France : la droite et la gauche se déchirent sur l’affaire Salimata
La gauche et la droite française s’affrontent à nouveau sur les réseaux sociaux sur un de leurs sujets favoris : le port du voile.
Au milieu : Salimata Sylla, 25 ans, joueuse de basket en Nationale 3 dans le club d’Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis.
Début janvier, alors qu’elle s’apprête à commencer un match, son coach la prévient que l’arbitre ne l’autorisera pas à entrer sur le terrain.
Dans une vidéo publiée par Le Parisien, la sportive, qui joue depuis dix ans en championnat de France, raconte : « Aujourd’hui, on m’empêche de jouer en compétition parce que je porte un couvre-chef alors même qu’il est homologué. »
L’arbitre invoque l’article 4 du règlement de la Fédération française de basket selon lequel les « accessoires couvrant la tête […] sont considérés par la Fédération comme ‘’inappropriés au jeu’’ et sont donc interdits ».
Sur les réseaux sociaux, l’extrême droite, qui a déterré des publications Facebook de la joueuse partageant des posts de l’association caritative BarakaCity, (dissoute fin octobre par le gouvernement et dont le président Idriss Sihamedi a été condamné en septembre 2002 pour harcèlement à l’encontre d’un chroniqueuse de la radio RMC), a aussi attaqué Merwane Mehadji, le journaliste du Parisien ayant réalisé la vidéo avec Salimata Sylla, l’accusant d’être « un Frère musulman », d’avoir « travaillé au Qatar » ou d’être un « journaliste communautariste ».
Solidarité totale avec Salimata Sylla. Ce qu'elle met ou non sur sa tête ne devrait regarder qu'elle, d'autant que son voile est homologué par des instances sportives internationales. https://t.co/BR5TD3ZKNi
— Laurent Bonardi 🇸🇳 (@LaurentBonardi) January 29, 2023
6/Aujourd’hui @MerwaneMeh est victime de harcèlement sur les réseaux suite à son article sur Salimata Sylla. Les fachos découvrent que des musulmans peuvent bosser au Parisien…. Sachez, les trollolos, qu’il y a aussi des juifs et des chrétiens, des gays et des lesbiennes…
— Nathalie Olivier (@nolivier14) January 28, 2023
Alors qu’Éric Ciotti, président des Républicains (droite), a affiché sur Twitter son « soutien à la Fédération française de basket-ball qui n’a pas cédé », Bastien Lachaud, député de La France insoumise (gauche radicale), s’est interrogé : « Qui peut croire œuvrer à l’émancipation en excluant et discriminant une jeune femme qui ne demande qu’à pratiquer paisiblement son sport comme tout le monde ? »
L’humiliation et l’exclusion n’ont pas leur place dans le sport et dans la société en général ! Total soutien à Salimata mais aussi à toutes les femmes sportives. Honte à ceux qui entachent les valeurs de solidarité et d’inclusion sociale dans le sport ! https://t.co/WG0Frc4mTu
— Azzédine TAÏBI (@AzzedineTAIBI) January 28, 2023
Cette #Salimata joue le rôle de victime.
— Ch.LECHEVALIER (@ChLECHEVALIER) January 29, 2023
En réalité, elle est à l'attaque, en plein #djihad même !!
Si elle n'est pas contente, qu'elle aille voir si Maroc ou Arabie Saoudite accueillent mieux ses provocations !
Et qu'elle emmène @le_Parisien !!... https://t.co/0KO9jiI4BM
Sébastien Marie-Sainte, président du club de basket d’Aubervilliers, estime qu’il s’agit davantage d’une « chasse aux sorcières » que d’un « cas isolé ».
« Il y a une recrudescence de faits similaires recensés un peu partout en France », témoigne-t-il dans la vidéo du Parisien.
Dans un e-mail datant de décembre 2022 que s’est procuré le journal, la Fédération française de basket demande aux arbitres de « refuser » les joueuses portant un « bandana, bonnet ou voile ».
Alors que la France va accueillir les Jeux olympiques dans un an, Salimata Sylla confie avoir « l’impression d’être exclue ».
« Une partie des femmes et des jeunes filles qui ont juste envie de jouer au basket ne pourront pas jouer […] et ça c’est le plus triste. »
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