Canada : Toronto lance une campagne visant à attirer l’attention sur la montée de l’islamophobie
Afin de sensibiliser à l’essor de l’islamophobie au Canada, la ville de Toronto a lancé une nouvelle phase de sa campagne annuelle « Toronto pour tous » pour lutter contre les sentiments et les préjugés anti-musulmans.
Lancée lundi, l’initiative d’éducation publique « Toronto pour tous » vise cette année à susciter le dialogue entre les habitants de Toronto sur ce sujet et à promouvoir le rejet des discriminations et du racisme dans la ville.
Cette 13e édition fournit au public des ressources pour se documenter sur l’islam, et son site web propose des liens vers des fiches d’information, des outils pour éducateurs et des livres pour enfants et adultes. Il met également à disposition des informations pour soutenir les personnes confrontées à l’islamophobie, ainsi que des opportunités pour celles et ceux qui souhaitent rejoindre une organisation musulmane.
« L’islamophobie continue d’être l’un des crimes de haine signalés dans notre ville. Pourtant, on a l’impression que ce n’est plus un problème », déclare un porte-parole de la ville de Toronto à Middle East Eye.
« Bien qu’il y ait eu une campagne sur l’islamophobie en 2016 au moment où le Canada et Toronto accueillaient un grand nombre de réfugiés syriens, la question de l’islamophobie continue d’être très répandue aujourd’hui. »
En 2016, le Canada a accueilli de nombreux réfugiés syriens. Entre novembre 2015 et février 2016, le pays a réinstallé 25 000 réfugiés syriens, mais cela ne s’est pas fait sans heurts.
Selon un sondage publié en 2016 par l’Ontario Council of Agencies Serving Immigrants et l’ONG Mass Minority, seulement un tiers des Ontariens interrogés avaient une impression positive de l’islam et plus de la moitié estimaient que ses doctrines dominantes encourageaient la violence, ce qu’ils notaient comme étant une anomalie par rapport aux autres religions.
« Ces sentiments trouvent un écho chez les réfugiés syriens dans l’Ontario, où l’acceptation coïncide souvent avec l’acceptation de l’islam », indique le sondage.
« Le Canada a un problème »
Plus récemment, un rapport d’un comité sénatorial canadien a conclu que l’islamophobie était « profondément » ancrée dans la société canadienne et que les femmes noires portant le hijab étaient les plus vulnérables.
Selon le rapport du Comité sénatorial permanent des droits de la personne, les groupes de haine d’extrême droite et anti-musulmans se multiplient, ainsi que les crimes de haine.
Les crimes de haine déclarés à la police contre les communautés musulmanes à travers le Canada ont augmenté de 71 % rien qu’en 2021, une année durant laquelle ont eu lieu en moyenne 8 incidents pour 100 000 musulmans, selon Statistics Canada.
« Le Canada a un problème », a déclaré en avril la présidente du comité, la sénatrice Salma Ataullahjan.
« Nous entendons parler de traumatismes intergénérationnels parce que de jeunes enfants en sont témoins. Les musulmans en parlent parce qu’il y a tellement d’attaques et qu’elles sont si violentes. »
En 2021, quatre membres d’une famille musulmane ont été tués par un homme qui les a renversés avec son véhicule alors qu’ils se promenaient le soir à London, dans l’Ontario.
En 2020, un gardien de mosquée a été tué dans la région de Toronto, et trois ans plus tôt, un homme armé a tué six musulmans dans une mosquée de Québec.
« Cette campagne ‘’Toronto pour tous’’ attire l’attention sur l’islamophobie dans notre ville et appelle les Torontois à la confronter et à l’éliminer », résume le communiqué de la ville.
Traduit de l’anglais (original).
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