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Dubaï, « ville du vice » : dans une série de vidéos, Marie s’infiltre montre l’envers du décor

Des prostituées par centaines, des travailleurs étrangers retenus contre leur volonté, des expatriés sans scrupules : la comédienne française a baladé sa caméra cachée dans Dubaï pour un documentaire choc en plusieurs volets
Pour Marie s’infiltre, Dubaï est « un eldorado pour dégénérés » (Instagram/@mariesinfiltre)
Pour Marie s’infiltre, Dubaï est « un eldorado pour dégénérés » (Instagram/@mariesinfiltre)
Par MEE

Marie a encore frappé. Sa nouvelle cible : Dubaï. Après un premier épisode consacré aux influenceurs, l’humoriste, comédienne et chanteuse française revient avec un deuxième opus : « Vice City ».

Sur les réseaux sociaux – dont son compte Instagram aux 369 000 abonnés –, Marie s’infiltre a publié la semaine dernière une vidéo d’une dizaine de minutes montrant ses pérégrinations dans la première ville des Émirats arabes unis, de plages en boîtes de nuit, de centres commerciaux en villas à visiter, à la recherche de témoignages tous plus désinhibés les uns que les autres.

« Toutes les conversations téléphoniques sont enregistrées. On entend ce que tu dis, on sait ce que tu fais. Si on te trouve avec de la drogue, on te supprime de Dubaï, on te supprime de la Terre », confie par exemple une jeune femme.

Entre caméras cachées et visages floutés, les propos recueillis contrastent avec l’image de paradis vendue sur les réseaux sociaux.

La caméra s’infiltre notamment dans les camps de travailleurs étrangers pour filmer la précarité dans laquelle sont retenus les ouvriers, dont les passeports sont confisqués : dans la cuisine, les poubelles débordent ; dans les sanitaires, la crasse dégouline ; dans les chambres sans fenêtre, ils dorment à six ; et dans les coursives, le linge sèche, posé sur les murets.

Le décor sordide est commenté par les travailleurs, qui racontent : « Les femmes sont interdites », « Je travaille du lundi au dimanche », « On n’a pas le droit de se reposer », « On ne peut pas rentrer chez nous ».

Au grand air, un expatrié francophone en maillot de bain confirme : une fois les travailleurs arrivés à Dubaï, « on les déporte comme dans un camp de concentration. On les met dans des pièces où il ne manque que les barreaux ».

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Ou plus glaçant encore : « Ici, quand un travailleur du bâtiment meurt, il n’est pas mort. Il est allé nager et il n’est pas revenu. »

Un autre expatrié qui bronze sur un bain de soleil en fumant un narguilé et à qui la jeune femme confie son « choc devant la situation des travailleurs » répond sans état d’âme : « On est là pour faire du social ? Non, on est là pour faire de l’argent. Ils [les travailleurs étrangers] gagnent quatre fois ce qu’ils gagneraient dans leur pays et, dans leur pays, ils n’ont pas de meilleure qualité de vie. Alors fais ton argent et ne t’occupe pas du reste. »

La condition des femmes n’y est pas beaucoup plus enviable. Plus ou moins assumés, les témoignages rapportent tous la même chose : Dubaï est une plaque tournante de la prostitution.

Dans une story Instagram, une prostituée raconte même à visage découvert avoir perçu 500 euros pour être restée 30 minutes avec un homme. « Et ça, on peut le faire plusieurs fois dans la soirée », insiste-t-elle en racontant sa technique : se poser dans un bar et attendre.

« En fait, même si [une fille] n’est pas une prostituée, par défaut elle va le devenir, c’est ça la Dubai life ! »

- Une jeune femme anonyme

Une prostituée dont le visage est flouté raconte gagner en une nuit « 7 000 dirhams », soit 1 600 euros.

« La plupart des filles qui arrivent à Dubaï, elles rencontrent beaucoup de mecs, des Émiratis, des Arabes et même des Européens qui veulent les payer pour ‘’have fun’’ [s’amuser] », raconte une autre femme au visage flouté. En fait, même si elle n’est pas une prostituée, par défaut elle va le devenir, c’est ça la Dubai life ! »

« Pour trouver des relations sérieuses ici, ça devient presque impossible », relève froidement une jeune femme. Selon elle, les hommes raisonnent ainsi : « Pourquoi je vais me casser la tête avec une fille qui travaille, une fille sérieuse, indépendante, alors que je peux trouver une Russe, une Ukrainienne très facilement, je l’emmène chez moi et puis c’est fini. »

Si Marie laisse en l’état les propos de ses interlocuteurs – un Libanais, des femmes voilées, des policiers, et même une employée d’une agence immobilière qui lui conseille de se rendre au restaurant Trump Golf Club pour faire « de très bonnes connaissances » –, elle apporte toutefois des éléments de contexte, comme une vidéo sur la princesse Latifa, qui s’était décrite comme une « otage » de son père, le cheikh Mohammed ben Rachid al-Maktoum, émir de Dubaï et Premier ministre des Émirats arabes unis.

Marie Benoliel de son vrai nom a d’abord développé son concept de caméra caché en France, où elle s’est infiltrée dans la Marche des fiertés, à un défilé Chanel – où la top model Gigi Hadid l’a expulsée – ou encore parmi les Gilets jaunes. En dépit des critiques, ses vidéos cumulent plusieurs millions de vues.

Le troisième et dernier film de la série sur Dubaï sortira le 25 avril.

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