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France : intellectuels, médias et politiques attaquent un collectif qualifiant Sylvain Tesson d’écrivain d’« extrême droite »

Quelque 1 200 signataires d’une tribune rejettent la nomination de l’auteur à succès comme parrain de la prochaine édition du Printemps des poètes. Mais des personnalités parmi les plus médiatiques assurent sa défense
Dans la tribune parue dans Libération, Sylvain Tesson y est décrit comme une « icône réactionnaire » qui viendrait « renforcer la banalisation et la normalisation de l’extrême droite dans les sphères politique, culturelle, et dans l’ensemble de la société » (AFP/Valery Hache)
Dans la tribune parue dans Libération, Sylvain Tesson y est décrit comme une « icône réactionnaire » qui viendrait « renforcer la banalisation et la normalisation de l’extrême droite dans les sphères politique, culturelle, et dans l’ensemble de la société » (AFP/Valery Hache)
Par MEE

Pour ou contre Sylvain Tesson ? L’une des figures du monde littéraire français se retrouve au cœur d’une polémique après sa nomination, début janvier, comme parrain de la 25ᵉ édition du Printemps des poètes, prévue du 9 au 25 mars.

Cette désignation a provoqué l’indignation d’un collectif de quelque 1 200 poètes, éditeurs, libraires, bibliothécaires, enseignants et acteurs de la scène culturelle.

Vendredi 19 janvier, ils ont signé une tribune publiée dans Libération pour exprimer leur rejet de ce choix.

« La fin de l’année 2023 a signé le glissement du second mandat d’Emmanuel Macron, un président auto-désigné comme ‘’ni de droite ni de gauche’’, vers un projet politique plus que jamais proche de l’extrême droite, illustré notamment par le vote de la nouvelle loi sur l’immigration – revendiquée comme une « victoire idéologique » par Marine Le Pen – et marqué par une idéologie réactionnaire où les changements sociaux, pourtant inhérents à toute société démocratique, incarnent un danger », est-il écrit.

Les signataires reprochent à Sylvain Tesson la préface d’un ouvrage « de référence de l’extrême droite, Le Camp des saints, de Jean Raspail, qui n’est autre qu’une dystopie raciste sur l’immigration », et des propos qui en feraient une « figure de proue de cette ‘’extrême droite littéraire’’, aux côtés de Michel Houellebecq et Yann Moix ».

L’écrivain voyageur de 51 ans raconte ses expéditions dans une vingtaine d’ouvrages comme Une Vie à coucher dehors, Goncourt de la nouvelle en 2009.

En 2014, après avoir chuté en escaladant une maison sous l’emprise de l’alcool à Chamonix, il passe huit jours en coma artificiel. Une partie du visage paralysé, il raconte cette expérience en 2014 dans Sur les chemins noirs, porté à l’écran l’an dernier avec Jean Dujardin. Sylvain Tesson est également l’auteur de La Panthère des neiges, le récit d’un voyage sur les hauts plateaux du Tibet, Prix Renaudot, vendu à plus de 500 000 exemplaires. 

Des « ratés », des « losers », de la « racaille »

Aussitôt publiée, la tribune s’est retrouvée dans une tempête de critiques. Ses détracteurs accusent les signataires de ne pas être connus du grand public et, donc, peu légitimes. Des « ratés », des « losers », de la « racaille ».

Pour défendre ce qu’il considère comme « l’un de nos plus beaux esprits d’aujourd’hui », ce lundi 22 janvier, un autre collectif d’intellectuels, menés par Daniel Salvatore Schiffer et parmi lesquels figurent Pascal Bruckner, Luc Ferry ou Dominique Schnapper, a rétorqué, toujours dans une tribune, cette fois via L’Express.

Ils voient dans « cette injustifiable cabale […], le déplorable mais dangereux effet pervers, au vu de ce qui apparaît là comme un nouveau type d’inquisition, de cet insidieux poison doctrinaire, sectaire et rétrograde, sinon réactionnaire par-delà même ses louables intentions émancipatrices de départ, de ce que l’on appelle communément le ‘’wokisme’’ ».

Des membres de la classe politique ont aussi pris parti pour l’écrivain.

À droite, la nouvelle ministre de la Culture Rachida Dati a tweeté à son secours, tout comme le président des Hauts-de-France Xavier Bertrand. Le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a dénoncé « l’exclusion sectaire d’une plume aventureuse ».

L’écrivain a été notamment défendu par des journalistes comme Pascal Praud, Éric Naulleau, Marion Van Rentergherm ou encore Eugénie Bastié.

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