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OAS, ce groupuscule français qui voulait « casser du nègre et de l’Arabe », devant la justice

Le groupuscule d’ultradroite, démantelé en 2017, prévoyait des actions violentes, notamment d’attenter à la vie d’hommes politiques français
L’objectif de l’Organisation des armées sociales est de « lutter contre l’islamisation de la France » (AFP)
L’objectif de l’Organisation des armées sociales est de « lutter contre l’islamisation de la France » (AFP)
Par MEE

Depuis le mardi 21 septembre, comparaissent devant le tribunal correctionnel de Paris les six membres d’un groupe d’ultradroite, l’Organisation des armées sociales (OAS), poursuivis notamment pour « association de malfaiteurs terroriste criminelle » et « apologie du terrorisme ».

Ce procès, selon le quotidien Le Monde, « met en lumière la montée en puissance d’une droite extrême prête à franchir le pas de la violence ».

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Le groupuscule, dont le sigle rappelle l’Organisation de l’armée secrète des irréductibles de l’Algérie française, qui fera de nombreuses victimes algériennes et françaises à la fin de la guerre d’indépendance algérienne, a été fondée courant 2006, rappelle le magazine Marianne.

L’objectif de l’Organisation des armées sociales est de « lutter contre l’islamisation de la France » et « enclencher la réimigration basée sur la terreur ». Les moyens ? Des actes de violence contre les « Arabes » et les « nègres », contre les restaurants indiens ou les kebabs.

L’organisation voulait aussi cibler des personnalités politiques comme l’ancien ministre de l’Intérieur Christophe Castaner ou Jean-Luc Mélenchon, le leader de la France insoumise.

Selon l’accusation, le groupuscule entendait « préparer physiquement, psychologiquement et matériellement des combattants […] dans les perspectives d’une guerre raciale imminente ».

« Rebeux, blacks, racailles, migrants, dealers, djihadistes, toi aussi tu rêves de tous les tuer ? Nous en avons fait le vœu, rejoins-nous » : tel était le mot d’ordre inscrit sur les tracts saisis par les enquêteurs. Sur d’autres tracts, un appel : « On recrute des chasseurs d’Arabes ».

Les neuf acolytes, âgés de 23 à 33 ans, s’organisaient comme un groupe clandestin qui prévoyait de financer ses opérations par du vol et du racket. Mais le groupuscule est démantelé en juin 2017 avec l’arrestation de son chef, Logan Nisin.

Admirateur d’Anders Behring Breivik 

« Logan Nisin est chaudronnier, vit à Vitrolles [Bouches-du-Rhône] chez sa mère et est déjà fiché S pour son appartenance à divers mouvements d’ultradroite », rapporte le quotidien 20 Minutes.

Le jeune Logan Nisin avait rejoint plusieurs organisations d’ultradroite, comme le Mouvement populaire pour une nouvelle aurore (MPNA) ou l’organisation royaliste Action française. Il était également animateur d’un groupe sur Facebook à la gloire d’Anders Behring Breivik, auteur néonazi de la tuerie qui a fait 77 morts en Norvège en 2011.

Les autres membres du groupuscule, selon Le Monde, ont fréquenté d’autres mouvements du genre, comme la Dissidence française ou le Parti de la France, et l’un d’eux avait animé un blog néonazi alors qu’il était âgé de 14 ans. Un autre a déjà été condamné pour des tags antisémites.

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Devant les juges, raconte France Inter, Logan Nisin qui a passé quatre ans en détention préventive, explique ses motivations par « les regards de travers » quand il rentre chez lui, « le vomi et les préservatifs usagés dans le hall de son immeuble », le « harcèlement » subi à l’école. Tous ces méfaits, dit-il, ont des auteurs « maghrébins ».

« Ce sont des choses qui ont pu me rendre xénophobe », déclare-t-il à la juge. Aujourd’hui, il assure avoir changé après avoir fréquenté des musulmans en détention. « J’ai essentialisé par ignorance. »

Et quand la magistrate lui fait remarquer le caractère xénophobe d’autocollants (avec l’inscription « ARAB » pour « all racailles all bastards », autrement dit « toutes les racailles sont des bâtards »), chez l’un de ses complices, Logan Nisin répond : « Tout le monde a tenu des propos xénophobes. J’en ai tenu. Tous les accusés en ont tenu. Mais à l’extrême droite tout le monde tient des propos xénophobes qui incitent à la haine envers les Africains, les musulmans ou les Maghrébins. Mais tout le monde le sait ! ».  

Le procès doit durer deux semaines. 

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