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La dissolution de la Coordination contre le racisme et l’islamophobie « rappelle » celle du CCIF

Les partisans de la Coordination contre le racisme et l’islamophobie estiment que le Conseil d’État s’appuie sur les propos tenus par des tiers sur les réseaux sociaux pour bâillonner les acteurs de la lutte contre l’islamophobie en France
Vendredi 10 novembre, la plus haute juridiction administrative française s’est prononcée sur la dissolution de quatre associations décidée en juin par le gouvernement (AFP/Stefano Rellandini)
Vendredi 10 novembre, la plus haute juridiction administrative française s’est prononcée sur la dissolution de quatre associations décidée en juin par le gouvernement (AFP/Stefano Rellandini)
Par MEE

« Quelle horreur de voir la même rhétorique ubuesque – utilisée à l’époque pour dissoudre le Collectif contre l’islamophobie en France [CCIF] – à nouveau instrumentalisée pour dissoudre la Coordination contre le racisme et l’islamophobie. »

La députée de La France insoumise (LFI, gauche radicale) Andrée Taurinya, aussi vice-présidente du groupe d’amitié France-Palestine, a été une des rares politiques à réagir à la décision du Conseil d’État. 

Vendredi 10 novembre, la plus haute juridiction administrative française s’est prononcée sur la dissolution de quatre associations décidée en juin par le gouvernement en conseil des ministres.

Elle a rejeté la dissolution du collectif écologiste Les Soulèvements de la Terre mais a validé celles de l’Alvarium, un groupuscule d’ultradroite, dissous le 17 novembre 2021, du Groupe antifasciste Lyon et environs (GALE), dissous le 30 mars 2022, et de la Coordination contre le racisme et l’islamophobie (CRI), dissoute le 20 octobre 2021.

La CRI a publié des propos tendant « à imposer l’idée que les pouvoirs publics, ou encore de nombreux partis politiques et médias, seraient systématiquement hostiles aux musulmans et instrumentaliseraient l’antisémitisme pour leur nuire », a argumenté le Conseil d’État.

« Ces publications ont suscité de nombreux commentaires haineux, antisémites et injurieux sans que l’association ne tente de les contredire ou de les effacer », a déploré la juridiction administrative.

« Les motivations derrière cette dissolution demeurent énigmatiques, ce qui soulève des préoccupations sérieuses quant à la préservation du droit d’association », a commenté la CRI après la décision du Conseil d’État. « Il semble que notre association ait été ciblée en raison de son analyse et de ses prises de position franches et sans compromis, dénonçant l’instrumentalisation de la lutte contre l’antisémitisme pour promouvoir l’islamophobie. »

« Malgré l’annulation des Soulèvements de la Terre, l’argumentaire du Conseil d’État pour préciser le champs d’application de la loi ''séparatisme'' de juillet 2021 offre une latitude importante pour agir contre les associations », a commenté la Ligue des droits de l’homme (LDH) sur X.

« Hypocrite »

À la suite de la dissolution de la CRI en octobre 2021, avec le Groupe d’information et de soutien des immigré(es) (GISTI), la LDH avait introduit une intervention volontaire au soutien du recours en annulation du décret prononçant la dissolution.

Les associations avaient invoqué un vice de forme fondé sur la violation de l’obligation de procédure contradictoire et soulevé l’atteinte à la liberté d’association.

Pour Révolution permanente, organisation politique trotskyste fondée en 2022, les dissolutions validées par le Conseil d’État représentent « des précédents graves sur la base de la loi séparatisme ».

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« L’argumentaire de la dissolution de l’Alvarium, agitant la protection des étrangers et des personnes musulmanes contre l’extrême droite, est d’autant plus hypocrite que la dernière décision rendue jeudi confirme la dissolution de la CRI. Comme pour le GALE, le motif avancé pour la dissolution est celui de ''provocations à des agissements violents à l’encontre des personnes et des biens''. » 

Or, souligne Révolution permanente, comme pour le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF, dont la dissolution a été validée par le Conseil d’État le 24 septembre 2021), ce dernier « s’appuie donc exclusivement sur l’attribution fallacieuse de propos tenus par des tiers sur les réseaux sociaux pour bâillonner les acteurs de la lutte contre l’islamophobie en France ».

Les Soulèvements de la Terre ont aussi réagi en jugeant que la dissolution du GALE et de la CRI « constitue un dangereux précédent » car elle « avalise une définition extrêmement large de la notion de provocation ».

« Ainsi, il suffit qu’un mouvement antiraciste dénonce l’islamophobie pour se voir dissout. Il suffit qu’un mouvement antifasciste dénonce et critique les récurrentes violences policières et l’hégémonie de l’extrême droite pour qu’il n’ait plus de droit d’être », a souligné l’association.

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