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Maroc : le Sahara occidental déborde sur le sommet des BRICS

Rabat a démenti avoir déposé une candidature pour rejoindre l’organisation des pays émergents, attaquant au passage Pretoria pour sa position favorable à l’organisation d’un référendum d’autodétermination au Sahara occidental
L’Afrique du Sud a soutenu l’adhésion de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) à l’Union africaine en 1984 pendant que le Maroc s’y opposait, en argumentant que la RASD ne remplissait pas les critères requis (AFP/Ryad Kramdi)
L’Afrique du Sud a soutenu l’adhésion de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) à l’Union africaine en 1984 pendant que le Maroc s’y opposait, en argumentant que la RASD ne remplissait pas les critères requis (AFP/Ryad Kramdi)
Par MEE

La crise autour du Sahara occidental – le Maroc veut adopter un plan d’autonomie pour la région, sous sa souveraineté, et l’Algérie demande à ce que les Sahraouis s’expriment sur leur statut par référendum – a débordé sur le sommet des BRICS qui s’ouvre demain mardi jusqu’au 24 à Johannesburg en Afrique du Sud.

Tout a commencé le 7 août, quand Naledi Pandor, cheffe de la diplomatie sud-africaine, a fait savoir que 23 pays souhaitaient entrer dans les BRICS et que parmi eux figurait… le Maroc.

Sur cette liste, trois pays africains sont officiellement candidats à une adhésion : l’Algérie, l’Éthiopie et l’Égypte. Un des facteurs d’attraction est notamment la création par les BRICS d’une Nouvelle banque de développement (NDB) dont l’ambition est d’offrir une alternative à la Banque mondiale et au Fonds monétaire international.

Samedi 19 août, un responsable du ministère marocain des Affaires étrangères a démenti la candidature marocaine et la venue du Maroc au sommet via l’agence de presse officielle marocaine MAP, mais sous le couvert de l’anonymat : « La diplomatie sud-africaine s’est une fois de plus arrogée le droit de se prononcer sur le Maroc et ses relations avec les BRICS, sans consultation préalable. »

Et d’ajouter : « La question n’est pas liée à une initiative des BRICS ou de l’Union africaine, mais plutôt à une initiative de l’Afrique du Sud en sa qualité propre. Il est devenu clair que l’Afrique du Sud va dénaturer cet événement [le sommet] afin de poursuivre un dessein inavoué », a-t-il ajouté, notant que le Maroc « a exclu d’emblée toute réaction positive à l’invitation sud-africaine ».

Cet échange semi-officiel intervient dans un contexte diplomatique particulier : les relations entre Rabat et Pretoria connaissent des hauts et des bas en raison, essentiellement, de divergences politiques sur le dossier du Sahara occidental, l’Afrique du Sud étant alignée sur la position algérienne en faveur d’un référendum.

« Des agissements notoirement malveillants »

L’Afrique du Sud a, par exemple, soutenu l’adhésion de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) à l’Union africaine en 1984 (adhésion approuvée par vote en 2017 lors d’un sommet), pendant que le Maroc s’y opposait, en argumentant que la RASD ne remplissait pas les critères requis. Rabat avait d’ailleurs quitté l’organisation régionale avant d’y revenir en 2017.

La MAP précise que selon le responsable marocain, « l’Afrique du Sud a toujours manifesté une hostilité primaire vis-à-vis du royaume, et a pris de manière systématique des positions négatives et dogmatiques sur la question du Sahara marocain. Pretoria a ainsi multiplié, à titre national et au sein de l’Union africaine, des agissements notoirement malveillants à l’endroit des intérêts supérieurs du Maroc ».

Et la source autorisée du ministère de soutenir que la diplomatie sud-africaine est connue pour sa gestion légère, improvisée et imprévisible en matière d’organisation de ce genre d’événements.

Pourquoi les pays arabes veulent rejoindre les BRICS
Lire

Alors que les médias marocains distillent depuis quelques semaines en ligne des informations selon lesquelles la candidature de l’Algérie aux BRICS a été rejetée, le site d’informations algérien TSA propose à son tour une lecture de la réponse marocaine. Le Maroc, « furieux », « se vexe et s’en prend à l’Afrique du Sud », peut-on lire en ligne.

« L’avenir des relations du Maroc avec ce groupe [BRICS], qu’il s’agisse de leur nature ou de leur importance, s’inscrira dans le cadre général et les orientations stratégiques de la politique étrangère du Royaume, telle que définies par le roi Mohammed VI », précise encore la MAP.

Il est également rappelé que le royaume considère que « les forums multilatéraux ne doivent pas servir à encourager la division ou à s’ingérer dans les affaires internes d’États souverains, ni à créer des précédents qui pourraient, un jour, se retourner contre les initiateurs eux-mêmes ».

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