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Belgique : deux Suédois tués par un Tunisien radicalisé dans un contexte de profanations du Coran

Deux supporters de foot ont été tués dans une fusillade à Bruxelles lundi en début de soirée. Le suspect, un Tunisien de 45 ans en situation irrégulière, a aussi été tué par la police lors de son arrestation mardi matin
Le match Belgique-Suède a été arrêté à la mi-temps sur le score de 1-1, et les quelque 30 000 spectateurs ont dû patienter plusieurs heures sur place par mesure de sécurité (AFP/John Thys)
Le match Belgique-Suède a été arrêté à la mi-temps sur le score de 1-1, et les quelque 30 000 spectateurs ont dû patienter plusieurs heures sur place par mesure de sécurité (AFP/John Thys)
Par MEE

Alors que de nombreux Suédois se trouvaient à Bruxelles pour un match de football (Belgique-Suède, une rencontre de qualification pour l’Euro 2024) dans les quartiers nord de la capitale, deux supporters suédois ont été tués dans une fusillade juste avant la rencontre.

L’assaillant, à bord d’un scooter, vêtu d’un gilet jaune fluorescent et armé d’un fusil automatique, a ouvert le feu sur les deux hommes avant de prendre la fuite. Un chauffeur de taxi a également été « grièvement blessé mais serait hors de danger », selon les autorités.

Le suspect mortellement blessé lors de son interpellation

Selon Vincent Van Quickenborne, le ministre belge de la Justice, le suspect, Abdesalem L., est « un Tunisien de 45 ans qui a demandé l’asile » en Belgique en novembre 2019. Selon le quotidien belge Le Soir, il a reçu une demande négative moins d’un an plus tard. Radié de la commune de Schaerbeek en 2021, il n’a jamais reçu d’ordre de quitter le territoire. 

Il était connu des services de police pour des faits suspects – trafic d’êtres humains, séjour illégal et atteinte à la sûreté de l’État. Mais « il n’y avait aucune indication concrète de radicalisation », a précisé le ministre.

Plus tôt cette année, il avait toutefois été dénoncé à la police par l’occupant d’un centre d’asile de la région de la Campine (près d’Anvers), qui affirmait que le suspect l’avait menacé et qu’il avait été condamné pour terrorisme en Tunisie.

Le même ministre a indiqué qu’un service de police étranger avait informé en 2016 qu’Abdesalem L. avait un profil radical et serait candidat pour rejoindre les rangs du groupe État islamique (EI). Une information « comme il en existait des dizaines quotidiennement à l’époque », a tenu à souligner le ministre.

L’homme en question a été interpellé mardi matin dans la commune bruxelloise de Schaerbeek, où un immeuble avait été perquisitionné dans la nuit. « La police a ouvert le feu », a souligné le parquet fédéral, chargé des dossiers de terrorisme, qui a été saisi de l’enquête et, un peu plus tard dans la matinée, a annoncé que l’homme avait été abattu.

Une attaque revendiquée au nom de l’EI

Un message vidéo de revendication a été posté sur les réseaux sociaux par un homme « se présentant comme l’assaillant et se disant inspiré par l’État islamique », a souligné le parquet fédéral.

Le centre national de crise a été activé et la menace terroriste relevée au niveau 4, considérée comme « très grave » (niveau maximal) dans la région de Bruxelles, au stade 3 (« grave ») dans le reste du pays.

Les écoles européennes et certains établissements flamands resteront fermés mardi dans la capitale belge, selon les autorités.

La Belgique a déjà été frappée par des attentats de ce type : le plus meurtrier a été perpétré le 22 mars 2016, quand Bruxelles avait été frappée par une double attaque-suicide revendiquée par l’EI à l’aéroport de Zaventem et dans le métro en plein quartier européen. Il y avait eu 35 morts.

Cet attentat avait été commis par une cellule pilotée depuis la Syrie et déjà à l’origine des attaques du 13 novembre 2015 en France.

Une explication liée au Coran ?

La Suède, dont l’image s’était fortement dégradée cet été dans le monde musulman après plusieurs profanations du Coran autorisées sur son sol, avait décidé le 17 août de relever son niveau d’« alerte terroriste », estimant que la menace d’attentats « persistera[it] pendant longtemps ».

« À ce stade, aucun élément n’indique un lien potentiel » avec la guerre en Israël-Palestine, a encore souligné le porte-parole du parquet fédéral Eric Van Duyse.  

Le Premier Ministre a annoncé une présence policière renforcée partout dans la région bruxelloise, visant certains lieux spécifiques dont ceux accueillant des ressortissants suédois. Il a également appelé à une « vigilance au sens large ».

La France en alerte attentat, l’Italie sur ses gardes

L’attaque a été condamnée par plusieurs dirigeants européens. Le président français Emmanuel Macron a déploré une « attaque terroriste islamiste ». La France, qui est passée vendredi dernier en alerte « urgence attentat » après l’assassinat d’un enseignant poignardé dans un collège-lycée par un ancien élève radicalisé, a annoncé un renforcement de ses contrôles aux frontières.

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