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Mort de Nahel : après une nuit d’émeutes, Macron convoque une cellule de crise

Après de nouvelles violences nocturnes dans plusieurs villes de France, déclenchées par la mort de Nahel, le gouvernement se réunit en cellule de crise pendant que la classe politique se déchire
Poubelles, voitures et mobilier urbain incendiés, tirs de gaz lacrymogènes : autour de Paris mais aussi dans d’autres villes de France, plusieurs centaines de jeunes émeutiers ont affronté dans la nuit de mercredi à jeudi la police à coups de pétards et de feux d’artifice (AFP/Geoffroy Van der Hasselt)
Poubelles, voitures et mobilier urbain incendiés, tirs de gaz lacrymogènes : autour de Paris mais aussi dans d’autres villes de France, plusieurs centaines de jeunes émeutiers ont affronté dans la nuit de mercredi à jeudi la police à coups de pétards et de feux d’artifice (AFP/Geoffroy Van der Hasselt)

Le président français Emmanuel Macron a convoqué jeudi matin une cellule interministérielle de crise après de nouvelles violences nocturnes déclenchées par la mort de Nahel, l’adolescent tué par un policier après un refus d’obtempérer.

Il a dénoncé jeudi « des scènes de violences » contre « les institutions et la République » qui sont « injustifiables ».

« Des mairies, écoles et commissariats » ont été « incendiés ou attaqués », a dénoncé le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin sur son compte Twitter, qualifiant d’« insupportables » ces violences contre « des symboles de la République ». « Honte à ceux qui n’ont pas appelé au calme », a-t-il ajouté, précisant que 150 personnes avaient été interpellées pendant la nuit.

Avant 22 h et le coucher du soleil, la situation était calme sur Nanterre. Hommes et femmes de tous âges circulaient tranquillement en tenue d’apparat pour la fête musulmane de l’Aïd al-Adha avant d’être remplacés à la tombée de la nuit par des jeunes vêtus de noir, le visage caché sous une cagoule ou une écharpe.

C’est dans le quartier du Vieux-Pont, dans l’ouest de la ville, que les premières échauffourées ont éclaté, au moins deux voitures étant incendiées avant un rapide retour au calme.

Mais le cœur des émeutes se trouvait dans le quartier Pablo-Picasso (est), un ensemble de ruelles sinueuses s’entrelaçant autour des célèbres « tours Nuage », immeubles des années 1970 mêlant arrondis et lignes droites conçus par l’architecte français Émile Aillaud.

Jusqu’à tard dans la nuit de mercredi à jeudi, des centaines d’émeutiers ont de nouveau affronté les forces de l’ordre, les heurts se propageant autour de la capitale mais aussi à d’autres grandes villes.

Des heurts ont aussi éclaté dans le quartier du Mirail à Toulouse, où plusieurs véhicules ont été incendiés et des policiers et pompiers ont reçu des jets de projectiles, à Dijon, à Lyon et dans son agglomération, comme à Vénissieux, Bron, Villeurbanne et Vaulx-en-Velin. Des incidents ont aussi été signalés à Roubaix, Amiens, Nice, Saint-Étienne, Lille et Rennes.

Le policier passible d’« éventuelles poursuites judiciaires »

Le policier qui a tiré, placé en garde a vue, a été interrogé par l’Inspection générale de la police nationale (IGPN, la police des polices) dans le cadre d’une enquête pour homicide volontaire ouverte par le parquet de Nanterre.

« La perspective d’une ouverture d’information judiciaire est envisagée », selon le parquet. Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, envisage des sanctions administratives en plus d’éventuelles poursuites judiciaires. « En aucun cas, un geste comme celui que l’on a vu, si jamais l’enquête devait confirmer les vidéos, ne se justifie », expliquait le ministre mercredi matin depuis la préfecture de police. « Ces gestes ne sont absolument pas conformes aux instructions et à la loi de la République. »

En fin de matinée, le parquet a retenu la mise en détention provisoire de l’auteur du tir. « Les conditions légales d’usage de l’arme n’étaient pas réunies », a déclaré le procureur de la République.

À l’issue de sa garde à vue, ce motard de 38 ans sera présenté à un juge d’instruction qui peut décider de l’inculper pour « homicide volontaire ».

Attaqué sur le nombre de violences en augmentation – l’an dernier, treize décès ont été enregistrés en France après des refus d’obtempérer lors de contrôles routiers, un nombre record attribué par les autorités à des comportements plus dangereux au volant, tandis que d’autres voix incriminent une loi de 2017 ayant assoupli les conditions d’usage de leur arme par les policiers –, le gouvernement s’est défendu par la voix d’Olivier Véran.

Le porte-parole du gouvernement a défendu sur BFM : « Ce n’est pas la République qui est en garde à vue, ce n’est pas la République qui a tué ce jeune homme. Ce n’est pas non plus la police de la République qui est responsable de cela. C’est un homme qui doit être jugé si la justice l’estime nécessaire. »

Pendant ce temps, la classe politique se déchire. 

« Les chiens de garde nous ordonnent d’appeler au calme. Nous appelons à la justice », a twitté Jean-Luc Mélenchon (France insoumise, extrême gauche).

« Cet homme, qui excuse les menaces de mort proférées à l’encontre d’un policier, qui appelle à l’insurrection depuis son salon, est un danger public », a réagi le président du Rassemblement national (RN, extrême droite) Jordan Bardella, alors que la vice-présidente de Reconquête (extrême droite), Marion Maréchal, a appelé à « la mise en place de l’état d’urgence » et d’un « couvre-feu ».

C’est aussi une demande du président des Républicains (droite) Éric Ciotti, qui a demandé jeudi que l’état d’urgence soit déclenché « sans délai ». « Les images d’émeutes cette nuit partout en France sont insupportables », a affirmé dans un communiqué le député des Alpes-Maritimes, selon qui « rien ne peut justifier ce déchaînement de violence ». 

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