de musique électronique.
Les professionnels du cinéma ne sont pas épargnés : lors du Festival du film de la mer Rouge, le festival saoudien qui organisait sa deuxième édition du 1er au 10 décembre 2022, des célébrités telles que Clive Owen, Vincent Cassel et Hilary Swank ont répondu présents, tout comme Catherine Deneuve, qui a reçu une récompense pour l’ensemble de sa carrière.
D’autres en revanche choisissent de le boycotter. Ainsi, en soutien aux femmes saoudiennes et aux droits LGBTQI+ dans le royaume, la star du hip-hop Nicki Minaj, qui vit aux États-Unis, a annulé une représentation en 2019 lors d’un festival qui devait avoir lieu dans la ville de Djeddah.
En 2021, MBS a nommé un comité spécial doté d’un budget de 64 milliards de dollars pour développer une industrie locale du divertissement, des loisirs et du cinéma.
« Tout à son opération de charme visant à faire oublier sa vision des femmes, sa conception des droits de l’homme et l’idée qu’il se fait des journalistes [qu’il suffit de découper en morceaux quand ils refusent de servir la cause, tel Jamal Khashoggi], le royaume d’Arabie saoudite se targuait d’avoir organisé, le soir du réveillon à Riyad, rien de moins que le concert du siècle », ironise le magazine français Télérama en enfonçant le clou :
« Celle-là, il [le royaume] ne l’avait pas vu venir. Comme une claque magistrale assénée par la plus grande chanteuse du monde arabe », commente-t-il.
L'actualité est particulièrement anxiogène mais se réveiller sur le refus de la grande Faïruz d'un pont en or pour aller chanter pour MBS made my day 😍
— Abdullah Abaakil (@AbdullahAbaaki1) January 30, 2023
Reema Rahbany, la fille de Fairuz, a confirmé l’histoire dans les médias arabes et déclaré que sa mère n’apparaîtrait pas en Arabie saoudite. « Elle ne se produira qu’au Liban », a-t-elle déclaré.
Mais aujourd’hui, plusieurs médias arabes évoquent la possibilité que Fairuz se produise en Arabie saoudite par hologramme.
Selon d’autres sources, les Saoudiens prévoiraient d’envoyer au Liban une délégation officielle pour lui rendre hommage à son domicile à Beyrouth, comme l’avait fait le président français Emmanuel Macron en juillet 2020.
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