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France : les mea culpa de l’écrivain Michel Houellebecq sur l’islam et les musulmans

Dans un livre autobiographique, Michel Houellebecq annonce présenter ses « excuses » aux musulmans à la suite de ses déclarations critiques envers eux et l’islam
La Grande mosquée de Paris avait déposé plainte en décembre 2022 contre Michel Houellebecq suite à ses propos qualifiés de « provocation à la haine contre les musulmans » (AFP/Guillaume Souvant)
La Grande Mosquée de Paris avait déposé plainte en décembre 2022 contre Michel Houellebecq après ses propos qualifiés de « provocation à la haine contre les musulmans » (AFP/Guillaume Souvant)
Par MEE

L’écrivain français Michel Houellebecq refait parler de lui à l’occasion de son premier récit autobiographique, où il se pose en victime d’un réalisateur de films pornographiques néerlandais... et de ses propres errements.

Quelques mois dans ma vie, octobre 2022-mars 2023, qui paraît ce mercredi aux éditions Flammarion, est un texte à part dans l’œuvre de l’un des auteurs francophones les plus connus au monde. Car, pour une fois, ce n’est pas de la fiction.

Deux affaires ont ponctué ces six mois. D’abord, les propos islamophobes qu’il a tenus dans la revue Front populaire, puis l’épisode inattendu du film pornographique Kirac 27, dans lequel il apparaît.

Michel Houellebecq se dit dans les deux cas victime, d’abord de sa propre bêtise ou naïveté, ensuite de la cupidité de ceux qui exploitent sa notoriété.

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Le romancier admet avoir abîmé son image sans y gagner un seul centime.

« J’avais atteint, à titre personnel, la quasi-perfection de la connerie », note-t-il au sujet de son incapacité à se faire payer pour le très long entretien avec le philosophe français Michel Onfray publié fin 2022. Comme le numéro s’est bien vendu, « d’après mon agent, mon manque à gagner s’élevait à peu près à 225 000 euros ».

Mais pire, il se reproche de n’avoir pas compris, en relisant l’entretien, qu’il franchissait la ligne jaune avec ses imprécations contre les musulmans de France et leur supposée violence.

« Je présente mes excuses à tous les musulmans que ce texte a pu offenser – c’est-à-dire, j’en ai bien peur, à peu près tous les musulmans », avance-t-il dans son livre.

Revenu sur ses propos les plus virulents, et désireux de faire retirer de la vente le numéro de Front populaire en question, il n’y est pas parvenu.

Dans un récent entretien avec le magazine Le Point, l’écrivain tente une sorte de mea culpa : « Je pense de plus en plus que le problème n’est pas l’islam, c’est la délinquance. Les délinquants le sont parce que leur nature les porte vers le mal et, lorsqu’ils s’engagent dans le djihad, c’est pour pouvoir faire encore plus de mal, l’islam n’est qu’un prétexte. Ils peuvent avoir accès à des armes sérieuses, introuvables en banlieue, ils peuvent torturer et décapiter, ils sont heureux. »

« Le voile ne [l’a] jamais vraiment dérangé »

Dans la même interview, Houellebecq abonde dans ce sens : « J’ai été pris dans une bêtise collective, il y a tout un discours qui s’est développé sur un lien entre islam et délinquance qui est simplement faux. La pratique assidue d’une religion, quelle qu’elle soit, ne conduit pas à la délinquance, ce sont deux chemins de vie radicalement divergents.

« Par ailleurs, la lecture du Coran m’a laissé penser que l’interprétation salafiste de l’islam, celle qui est de règle par exemple en Arabie saoudite, est la plus juste, mais qu’elle n’inclut pas l’obligation du djihad guerrier. Les choses sont séparées sur le plan géographique : il y a le domaine de l’islam, il y a le reste du monde, et l’extension du domaine de l’islam n’est pas une obligation du croyant. »

Dans ce même entretien, l’auteur de Soumission déclare que « le voile ne [l’a] jamais vraiment dérangé ». « Je parle du voile ordinaire, pas de la burqa. Mais, avec le burkini, c’est devenu vraiment ridicule. On devinera sans peine que ce n’est pas mon maillot de bain favori. Mais en quoi est-ce que ça me dérange de voir des femmes en burkini à la plage ? En quoi est-ce que ça m’agresse ? », développe-t-il.

« J’ai été pris dans une bêtise collective, il y a tout un discours qui s’est développé sur un lien entre islam et délinquance qui est simplement faux »

- Michel Houellebecq, écrivain

Pour rappel, la Grande Mosquée de Paris avait déposé plainte en décembre 2022 contre Michel Houellebecq à la suite de ses propos lors de l’interview avec le philosophe Michel Onfray, qu’elle qualifiait de « provocation à la haine contre les musulmans ».

L’écrivain y assurait que « le souhait de la population française de souche, comme on dit, ce n’est pas que les musulmans s’assimilent, mais qu’ils cessent de les voler et de les agresser. Ou bien, autre solution, qu’ils s’en aillent ».

Il prédisait aussi des futurs « Bataclan à l’envers » à l’égard des musulmans, en référence aux attentats du 13 novembre 2015 à Paris.

En 2001, il déclarait au magazine Lire : « La religion la plus con, c’est quand même l’islam. Quand on lit le Coran, on est effondré… effondré ! La Bible, au moins, c’est très beau, parce que les juifs ont un sacré talent littéraire… Ce qui peut excuser beaucoup de choses. »

Poursuivi par plusieurs ONG de défense des droits de l’homme pour racisme et islamophobie, Houellebecq a été innocenté par la justice, qui lui a reconnu le droit de la critique des religions. 

Et même face à sa propre mère Lucie Ceccaldi, qui fut militante communiste, il n’avait pas hésité, en commentant la guerre du Golfe de 1991, de lancer, en ciblant les Arabes : « il faudrait tous les brûler ».

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