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Guerre contre Gaza : l’armée israélienne frappe Rafah et ordonne à certains habitants de partir

L’armée israélienne, qui prépare une offensive d’ampleur contre Rafah, a entamé lundi 6 mai l’évacuation de 100 000 Palestiniens installés à l’est de la ville
Des Palestiniens déplacés à Rafah à la suite d’un ordre d’évacuation de l’armée israélienne le 6 mai 2024 (AFP)

L’armée israélienne a lourdement bombardé Rafah tôt lundi 6 mai avant d’ordonner aux habitants de quitter certaines parties de la ville frontalière avant une attaque terrestre annoncée.

Au moins 22 Palestiniens, dont huit enfants, ont été tués dans des frappes aériennes qui ont touché onze maisons à Rafah, selon l’agence de presse palestinienne Wafa.

L’armée israélienne, qui prépare une offensive d’ampleur contre Rafah, a entamé lundi 6 mai une « opération d’ampleur limitée » visant à faire évacuer « temporairement » des dizaines de milliers de familles palestiniennes installées dans l’est de cette ville de la bande de Gaza, les appelant à rejoindre des « zones humanitaires ».

Traduction : « Une invasion militaire à Rafah serait CATASTROPHIQUE. Près d’1,3 million de personnes, dont au moins un demi-million d’enfants, s’entassent désormais dans cette petite ville de Gaza. Il ne peut plus y avoir d’‘’évacuations’’. Il n’y a aucun endroit sûr où aller. Il doit y avoir un cessez-le-feu maintenant. »

Selon des habitants, des tracts largués sur les quartiers-est de Rafah dans la matinée avertissent que « l’armée israélienne s’apprête à agir avec force contre les organisations terroristes » et que quiconque reste « dans la zone met en danger sa vie et celles de sa famille ».

« Pour votre sécurité, l’armée israélienne vous demande d’évacuer immédiatement vers la zone humanitaire élargie d’al-Mawasi », à une dizaine de kilomètres de Rafah, est-il indiqué. 

« Le processus d’évacuation a commencé sur le terrain, de façon limitée. Les habitants évacuent dans la terreur et la panique », a déclaré à l’AFP Ossama al-Kahlout, un responsable du Croissant-Rouge palestinien dans l’est de Rafah, précisant que les zones désignées à évacuer abritaient environ 250 000 personnes, dont de nombreuses personnes déjà déplacées depuis d’autres zones de la bande de Gaza.

Nuit d’angoisse

« C’est une opération d’ampleur limitée », a insisté un porte-parole militaire, estimant à « environ 100 000 » le nombre de personnes concernées.

Les habitants seront aussi informés par SMS, appels téléphoniques et messages en arabe relayés par les médias, selon ce porte-parole qui a précisé qu’ont été installés dans la « zone humanitaire élargie » entre autres « des hôpitaux de campagne, des tentes et un volume croissant de nourriture, d’eau, de médicaments et autres ».

Cette opération « fait partie de nos plans de démantèlement du Hamas » dont « nous avons eu un rappel violent de la présence et de la capacité opérationnelle à Rafah hier », a-t-il souligné.

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Dimanche 5 mai, selon l’armée, quatre soldats israéliens ont été tués et douze blessés par des roquettes tirées depuis l’est de Rafah autour du point de passage de Kerem Shalom, entre Israël et la bande de Gaza.

Les tirs ont été revendiqués par les brigades Ezzedine al-Qassam, la branche armée du Hamas.

Un couple de Rafah a indiqué à l’AFP avoir appris la nouvelle de l’évacuation à son réveil, après une nuit d’angoisse rythmée par une dizaine de frappes israéliennes. Des habitants préparent leurs affaires, sous une pluie abondante qui inonde les tentes.

« Tous ceux résidant dans les zones désignées évacuent leurs maisons », a indiqué à l’AFP un habitant souhaitant garder l’anonymat », dont la sœur vit dans un quartier concerné.

« Ma famille et moi, treize personnes, ne savons pas où aller », a déclaré à l’AFP Abdul Rahman Abu Jazar, 36 ans, habitant d’un quartier à évacuer : les « zones humanitaires » indiquées par l’armée israéliennes sont déjà « surpeuplées », sans « place pour planter des tentes ou écoles où nous abriter ».

« Il n’y aucun hôpital dans cette zone », poursuit-il, « la femme de mon oncle suit un traitement rénal » dans un hôpital de Rafah, situé dans une zone à évacuer, « comment va-t-on faire avec elle? Attendre qu’elle meure et regarder sans pouvoir rien faire ? »

Selon l’ONU, environ 1,2 million d’habitants, en majorité poussés là par les combats, s’entassent dans Rafah, localité de la lisière sud de la bande de Gaza.

Craignant un bain de sang parmi les civils, des capitales et organisations internationales s’opposent à l’opération annoncée d’Israël qui affirme indispensable que ses troupes entrent dans Rafah pour y anéantir les derniers bataillons du Hamas.

Depuis le 7 octobre, l’offensive militaire israélienne sur la bande de Gaza a fait près de 34 700 morts, majoritairement des civils, selon les dernières données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza.

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