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Guerre à Gaza : une campagne de « résistance fiscale » lancée au Royaume-Uni contre la complicité du gouvernement

« No Tax for Genocide » fait valoir l’obligation légale, en vertu du droit national et international, d’empêcher la commission d’un génocide – y compris en s’abstenant de payer ses impôts
Des manifestants pro-palestiniens brandissent des drapeaux palestiniens et des pancartes lors d’une manifestation sur la place du Parlement à Londres, le 21 février 2024 (Henry Nicholls/AFP)

Une nouvelle campagne a été lancée au Royaume-Uni pour encourager les citoyens et les entreprises à ne pas payer leurs impôts, et accusant l’État d’être complice du génocide présumé à Gaza.

Les militants de la campagne « No Tax for Genocide » (pas d’impôt pour le génocide) soutiennent qu’en vertu du droit international et national, les citoyens britanniques risquent d’être complices d’un génocide en payant leurs impôts et qu’ils ont le droit légal de ne pas les payer tant que le gouvernement apportera son soutien à Israël.

Ashish Prashar, cofondateur et porte-parole de la campagne, lancée jeudi, explique à Middle East Eye qu’il existe un certain nombre d’obligations légales, notamment la Charte des Nations unies de 1945, le Statut de Rome de la Cour pénale internationale et la loi sur le terrorisme de 2000, qui constituent une base juridique pour la « résistance fiscale ».

« À l’heure actuelle, vous commettez un crime en tant qu’individu en payant vos impôts », affirme-t-il.

« Vous soutenez et êtes complice d’un génocide. »

Ashish Prashar indique qu’au moins une entreprise britannique, qui a soutenu fermement la campagne israélienne à Gaza, a déjà refusé de payer l’impôt en invoquant la guerre à Gaza pour se justifier.

« À l’heure actuelle, vous commettez un crime en tant qu’individu en payant vos impôts. Vous soutenez et êtes complice d’un génocide »

- Ashish Prashar, militant

Il précise que les autorités fiscales britanniques ont donné à l’entreprise, qu’il ne nomme pas, une réponse relativement modérée dans une lettre qui, selon lui, « n’exigeait pas le paiement des impôts » de la part de l’entreprise.

Une fois lancé, le site internet de la campagne proposera des formulaires et des conseils pour simplifier la procédure de non-paiement des impôts.

Une fois les 100 000 signatures recueillies, les contribuables seront invités à notifier leurs autorités fiscales régionales et nationales et à commencer à refuser de s’acquitter de leurs impôts.

« Ils utilisent votre argent pour opposer leur veto aux cessez-le-feu, pour poursuivre ces atrocités, pour fournir une couverture politique », affirme Ashish Prashar.

« Vous avez élu ces individus, vous financez leur capacité à exercer leurs fonctions, vous êtes coupables. En tant que citoyens britanniques, voulez-vous être coupables ? »

MEE a contacté le ministère britannique de l’Intérieur pour obtenir un commentaire, mais n’avait pas obtenu de réponse au moment de la publication.

L’organisme gouvernemental britannique responsable de la collecte des impôts His Majesty’s Revenue and Customs (HMRC, « recettes et douanes de Sa Majesté ») a pour sa part renvoyé MEE vers les informations disponibles sur le site web du gouvernement concernant les conséquences du non-paiement des impôts.

Actes de génocide ?

L’assaut militaire israélien à Gaza a tué au moins 31 000 Palestiniens depuis le 7 octobre, tandis que le siège imposé au territoire enclavé a entraîné une famine massive. De nombreux experts ont qualifié ces actes de génocide.

À la suite d’une requête de l’Afrique du Sud, la Cour internationale de justice (CIJ) a rendu en janvier un arrêt provisoire exhortant Israël à prendre des mesures pour prévenir tout acte de génocide à Gaza.

La Cour n’a pas ordonné à Israël de mettre fin à ses opérations militaires à Gaza, l’une des principales demandes de l’Afrique du Sud, et n’a pas non plus statué immédiatement sur la question de savoir si Israël commettait un génocide. Elle s’est en revanche prononcée sur plusieurs mesures provisoires, votées à la grande majorité des dix-sept juges de la Cour.

« Abandonnés, une fois de plus » : pourquoi la Cour internationale de justice n’a pas ordonné un cessez-le-feu à Gaza 
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La CIJ a ordonné à Israël de prendre des mesures pour prévenir les actes relevant de l’article II de la convention sur le génocide, à savoir : tuer des membres d’un groupe particulier, leur infliger des atteintes graves à l’intégrité physique ou mentale, provoquer délibérément la destruction physique du groupe et imposer des mesures visant à entraver les naissances.

Pourtant, jusqu’à présent, Israël est accusé de ne pas respecter les mesures provisoires ordonnées par la CIJ, notamment en ne facilitant pas l’entrée de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza.

Les Nations unies et d’autres organisations humanitaires ont averti que Gaza était au bord de la famine, en raison des restrictions imposées par Israël à l’entrée de l’aide par les points de passage terrestres de l’enclave côtière.

Selon le ministère palestinien de la Santé, au moins 25 personnes sont mortes de faim, dont la plupart sont des enfants.

Traduit de l’anglais (original) par Imène Guiza.

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