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France : la polémique « football et Ramadan » rebondit

La Fédération française de football a fixé cette année un cadre général pour interdire la pratique du jeûne pendant les matches, une décision déjà prise l’an dernier, cette fois élargie à toutes les sélections nationales
Mahamadou Diawara, jeune milieu de l’Olympique lyonnais (OL), a d’abord été appelé en équipe de France U19, avant d’être finalement remplacé par le Nantais Dehmaine Tabibou Assoumani (Facebook)
Mahamadou Diawara (en photo), jeune milieu de l’Olympique lyonnais (OL), a d’abord été appelé en équipe de France U19, avant d’être finalement remplacé par le Nantais Dehmaine Tabibou Assoumani (Facebook)
Par MEE

Le quotidien L’Équipe a révélé mardi 19 mars que la Fédération française de football (FFF) avait mis en place, au début du Ramadan, un nouveau « cadre général » réglementant la pratique du jeûne dans les sélections nationales.

En clair, les horaires des séances, des collations ou des matches restent inchangés. Les joueurs musulmans sont priés de reporter leurs jours de jeûne en dehors des stages internationaux.

Ce cadre général « a été transmis – sous forme orale plutôt qu’écrite – aux différents sélectionneurs des équipes de France ces dernières semaines », explique le média sportif. Et cela concerne les moins de 17 ans, les moins de 19 ans, les moins de 20 ans, les moins de 23 ans ou A.

Traduction : « Alors que tous les autres pays arrangent leurs joueurs pour le Ramadan, la Fédération française de football vient d’interdire le Ramadan aux footballeurs en France. La laïcité en France, c’est, selon la loi, le droit de pratiquer une religion, cette décision est donc de l’islamophobie pure et simple menée par l’État. »

Dans ce contexte, selon BFM-RMC Sport, Mahamadou Diawara, jeune milieu de l’Olympique lyonnais (OL), a d’abord été appelé en équipe de France U19, avant d’être finalement remplacé par le Nantais Dehmaine Tabibou Assoumani, sans communication de la Fédération. 

« Mais que s’est-il passé en coulisses ? Mahamadou Diawara, comme d’autres joueurs, a été mis au courant des nouvelles consignes de la FFF concernant le jeûne en sélection et a préféré passer son chemin. Il a donc été retiré de la liste », précise le média.

L’an dernier, la décision de la FFF d’instruire les arbitres pour qu’ils ne permettent plus de rupture du jeûne pendant les matches avait suscité en France une vive polémique.

« En 2023, on peut arrêter un match vingt minutes pour des décisions, mais pas une minute pour boire de l’eau », avait commenté sur les réseaux sociaux Lucas Digne, le latéral français du club de foot anglais Aston Villa.

En Angleterre mais aussi en Allemagne, des pauses sont tolérées pour permettre aux joueurs musulmans de rompre le jeûne.

« Certains joueurs de l’équipe de France Espoirs de confession musulmane avaient annoncé leur volonté de jeûner durant la période du Ramadan, repoussant la règle officieuse, fixée en A, privilégiant un report des jours de jeûnes en dehors des dates de stage », rappelle L’Équipe.

« On doit respecter un cadre »

« Je suis à la tête d’une fédération qui a des statuts, et l’article 1 veille au respect du principe de neutralité, c’est-à-dire de faire en sorte que la religion n’interfère pas sur le sportif. On a été attaqué pour ça par des collectifs et il se trouve que le Conseil d’État nous a donné raison, confirmant le bien-fondé de notre démarche », s’est défendu Philippe Diallo, président de la FFF ce jeudi 21 mars dans Le Figaro.

En juin 2023, le Conseil d’État, à la lecture de ces mêmes textes, avait validé l’interdiction du port du hijab en match malgré un avis contraire du rapporteur public. « Une décision adaptée et proportionnée », avait jugé la plus haute juridiction française. 

« Vis-à-vis des sélections, j’ai réaffirmé que c’est dans ce cadre de neutralité que nos sélections fonctionnent concrètement, ça veut dire que nous ne modifions pas les conditions d’exercice de nos sélections pour des critères religieux », a poursuivi le président de la FFF.

« Ce message, je l’ai passé à toutes les sélections et je souhaite qu’il soit respecté. Ce qui est le cas jusqu’à présent, avec ce principe, reconnu y compris par les autorités religieuses, qui consiste à dire que lorsque vous êtes en sélection nationale et en compétition, il est possible de décaler votre pratique. Donc il n’y a dans mon approche aucune stigmatisation de qui que ce soit, il y a un respect absolu des convictions de chacun. Mais quand on est en équipe de France, on doit respecter un cadre. »

Le site algérien de foot fennecfootball.com commente : « Cette décision a soulevé des questions sur le respect des libertés religieuses et des droits des joueurs. De nombreuses critiques dénoncent une politique discriminatoire qui marginalise les joueurs musulmans et les empêche de représenter leur pays en raison de leur observance religieuse légitime. »

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