Mort de Nahel : après une nuit d’émeutes, Macron convoque une cellule de crise
Le président français Emmanuel Macron a convoqué jeudi matin une cellule interministérielle de crise après de nouvelles violences nocturnes déclenchées par la mort de Nahel, l’adolescent tué par un policier après un refus d’obtempérer.
Il a dénoncé jeudi « des scènes de violences » contre « les institutions et la République » qui sont « injustifiables ».
« Des mairies, écoles et commissariats » ont été « incendiés ou attaqués », a dénoncé le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin sur son compte Twitter, qualifiant d’« insupportables » ces violences contre « des symboles de la République ». « Honte à ceux qui n’ont pas appelé au calme », a-t-il ajouté, précisant que 150 personnes avaient été interpellées pendant la nuit.
"La nuit a été extrêmement intense, avec de très nombreuses violences, dans de plus nombreux lieux que la première nuit."
— France Inter (@franceinter) June 29, 2023
Camille Chaize, porte-parole du ministère de l’Intérieur, fait le point sur les émeutes après la mort de Nahel à Nanterre, tué par un policier.#le7930inter pic.twitter.com/H77jwV3Znq
Avant 22 h et le coucher du soleil, la situation était calme sur Nanterre. Hommes et femmes de tous âges circulaient tranquillement en tenue d’apparat pour la fête musulmane de l’Aïd al-Adha avant d’être remplacés à la tombée de la nuit par des jeunes vêtus de noir, le visage caché sous une cagoule ou une écharpe.
C’est dans le quartier du Vieux-Pont, dans l’ouest de la ville, que les premières échauffourées ont éclaté, au moins deux voitures étant incendiées avant un rapide retour au calme.
Mais le cœur des émeutes se trouvait dans le quartier Pablo-Picasso (est), un ensemble de ruelles sinueuses s’entrelaçant autour des célèbres « tours Nuage », immeubles des années 1970 mêlant arrondis et lignes droites conçus par l’architecte français Émile Aillaud.
Jusqu’à tard dans la nuit de mercredi à jeudi, des centaines d’émeutiers ont de nouveau affronté les forces de l’ordre, les heurts se propageant autour de la capitale mais aussi à d’autres grandes villes.
Des heurts ont aussi éclaté dans le quartier du Mirail à Toulouse, où plusieurs véhicules ont été incendiés et des policiers et pompiers ont reçu des jets de projectiles, à Dijon, à Lyon et dans son agglomération, comme à Vénissieux, Bron, Villeurbanne et Vaulx-en-Velin. Des incidents ont aussi été signalés à Roubaix, Amiens, Nice, Saint-Étienne, Lille et Rennes.
Le policier passible d’« éventuelles poursuites judiciaires »
Le policier qui a tiré, placé en garde a vue, a été interrogé par l’Inspection générale de la police nationale (IGPN, la police des polices) dans le cadre d’une enquête pour homicide volontaire ouverte par le parquet de Nanterre.
« La perspective d’une ouverture d’information judiciaire est envisagée », selon le parquet. Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, envisage des sanctions administratives en plus d’éventuelles poursuites judiciaires. « En aucun cas, un geste comme celui que l’on a vu, si jamais l’enquête devait confirmer les vidéos, ne se justifie », expliquait le ministre mercredi matin depuis la préfecture de police. « Ces gestes ne sont absolument pas conformes aux instructions et à la loi de la République. »
En fin de matinée, le parquet a retenu la mise en détention provisoire de l’auteur du tir. « Les conditions légales d’usage de l’arme n’étaient pas réunies », a déclaré le procureur de la République.
À l’issue de sa garde à vue, ce motard de 38 ans sera présenté à un juge d’instruction qui peut décider de l’inculper pour « homicide volontaire ».
🗣 "Le parquet considère que les conditions légales de l’usage de l’arme ne sont pas réunies."
— franceinfo (@franceinfo) June 29, 2023
Le policier auteur du tir ayant tué Nahel a été déféré et une information judiciaire a été ouverte pour homicide volontaire, annonce le procureur de la République de Nanterre. pic.twitter.com/zOSjJeUA5P
Attaqué sur le nombre de violences en augmentation – l’an dernier, treize décès ont été enregistrés en France après des refus d’obtempérer lors de contrôles routiers, un nombre record attribué par les autorités à des comportements plus dangereux au volant, tandis que d’autres voix incriminent une loi de 2017 ayant assoupli les conditions d’usage de leur arme par les policiers –, le gouvernement s’est défendu par la voix d’Olivier Véran.
Violences policières : le chiffre qui tue.
— Fabrice Arfi (@fabricearfi) June 28, 2023
Pourquoi la statistique aide à y voir plus clair après la mort de Nahel.
Le dossier spécial de @Mediapart.
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Le porte-parole du gouvernement a défendu sur BFM : « Ce n’est pas la République qui est en garde à vue, ce n’est pas la République qui a tué ce jeune homme. Ce n’est pas non plus la police de la République qui est responsable de cela. C’est un homme qui doit être jugé si la justice l’estime nécessaire. »
Olivier Véran (@olivierveran): "Ce n'est pas la République qui est en garde à vue, ce n'est pas la République qui a tué ce jeune homme" pic.twitter.com/7upQw6EDAQ
— BFMTV (@BFMTV) June 29, 2023
Pendant ce temps, la classe politique se déchire.
« Les chiens de garde nous ordonnent d’appeler au calme. Nous appelons à la justice », a twitté Jean-Luc Mélenchon (France insoumise, extrême gauche).
Les chiens de garde nous ordonnent d'appeler au calme. Nous appelons à la justice. Retirez l'action judiciaire contre le pauvre Nahel. Suspendez le policier meurtrier et son complice qui lui a ordonné de tirer. Foutez la paix à l'ambulancier.
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) June 28, 2023
« Cet homme, qui excuse les menaces de mort proférées à l’encontre d’un policier, qui appelle à l’insurrection depuis son salon, est un danger public », a réagi le président du Rassemblement national (RN, extrême droite) Jordan Bardella, alors que la vice-présidente de Reconquête (extrême droite), Marion Maréchal, a appelé à « la mise en place de l’état d’urgence » et d’un « couvre-feu ».
C’est aussi une demande du président des Républicains (droite) Éric Ciotti, qui a demandé jeudi que l’état d’urgence soit déclenché « sans délai ». « Les images d’émeutes cette nuit partout en France sont insupportables », a affirmé dans un communiqué le député des Alpes-Maritimes, selon qui « rien ne peut justifier ce déchaînement de violence ».
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