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Racisme dans le football français : quel verdict pour l’affaire Slimani ?

La Commission de discipline de la Ligue française de football professionnel se réunit ce mercredi à la suite des propos racistes qu’aurait adressés le capitaine de Clermont Foot à Islam Slimani, attaquant emblématique de la sélection algérienne
L’attaquant algérien de Brest Islam Slimani (à gauche) et le défenseur français d’Ajaccio Cédric Avinel se disputent le ballon lors du match de Ligue 1 entre Brest et Ajaccio au stade Francis-Le Blé de Brest, le 18 septembre 2022 (AFP/Fred Tanneau)

Du haut de ses 34 ans et plus de 500 matchs professionnels (avec l’Algérie, le Portugal, l’Angleterre et la France), le meilleur buteur de l’histoire des Verts (41 buts, 89 sélections) Islam Slimani n’avait jamais connu pareille mésaventure.

Dimanche soir, lors du déplacement de son équipe, le Stade Brestois, à Clermont-Ferrand lors de la 12e journée de Ligue 1, l’attaquant algérien a rapporté à la mi-temps au quatrième arbitre les propos du capitaine du Clermont Foot, Johan Gastien.  

Des insultes détaillées après la victoire de son équipe (1-3). « Je trouve que c’est grave de nos jours de se faire traiter de sale blédard. Ça c’est grave, moi je suis fier d’être blédard, fier d’être Algérien. Ce n’est pas donné à tout le monde d’être algérien », a déclaré l’ancien buteur du CR Belouizdad.

Des paroles jusque-là cantonnées dans les tribunes par une « partie raciste de la France », comme l’avait expliqué Karim Benzema lorsqu’il avait été écarté de l’équipe de France. Au mois de février dernier, c’était au tour de l’ex-coéquipier d’Islam Slimani à Brest, Youcef Belaïli, d’être la cible de propos racistes provenant des tribunes.

Des tribunes aux pelouses

Que de telles insultes soient proférées par le capitaine de l’équipe adverse serait une offense d’autant plus sérieuse. « Si, avec toutes les caméras qu’il y a, on se fait insulter de ‘’sale blédard’’, c’est grave », a regretté en zone mixte le champion d’Afrique 2019.

Des accusations toutefois niées en bloc par Johan Gastien : « Jamais de ma vie je ne dirais ça […] Je sais ce que j’ai dit, les collègues sur le terrain ont entendu aussi ce qu’il s’est passé. »

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Islam Slimani, lui, persiste et signe « Je ne suis pas fou. Ça fait trois ans que je suis en L1, je n’ai jamais dit ça. C’est grave qu’il y ait des choses racistes comme ça en L1. Moi je l’ai entendu, c’est le plus important », répète-t-il inlassablement aux médias.

Pris à parti, le mois dernier, après avoir refusé de répondre aux questions pressantes des journalistes venus l’attendre à l’aéroport d’Alger, Islam Slimani est aujourd’hui largement soutenu. À commencer par son club. Le Stade Brestois a publié un communiqué de soutien à son joueur et rappelle qu’il « condamne depuis toujours toutes les formes de discrimination ou de racisme et ne saurait accepter de tels dérapages ».

Le Clermont Foot soutient en revanche son capitaine. « Le Clermont Foot 63 s’associe à Johan Gastien qui dément formellement avoir tenu les propos rapportés par Islam Slimani lors du match contre Brest ce dimanche 23 octobre », indique le communiqué du club.

Réunion de la Ligue, silence de la Fédération algérienne

Dans cette « guerre » des communiqués, le silence de la Fédération algérienne de football (FAF) intrigue en Algérie. D’autant que l’instance fédérale avait rapidement réagi dans le cas de Belaïli l’hiver dernier. « La FAF apporte son soutien indéfectible à l’international des Verts, Youcef Belaïli, qui a fait l’objet de propos xénophobes lors du match de championnat de Ligue 1 française », écrivait l’instance fédérale sur sa page Facebook officielle.

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En revanche, la Commission de discipline de la Ligue française de football professionnel (LFP) s’est saisie de l’affaire et se réunit ce mercredi à ce sujet. Ce ne sera pas la première fois qu’elle aura à traiter de cas de racisme et le verdict est attendu avec impatience par les fans de l’attaquant algérien.

En septembre 2020, la star brésilienne du PSG, Neymar, avait accusé le défenseur marseillais Álvaro González d’avoir proféré des insultes racistes lors d’un match. Les deux joueurs avaient alors évité une sanction pouvant aller jusqu’à dix matchs de suspension faute de preuves « tangibles ».

Concernant Slimani, la LFP devrait s’exprimer dans les jours à venir. Un jugement important dans le cadre de la lutte contre le racisme dans les stades français, à un peu plus d’une année des Jeux olympiques de Paris 2024.

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