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Pour les Turcs, c’est à la rivalité entre les dirigeants de l’UE qu’il faut imputer le « Sofagate »

Des responsables turcs affirment à Middle East Eye que les représentant de l’équipe d’Ursula von der Leyen n’avaient donné aucune consigne lors de la préparation de la visite
La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen s’assoit sur un large canapé tandis que ses homologues masculins s’assoient dans le fond de la pièce, lors d’une réunion de haut niveau à Ankara, le 6 avril 2021 (Union européenne)
La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen assise sur un canapé loin de ses homologues masculins, lors d’une réunion de haut niveau à Ankara, le 6 avril 2021 (Union européenne)
Par Ragip Soylu à ANKARA, Turquie

La rencontre de haut niveau entre le président turc Recep Tayyip Erdoğan et les dirigeants de l’Union européenne (UE) à Ankara mardi s’est rapidement transformée en ce que les médias ont baptisé le « Sofagate ».

À l’origine de la polémique : il n’a pas été offert de siège à la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui a dû s’assoir sur un canapé situé plus loin.

Sur les réseaux sociaux, les internautes n’ont pas tardé à accuser le gouvernement turc de misogynie ou d’affront délibéré en voyant Erdoğan s’assoir près du président du Conseil européen Charles Michel à l’avant de la pièce.

Après un moment de gêne pendant lequel Ursula von der Leyen est restée debout, elle a pris place sur un canapé, à deux mètres de là.

Mais plusieurs responsables turcs ayant témoigné à Middle East Eye nient toute responsabilité pour cette « gaffe », affirmant que la faute revenait entièrement à la délégation européenne.

Ils pointent la rivalité au sein de l’UE entre Charles Michel et Ursula von der Leyen, généralement considérés comme égaux au sein de l’Union.

Selon un haut responsable turc, l’équipe de Charles Michel avait préparé la disposition des sièges à la présidence avant la visite. « Mais aucun représentant de l’équipe d’Ursula von der Leyen n’était présent », rapporte ce responsable. « Nous n’avons donc pas eu de consigne de leur part. »

Un autre responsable turc affirme que chaque arrangement de cette visite est le fruit de la collaboration avec les responsables de l’Union européenne, qui se sont rendus dans le pays avant le sommet.

« Un siège du même type et de la même taille »

Les responsables turcs se sont promptement excusés auprès de la présidente de la Commission européenne.

Le gouvernement aurait proposé à la délégation européenne une autre disposition des sièges lors du repas : Erdoğan devait s’assoir face aux deux dirigeants. Mais l’équipe de Charles Michel aurait rejeté cette proposition et seul ce dernier s’est finalement assis face à Erdoğan tandis qu’Ursula von der Leyen était, une fois de plus, mise de côté.

« L’équipe de Charles Michel a seulement accepté qu’Ursula von der Leyen ait un siège du même type et de la même taille », rapporte le premier responsable.

Traduction : « ‘’Hum’’ est le nouveau terme pour ‘’ce n’est pas ainsi que devrait être la relation entre l’UE et la Turquie’’. #GiveHerASeat #UE #Turquie #droitsdesfemmes. »

Les responsables de l’Union européenne n’ont pas répondu aux sollicitations de MEE sur cette affaire.

Le porte-parole de la Commission européenne Éric Mamer a déclaré à la presse mercredi qu’Ursula von der Leyen avait été surprise par l’incident, mais qu’elle avait choisi de donner la priorité au contenu plutôt qu’aux questions de forme ou de protocole.

« Il ne m’appartient pas d’essayer de juger ce qui est à l’origine du fait qu’on lui a offert un type de siège ou un autre », a-t-il indiqué.

Le site Politico a signalé mercredi que l’équipe de Charles Michel pensait que tout était conforme au protocole, Charles Michel étant plus haut dans l’ordre de préséance diplomatique, ce qui semble confirmer les informations des responsables turcs. Cependant, la porte-parole d’Ursula von der Leyen a insisté sur le fait qu’elle aurait dû être assise de la même manière que le président du Conseil européen.

Un responsable européen a confié à Politico : « Les Turcs n’ont pas voulu provoquer un incident, ils ont respecté le protocole, tout comme nous. »

Quoi qu’il en soit, les responsables turcs semblent irrités par le fiasco du canapé car ils aspirent à de meilleures relations et souhaitaient une séance photo fructueuse avec les principales personnalités de Bruxelles, tout en cherchant un terrain d’entente sur l’accord sur les réfugiés, l’union douanière et d’autres sujets.

« C’est un problème de leur fait », assure un troisième responsable turc. « Ils ont apporté leurs propres dissensions internes à Ankara. Ils auraient dû mieux organiser cette visite. »

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.

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