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Égypte : la fatwa d’un érudit islamique autorisant le sacrifice d’oiseaux pour l’Aïd al-Adha suscite un tollé

Un professeur de l’université al-Azhar a suggéré que les Égyptiens pouvaient sacrifier des oiseaux au lieu du bétail utilisé traditionnellement alors que le pays est en plein crise économique
Un Égyptien vend des poulets dans un marché de rue du Caire, le 18 février 2006 (AFP)

Le poulet a de nouveau défrayé la chronique en Égypte.

Un professeur de jurisprudence comparée a émis une fatwa (décision religieuse) la semaine dernière autorisant le sacrifice d’oiseaux au lieu de bétail pour l’Aïd al-Adha face à la situation économique difficile que connaît le pays, provoquant un tollé généralisé.

Saad al-Din al-Hilali, de l’université al-Azhar, a déclaré dans une interview télévisée le 20 juin qu’il valait mieux « propager la culture du sacrifice des oiseaux plutôt que répandre la culture de l’emprunt et des versements afin d’acheter le sacrifice, à la lumière de la situation financière difficile de beaucoup. »

La déclaration de l’érudit est rapidement devenue un élément tendance sur Twitter, où de nombreux Égyptiens ont exprimé leur opposition. Des érudits islamiques ont accordé des interviews, affirmant que les décisions en la matière n’autorisaient que le sacrifice de bétail tels les chameaux, bovins, moutons et chèvres, citant le Coran, le livre saint de l’islam.

De nombreux Égyptiens ont adopté une approche satirique de la question, suggérant sarcastiquement que les ânes pouvaient être sacrifiés ou que les marchés et les magasins seraient remplis de poulets, de canards et d’oies au lieu de bétail pour l’Aïd al-Adha.

Traduction : « Les ânes peuvent aussi être sacrifiés. »

Quelques internautes ont également pris la défense du professeur, évoquant le coût de la vie.

Traduction : « C’est injuste de dire que Saad al-Hilali s’est trompé. Il dit cela car les circonstances – la cherté de la vie – ne permettent pas aux gens de faire le sacrifie ou la zakat [aumône]. »

Les musulmans qui en ont les moyens sont tenus de sacrifier un animal pour marquer l’Aïd al-Adha, la fête du sacrifice. Cependant, en raison de la flambée des prix de la viande, la tradition est devenue inaccessible pour de nombreux Égyptiens, d’où la référence de Hilali au fait que des Égyptiens ont recours à des paiements échelonnés pour acheter des animaux afin d’honorer la tradition.

Beaucoup en Égypte ont du mal à se nourrir et près de 60 % de la population vit en dessous ou juste au-dessus du seuil de pauvreté.

Ce n’est pas la première fois que la volaille domine le discours public concernant la crise du coût de la vie en Égypte. Plus tôt cette année, le gouvernement a suscité la controverse lorsqu’il a encouragé les citoyens à manger des pattes de poulet comme substitut économique et solution à court terme pour ceux qui sont touchés par la crise économique.

Certains Égyptiens se sont tournés vers l’élevage de leurs propres animaux pour en consommer les œufs ou pouvoir manger de la viande de temps en temps.

Conditions du sacrifice

Traditionnellement, les érudits islamiques, y compris ceux de Dar al-Iftaa, l’organe consultatif islamique égyptien, conviennent que l’animal sacrificiel (udhiya) pour l’Aïd al-Adha doit être du bétail.

Le raisonnement de Hilali sur le sacrifice d’oiseaux est basé en revanche sur « les opinions d’un certain nombre d’imams et de juristes de l’islam, qui l’ont autorisé et l’ont basé sur des preuves du Coran et de la sunna [tradition] ».

L’Aïd al-Adha, qui a lieu le 28 juin cette année, commémore une histoire du Coran dans laquelle le prophète Abraham (Ibrahim en arabe) était prêt à sacrifier son fils Ismail pour obéir à un ordre de Dieu.

Mais selon la croyance, Dieu lui aurait épargné ce terrible sacrifice en lui fournissant un bélier à abattre à la place.

Traduit de l’anglais (original).

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