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Gaza : la vidéo virale d’un ambulancier palestinien en larmes

Alors que l’OMS a demandé l’ouverture d’un couloir humanitaire, l’armée israélienne a pris pour cible des ambulances et des équipes médicales à Gaza
Un enfant regarde une ambulance détruite garée dans une rue de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 11 octobre 2023 (AFP/Said Khatib)
Un enfant regarde une ambulance détruite garée dans une rue de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 11 octobre 2023 (AFP/Said Khatib)
Par MEE

Un gyrophare rouge qui tourne dans la nuit. Des cris. Des secours au travail. Et au volant d’une ambulance, un Palestinien du Croissant-Rouge qui sanglote.

En quelques heures, la vidéo, filmée à Gaza, est devenue virale sur X, où les internautes disent avoir le cœur brisé pour ce secouriste désemparé.

Dans la bande de Gaza, pilonnée depuis cinq jours par l’armée israélienne, et où le bilan a dépassé le millier de morts, les secours et les structures de santé sont complètement dépassées par l’ampleur des dégâts humains.

« Je travaille depuis des années et je n’ai jamais rien vu de tel de ma vie. Les gens sont ici depuis cinq jours et nous ne pouvons pas faire face au nombre », a témoigné le directeur du plus grand hôpital de Gaza, l’hôpital al-Chifa, à Al Jazeera Arabic.

« Chaque minute, nous perdons des gens et nous voyons des patients blessés que nous sommes incapables d’aider… Les hôpitaux ne peuvent plus être appelés hôpitaux, ils ont été transformés en cimetières publics. »

Israël a coupé l’électricité au territoire assiégé depuis plusieurs jours et le seul générateur électrique de Gaza s’est arrêté.

Les médecins s’inquiètent de l’impact humanitaire de cette situation, de la propagation des maladies à l’incapacité des médecins à traiter les patients. Ils ont averti que le siège de Gaza pourrait entraîner une grave crise sanitaire, car les gens ont passé six jours sans eau potable.

Le ministère palestinien de la Santé affirme que quatorze installations médicales ont été détruites lors des bombardements depuis samedi. L’hôpital de Beit Hanoun a cessé complètement de fonctionner.

L’armée israélienne a par ailleurs pris pour cible des ambulances et des équipes médicales à Gaza, a rapporté Maha Hussaini, correspondante de Middle East Eye à Gaza.

Traduction : « Israël a autorisé les équipes du Croissant-Rouge à pénétrer dans une zone ciblée pour récupérer les corps des victimes et évacuer les blessés. Ils se sont rendus sur place. Ils ont été bombardés. »

Le ministère de la Santé a aussi annoncé que quatre secouristes avaient été tués mercredi dans une frappe aérienne israélienne qui a visé une ambulance à Gaza.

Traduction : « Les secouristes ne sont pas une cible. »

« On est dans le schéma de l’horreur », témoigne à France 24 Olivier Routeau, directeur des opérations de l’ONG Première urgence, qui travaille depuis plus de quinze ans dans la bande de Gaza.

L’humanitaire souligne qu’il n’est pas évident d’accéder à l’hôpital al-Chifa puisque l’armé israélienne a bombardé les axes permettant de s’y rendre. « On estime à quatre jours l’autonomie de cet hôpital et un hôpital sans électricité, c’est une incapacité à soigner, un morgue qui ne fonctionne plus, un hôpital qui n’acceptera plus les corps. »

Dans les faits, les morgues de la bande de Gaza ne sont plus en mesure de prendre de nouveaux corps. Les Gazaouis doivent maintenant laisser les corps de leurs proches dans les rues.

Traduction : « Des corps gisent devant l’hôpital al-Chifa, la morgue étant pleine et les bombardements empêchent l’organisation de funérailles. »

Les chambres froides ont également cessé de fonctionner parce qu’Israël a coupé l’électricité lundi.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a demandé mardi l’ouverture d’un couloir humanitaire vers la bande de Gaza.

« Un couloir humanitaire est nécessaire pour acheminer les fournitures médicales essentielles aux populations », a déclaré un porte-parole de l’OMS lors d’un briefing de l’ONU à Genève, précisant que l’organisation était en pourparlers avec les différentes parties.

Traduction : « Les hôpitaux de Gaza peinent à faire face à l’afflux de victimes. L’OMS a livré des fournitures de traumatologie et de chirurgie pour traiter 500 personnes gravement blessées. Plus de fournitures sont urgemment nécessaires. L’OMS demande la création d’un couloir humanitaire pour assurer la fourniture de soins de santé essentiels. »

« Nous avons besoin de ces fournitures. Les hôpitaux ne peuvent pas fonctionner sans carburant, sans électricité. Les fournitures que nous avons prépositionnées sont déjà à un bas niveau, nous avons donc besoin que ces fournitures arrivent », a insisté ce responsable. 

Les Nations unies ont rappelé que « l’imposition de sièges qui mettent en danger la vie des civils en les privant de biens essentiels à leur survie est interdite par le droit international humanitaire ».

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