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En promouvant les Hijabeuses, la marque Sephora fait hurler la droite française 

#BoycottSephora contre #MerciSephora : la dernière vidéo de l’enseigne, propriété du groupe de luxe français LVMH, relance une polémique inusable en France, celle sur le port des signes religieux dans l’espace public
Sephora propose une « rencontre avec l’équipe des Hijabeuses », ce collectif créé en mai 2020 pour défendre le droit des joueuses de football de porter le voile lors des matchs officiels en France (Instagram/@sephorafrance)
Sephora propose une « rencontre avec l’équipe des Hijabeuses », ce collectif créé en mai 2020 pour défendre le droit des joueuses de football de porter le voile lors des matchs officiels en France (Instagram/@sephorafrance)
Par MEE

Boycotter la chaîne de magasins de produits cosmétiques Sephora : voilà le nouveau hashtag devenu tendance qui se propage sur le X français depuis deux jours.

Entre les internautes qui témoignent avoir jeté leur carte de fidélité à la poubelle et ceux qui promettent de ne jamais plus rien acheter « chez Sephora qui soutient la propagande des Frères musulmans », les commentaires ne sont pas tendres à l’égard de l’enseigne.

Ce qui a provoqué cette colère ? Une vidéo, qui cumule plus de 30 000 « j’aime », dans laquelle Sephora propose une « rencontre avec l’équipe des Hijabeuses », ce collectif créé en mai 2020 pour défendre le droit des joueuses de football de porter le voile lors des matchs officiels en France.

Et l’enseigne, propriété du groupe de luxe français LVMH, partenaire premium des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, de préciser dans le post : « Ces femmes qui prônent le dépassement de soi, l’esprit d’équipe et de combativité, et l’inclusion. Nous les avons suivies, de leur routine beauté jusque sur le terrain de football. C’est aussi ça The Unlimited Power of Beauty. »

Dans la vidéo, on entend par exemple Khadija, 26 ans, d’origine malienne, conseillère clientèle, expliquer que dans les autres clubs de football, elle ne se sentait « pas forcément à [sa] place », laissant entendre qu’elle se sentait stigmatisée.

La comparaison avec l’Iran

La classe politique française de droite et d’extrême droite s’est tout de suite emparée du clip pour dénoncer, comme Nicolas Dupont-Aignan (Debout La France, extrême droite), le fait que Sephora défende le hijab « alors qu’il est interdit dans le sport ».

Il compare aussi le port du voile en France à la situation des femmes en Iran, où une jeune femme, Mahsa Amini, est morte pour avoir enfreint les règles relatives au port obligatoire du hijab. Un argument souvent utilisé par la droite pour expliquer que le voile est un objet d’asservissement des femmes.

En juin, le Conseil d’État avait maintenu l’interdiction du port du hijab dans le football féminin, contre l’avis de son rapporteur public, qui avait préconisé son autorisation et déclenché une polémique dans la classe politique. 

Dans un épilogue judiciaire à une nouvelle affaire liée aux signes religieux dans l’espace public, sujet de débat récurrent en France, le juge administratif suprême avait jugé que la Fédération française de football (FFF) pouvait édicter les règles qu’elle estime nécessaires au « bon déroulement » des matchs. Et qu’à ce titre, elle était fondée à interdire le port du hijab sur les terrains. 

Les Hijabeuses avait contesté en justice la légalité de l’article 1 du règlement de la FFF, qui prohibe depuis 2016 « tout port de signe ou tenue manifestant ostensiblement une appartenance politique, philosophique, religieuse ou syndicale ».

Le collectif s’appuyait notamment sur les règles de la FIFA (Fédération internationale de football) qui autorisent depuis 2014 les joueuses à évoluer en compétition internationale avec leur voile.

Face à ces réactions « islamophobes de la fachosphère », d’autres internautes ont décidé de répondre par le hashtag #MerciSephora

Les pro-Sephora défendent l’idée que toutes les femmes ont le droit de prétendre à être belles et à prendre soin d’elles, félicitent la marque de donner de la visibilité à ces jeunes filles et d’inclure toutes les femmes.

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