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« Il y a des cadavres partout et personne pour les ramasser » : Gaza après une nouvelle nuit de bombardements

L’armée israélienne a largué 100 bombes sur le quartier en deux heures mardi soir alors que des gens étaient chez eux, ont affirmé des témoins oculaires
Un Palestinien porte le corps d’un enfant tué lors des frappes israéliennes, dans le camp de réfugiés de Jabaliya, au nord de la bande de Gaza, le 9 octobre 2023 (Reuters)
Un Palestinien porte le corps d’un enfant tué lors des frappes israéliennes, dans le camp de réfugiés de Jabaliya, au nord de la bande de Gaza, le 9 octobre 2023 (Reuters)
Par MEE

De dizaines de bâtiments, une école et le bureau de l’agence de l’ONU pour les réfugiés (UNRWA) détruits : ce mercredi matin, les images diffusées par Al Jazeera montrent que les frappes israéliennes sur la bande de Gaza se poursuivent, quatre jour après l’offensive menée par le Hamas.

Traduction : « Les Palestiniens récupèrent les corps des membres de leurs familles ensevelis sous les décombres après les frappes de roquettes israéliennes sur les zones résidentielles de Gaza mardi. Ziad Musleh a perdu quatre de ses enfants ainsi que leurs épouses et enfants lorsqu’une roquette a frappé l’immeuble où ils résidaient. »

Des avions ont notamment bombardé l’Université islamique.

Traduction : « Les frappes aériennes israéliennes ont réduit en ruines l’Université islamique, la plus grande université de la bande de Gaza, qui accueille des dizaines de milliers d’étudiants, ainsi que le quartier de Rimal, la zone commerciale et résidentielle la plus vitale, au cœur de la ville de Gaza. Tous deux réduits en ruines par les frappes aériennes israéliennes. »

Mohammed al-Hajjar, un des correspondants de Middle East Eye rapporte que mardi soir, de 20 h à 22 h, des frappes ont complètement détruit les routes menant au quartier d’Al Karama, composé de plusieurs tours résidentielles abritant des centaines de familles, empêchant ainsi les secouristes d’atteindre les blessés.

L’armée israélienne a largué 100 bombes sur le quartier en deux heures mardi soir alors que des gens étaient chez eux, ont affirmé des témoins oculaires.

 Un Palestinien pleure sur le corps d’un enfant de la famille al-Agha, tué lors des frappes israéliennes, à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 11 octobre 2023 (Reuters)
Un Palestinien pleure sur le corps d’un enfant de la famille al-Agha, tué lors des frappes israéliennes, à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 11 octobre 2023 (Reuters)

Ce mercredi matin, les corps des victimes sont toujours éparpillés et les blessés n’ont pas encore été évacués vers les hôpitaux, témoigne notre correspondant. « Il y a des cadavres partout et personne pour les ramasser. »

« C’était un bombardement odieux, indiscriminé et sans avertissement », précise à MEE Abdelaziz Helo, un résident qui a survécu au bombardement. 

Phosphore blanc

« Les gens étaient chez eux quand les bombes ont commencé à pleuvoir sans discontinuer sur la zone. Cela l’a transformée en un bloc de flammes. Aucune femme, aucun enfant, aucun homme, n’a pu bouger ou quitter la zone », assure-t-il.

« Nous allions de porte en porte à la recherche les uns des autres. Je ne pouvais pas reconnaître mes propres enfants à cause de la fumée et du sang qui nous couvraient. »

Selon les premiers reportages, au cours de cette attaque, l’armée aurait utilisé des armes thermobariques (qui combine des effets thermiques, d’onde de choc et de dépression) et du phosphore blanc. MEE n’a pas pu vérifier cette information.

Dans des rapports précédents, Human Rights Watch a déclaré qu’Israël avait utilisé du phosphore blanc dans plusieurs guerres, notamment dans la bande de Gaza.

Traduction : « L’artillerie et des avions de guerre israéliens utilisent du phosphore blanc, une substance interdite au niveau international, détruisant le quartier d’Al Karama, au nord-ouest de Gaza, au cours d’une série continue de frappes aériennes. Il y a des victimes et des blessés, les ambulances et les véhicules de la défense civile ne peuvent pas atteindre la zone en raison de l’intensité des frappes aériennes et de la destruction des routes principales. »

Avant l’attaque, les habitants du quartier avaient perdu la connexion internet et tout contact avec le monde extérieur. Ils manquaient également d’eau et de nourriture.

« C’est un massacre et [Israël] visait [délibérément] les civils : il n’y a pas la moindre trace de matériel ou d’activité militaire ici. Ils [les Israéliens] ne nous ont pas envoyé de messages au préalable », ajoute Abdelaziz Helo.

Funérailles des membres de la famille al-Agha, tués lors des frappes israéliennes, à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 11 octobre 2023 (Reuters)
Funérailles des membres de la famille al-Agha, tués lors des frappes israéliennes, à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 11 octobre 2023 (Reuters)

« Nous avions dit à des proches d’autres régions de venir chez nous car le quartier était considéré comme une zone sûre. Nous ne nous attendions pas à ce qu’il soit bombardé comme ça. L’occupation a échoué contre les combattants de la résistance, alors maintenant ils ciblent des personnes innocentes – les personnes âgées, les femmes, les enfants – pour se venger. Dans le but de détruire et rien d’autre. C’est une punition collective. »

Côté palestinien, 974 personnes sont mortes et près de 5 000 ont été blessées, selon les autorités locales. Le Hamas a annoncé que deux de ses hauts responsables avaient été tués par des frappes israéliennes.

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