Aller au contenu principal

La Jordanie élimine le narcotrafiquant syrien Marai al-Ramthan

Marai al-Ramthan, un influent trafiquant de drogue syrien, notamment de captagon, a été ciblé par des frappes jordaniennes
Le captagon, amphétamine dérivée d’un médicament, est destiné essentiellement aux pays du Golfe, faisant de la Jordanie une voie de transit pour son commerce (AFP/Omar Hadj Kadour)
Le captagon, amphétamine dérivée d’un médicament, est destiné essentiellement aux pays du Golfe, faisant de la Jordanie une voie de transit pour son commerce (AFP/Omar Hadj Kadour)

Une frappe aérienne a tué lundi 8 mai un important narcotrafiquant et sa famille dans le sud de la Syrie, a rapporté l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), attribuant la frappe à la Jordanie voisine qui lutte depuis des années contre le trafic transfrontalier de stupéfiants.

« Toute mesure prise en vue d’assurer notre sécurité nationale ou d’affronter toute menace sera annoncée au moment opportun », s’est borné à affirmer le chef de la diplomatie jordanienne Ayman Safadi, sans confirmer ni nier cette frappe.

Les drogues constituent « une grande menace pour le royaume, la région et le monde », a-t-il ajouté, soulignant « l’augmentation des opérations de contrebande ».

Cette frappe devrait avoir un impact considérable sur les opérations de contrebande, a-t-il indiqué, ajoutant que plusieurs trafiquants de la région avaient fui leur domicile après le raid.

Des biens immobiliers, du bétail, une milice

« Marai al-Ramthan, sa femme et ses six enfants, ont été tués dans une frappe de l’aviation jordanienne » dans l’est de la province de Soueida, près de la frontière syro-jordanienne, a affirmé l’Observatoire basé au Royaume-Uni.  

« Al-Ramthan est considéré comme le trafiquant de drogues, notamment de captagon, le plus connu dans la région, et le contrebandier numéro un vers la Jordanie » depuis cette zone, a souligné l’OSDH qui dispose d’un vaste réseau de sources sur le terrain en Syrie. 

L’Arabie saoudite en guerre contre le fléau du captagon
Lire

Le captagon, amphétamine dérivée d’un médicament, est destiné essentiellement aux pays du Golfe, faisant de la Jordanie une voie de transit pour son commerce. 

« Personne ne pouvait faire passer quoi que ce soit à travers la frontière à l’insu de Ramthan », a déclaré à l’AFP un activiste de la province syrienne de Soueida, sous couvert d’anonymat.

Marai Rouwaished al-Ramthan, ancien éleveur de bétail, comptait dix décisions judiciaires jordaniennes contre lui dans des affaires de trafic de drogue.

Al-Ramthan était également accusé de faire travailler de force des jeunes hommes à Daraa et Soueida dans le réseau de contrebande qu’il dirige.

En juillet 2022, la cour de sûreté de Jordanie avait donné à al-Ramthan et à un certain nombre de personnes recherchées dix jours pour se rendre.

La même cour l’a également inculpé, ainsi que ses compagnons, pour crime d’importation d’une substance stupéfiante dans l’intention d’en faire le trafic.

Al-Ramthan, âgé d’environ 47 ans, était originaire du village d’Al-Shaab, situé dans le désert de Soueida, à environ 20 km au nord de la frontière syro-jordanienne, en Syrie et en Jordanie.

"

Avec des dizaines de membres de son clan, il a formé une milice armée qui effectue des tâches de sécurité dans le désert et s’occupe du trafic de drogue dans sa zone d’influence.

Al-Ramthan était très riche : il possédait des biens immobiliers et des restaurants à Damas, des centaines de têtes de bétail et de chameaux, et de nombreuses voitures, dont une blindée, qu’il aurait achetées au Hezbollah libanais, car il se déplaçait toujours entre Soueida, Damas et le Liban.

Une enquête de l’AFP en novembre avait révélé que le captagon avait fait de la Syrie un narco-État avec une industrie illégale de plus de dix milliards de dollars, qui soutient le régime du président Bachar al-Assad, mais aussi plusieurs de ses adversaires.

Un trafic de drogue devenu « plus organisé »

Le 1er mai, lors d’une rencontre réunissant des ministres arabes des Affaires étrangères à Amman, Damas s’est dit prêt à « renforcer la coopération » avec les pays voisins « affectés par le trafic de drogues et la contrebande à travers la frontière syrienne ». 

La Syrie coopérera avec la Jordanie et l’Irak pour identifier les sources de production de drogue et du trafic depuis ses frontières, avait alors indiqué un communiqué officiel publié à Amman à l’issue de la réunion.

Le captagon, cette amphétamine qui a nourri la colère de l’Arabie saoudite contre le Liban
Lire

Les trois pays s’engagent aussi, selon le communiqué, à « prendre les mesures nécessaires pour mettre fin aux opérations de contrebande ». 

L’année dernière, l’armée jordanienne avait fait état d’un trafic de drogue devenu « plus organisé » à travers la frontière syro-jordanienne, avec la protection de groupes armés.

Lors des deux premiers mois de 2022, Amman a déjoué des opérations de contrebande de plus de 16 millions de pilules de captagon, ce qui équivaut aux saisies effectuées dans le monde durant l’année 2021

La Jordanie a déjà mené des frappes ciblant des narcotrafiquants en Syrie, certaines remontent à 2014. 

Dimanche, la Ligue arabe a réintégré en son sein le régime syrien, qui avait été écarté de l’organisation en 2011 après le début de la guerre civile en Syrie.

Middle East Eye propose une couverture et une analyse indépendantes et incomparables du Moyen-Orient, de l’Afrique du Nord et d’autres régions du monde. Pour en savoir plus sur la reprise de ce contenu et les frais qui s’appliquent, veuillez remplir ce formulaire [en anglais]. Pour en savoir plus sur MEE, cliquez ici [en anglais].